Corset et Bottes de Cuir

Chapitre 1 : L'Éveil d'une Nudiste

Depuis quand les femmes à demi-nues tombaient-elles du ciel !?

Nathan se posait toujours la question lorsque, certain qu'il n'avait pas hérité d'une vilaine commotion, il observa la demoiselle. Car, effectivement, elle portait en tout et pour tout une petite culotte rose en dentelle, ce qui ne laissait pas la place à l'imagination. D'un autre côté, à sa décharge, elle pouvait être entièrement nue que ce ne serait pas son problème, pour l'instant !

— Hé... Hé ! s'exclama-t-il en lui tapotant la joue. Tout va bien ?

La petite brune impudique ne semblait pas décédée, c'était déjà un bon point. Toutefois, elle respirait à peine. Outre une estafilade courant le long de son épaule jusqu'au sommet de son sein, elle semblait plutôt en bonne santé. Une marque rouge ornait son front. Elle allait avoir une sacrée bosse, si un jour elle se réveillait.

— Madame ? Mademoiselle ? Heu...

Un peu perdu, Nathan se redressa, tout en regardant autour de lui. Le cerf était parti, les laissant seuls. Avec un soupir, il retira son long manteau de cuir rapiécé, pour la couvrir. Ce faisant, son regard accrocha un engin aux éclats cuivrés, un peu plus loin. Après avoir bordé l'inconnue, il alla voir de quoi il en retournait.

Son cœur parut se figer dans sa poitrine en reconnaissant l'objet. Il le ramassa délicatement, tout en jetant un coup d'œil au ciel.

Un P-315. Un pistolet utilisé par le royaume de Miflam. Uniquement à usage militaire, avec une portée de trente mètres. Il ouvrit le barillet, en sortit l'une des balles. Tête perforante. Faite pour transpercer les armures et les boucliers des ennemis.

Circonspect, il se tourna vers la jeune femme. Était-elle tombée en même temps que cette arme ? Auquel cas, était-ce son arme ? Ou était-ce celle d'un éventuel ennemi ? Et surtout, d'où pouvait-elle bien venir !? Même en fixant les cieux, il ne parvenait pas à distinguer le moindre vaisseau. C'était à n'y rien comprendre...

Nathan avisa de nouveau l'inconnue. Les sourcils froncés dans son sommeil, elle transpirait à présent à grosses gouttes. Inquiet, il posa une main sur son front. Elle était brûlante. Qu'est-ce que...

— Bon sang...

Résigné, il passa son arc en bandoulière, enveloppa la jeune femme plus étroitement dans son manteau, avant de la prendre en poids. Il veilla à ce que sa tête soit bien calée contre son épaule, afin de ne pas aggraver une éventuelle blessure. Puis, à défaut de revenir avec un cerf, il entreprit de marcher jusqu'à son village avec une anonyme.

L'oreille aux aguets, le pistolet glissé à la ceinture de cuir retenant son pantalon de toile grossière, il courut tout le long du trajet le pas leste, agile en dépit de la nuit désormais bien installée. Il n'y avait pas beaucoup de prédateurs dans la campagne, néanmoins, ce n'était pas la faune qui inquiétait le plus Nathan.

Avec la guerre qui régnait à dix kilomètres plus au sud, il craignait toujours de tomber sur des soldats du royaume ennemi. Parfois, il arrivait que, perdus, les fantassins remontent jusqu'à ces épaisses forêts. Affamés, sur les nerfs et souvent effrayés, ils représentaient le plus grand danger pour les habitants de Lunille. C'était le dernier village de Miflam avant le royaume de Brilois.

Par chance, rien ne sembla vouloir les attaquer. Se prendre une fille sur le coin de la tête semblait suffisant au destin, au moins pour cette nuit. En arrivant à Lunille, Nathan était transi. Il faisait terriblement froid à cette heure-ci.

Débloquant du bout du pied la porte de sa maison, une vieille masure faite de planches bringuebalantes, il déposa la jeune femme sur son canapé. Puis il jeta des bûches dans les braises de l'âtre afin de réchauffer l'atmosphère glaciale. Une minute plus tard, le feu avait pris.