Oublie-moi

Son Talent.

J'allais lui dire au revoir quand elle m'a arrêtée nette. « Monte. » Je ne saurais dire si elle me le demandait, me l'ordonnait ou me suppliait.

Evidemment je l'ai suivie. Je suis montée. Elle m'a emmenée au cinquième étage de ce petit immeuble. Je me souviens de chaque détail. Palier de gauche. Appartement 5B. Une porte en bois marron clair. Un paillasson inscrit simplement du mot « bonjour ». Un porte parapluie en métal avec un parapluie noir à pois blancs.

Elle a ouvert la porte et a disparu dans l'appartement presque aussi vite. Je suis rentrée, j'ai fermé la porte. Elle a allumé la lumière et j'ai découvert la décoration de son petit appartement.

Il y avait des photos de partout. Toutes aussi belles les unes que les autres. Elles étaient presque toutes en noir et blanc. Je les ai regardées une par une. Il y avait vraiment de tout : une pomme, un chat, des fleurs, un homme et une femme main dans la main, un enfant jouant au ballon mais une en particulier a retenu mon attention.

Le portrait d'une femme endormie, avec pour seul éclairage un rayon de soleil matinal. C'était la seule photo en couleur. C'était la seule photo dans un cadre. La femme était sur le ventre mais on voyait tout de même son visage. Elle était brune, le visage fin et était seulement recouverte d'un drap qui laissait voir son dos presque tout entier. A côté du lit, il y avait une table de chevet, en bois. Il y avait un bouquet de fleurs. Des pivoines.

« Les pivoines symbolisent la honte, le remord. Cette fille est mon ex-copine. Elle m'avait trompée. Elle était venue pour s'excuser. Je l'aimais encore et je suis retombée dans son jeu. Comme une enfant. »

Elle s'était approchée de moi sans que je l'entende. Je me suis retournée et l'ai fixée, l'air désolé. Elle m'a expliqué qu'elle a pris chacune de ces photos.

Comme elle était au dernier étage, elle avait accès au toit. Elle m'y a emmenée. C'était magnifique. J'avais l'impression de surplomber la ville toute entière. On y a passé le reste de notre nuit à parler de plein de choses mais surtout de nos amours perdues.