Son état d'âme.

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On est restées presque toute la soirée à cette exposition. Je l'ai raccompagnée chez elle et elle m'a forcée à rester.
On est montées sur le toit, on s'est enroulées dans une couverture. J'avais l'impression d'être dans un film. On rigolait, on chantait, on s'imaginait des vies. Comme des enfants.
Puis d'un seul coup, plus rien. On est restées là, cinq, dix, peut-être vingt minutes sans parler. Elle m'a pris la main, ce qui me fit sursauter. Elle brisa le silence et commença à se confier.
Elle m'a expliqué qu'elle était partie parce qu'elle avait eu peur. Qu'elle avait l'impression de s'être autant attachée à moi qu'à son ex-copine qui lui a fait énormément de mal. Elle avait besoin de retourner quelques temps chez sa mère, pour prendre du recul et réfléchir. Je lui ai expliqué que j'étais venue chez elle, que je l'avais appelée, que je lui avais envoyé des messages sans succès. Elle m'a répondu qu'elle avait laissé son téléphone dans son appartement pour que je ne puisse pas l'atteindre.
Elle s'est tu et s'est tournée vers moi.
« Jamais personne ne m'avait autant manqué. »
Elle a posé ses lèvres sur les miennes et a passé sa main dans mes cheveux. Elle pleurait. Je lui ai rendu son baisé.
On est redescendue à cause du froid de cette nuit d'hiver qui, malgré notre couverture, commençait à nous atteindre.
On a bu. Beaucoup bu. Et on a passé le reste de la nuit ensemble.
Lorsque je me suis réveillée le lendemain matin, le lit était vide. Un rayon de soleil éclairait la chambre. Il y avait des roses rouges sur la table de nuit en bois à côté de moi. J'étais à peine couverte d'un drap.
Elle était là, au-dessus de moi. Son appareil photo à la main. Je lui ai demandé si elle prenait en photo chacune des filles avec qui elle couche et elle m'a répondu « Non seulement celles qui comptent vraiment. »

Oublie-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant