Elle.

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J'ai rencontré une fille, un mardi soir, dans un bar sombre du centre-ville. Elle buvait seule son mojito, repoussant chaque homme venant s'asseoir près d'elle. J'étais de l'autre côté de la salle. Je l'observais. Elle m'intriguait. Elle était grande. Mince. Assez pâle. Elle était blonde. Elle avait un visage d'ange. Je ne sais pas depuis combien de temps elle était assise là, le regard dans le vide.

 A un moment, elle s'est levée. Elle est allée danser. Enfin, non. Elle est allée se laisser coller par des hommes qui me semblaient peu scrupuleux puis elle est revenue s'asseoir sur le tabouret qu'elle avait laissé quelques minutes plus tôt. 

J'ai rangé mon livre et mon carnet et je me suis installée à côté d'elle. Je voulais en apprendre plus sur elle. Elle était mannequin et aussi photographe. Elle me fixait, la bouche à peine entre-ouverte. Elle n'était pas très bavarde. Comme moi. 

Elle s'est penchée vers moi et a prononcé avec une telle délicatesse que j'en ai eue des frissons « Sortons ». Sans même avoir eu le temps de répondre, elle était déjà debout, devant moi. Son regard semblait me dire « Suis-moi. Si t'en es capable. ». Bien-sûr, je l'ai suivie. On a marché. 1 heure ou 2, je n'en sais rien. On a parlé, de tout et de rien comme de vieilles amies alors qu'on ne se doutait pas de l'existence de l'autre le matin même. C'était extrêmement agréable. L'air frais de la nuit contre mes joues, ces paroles qui rythmaient nos pas. Et puis son rire. Comme des notes de musique. Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi doux. Il n'était pas comme les autres. Elle n'était pas comme les autres.

 On s'est arrêtées au pied d'un immeuble du XIX° siècle sur les pentes de la ville. J'allais lui dire au revoir quand elle m'a arrêtée nette. « Monte. » Je ne saurais dire si elle me le demandait, me l'ordonnait ou me suppliait. 

Oublie-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant