Chapitre 1 : L'appel

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"Bip bip bip" Il est 6h45, l'heure de se lever. Je m'oblige à sortir de mon cocon tout chaud où j'étais si bien et enfile mes chaussons. Direction la salle de bain. Je me mouille le visage afin de paraître plus réveillée, puis me déshabille. Je regarde mon corps nu dans la glace et grimace. Mes cuisses sont énormes...Et mon ventre, n'en parlons pas. Je m'habille rapidement et vais déjeuner.
Maman m'a laissé une part de tarte au chocolat sur la table. Je l'enfourne dans ma bouche, savourant le goût intense du chocolat. Je jette un coup d'œil à l'horloge du salon ; 7h15. Je vais devoir aller en cours. Je prends mon sac, ma veste et quitte la maison.

Je marche une vingtaine de minutes puis arrive au bahut. Une fois dans la cours, je vois Alice qui me fait signe. Je la rejoins et nous parlons des cours, des professeurs, des devoirs et du spectacle de danse qui aura lieu à Noël. Alice, je l'adore. On se connaît depuis toutes petites et elle a toujours été là pour moi. C'est une fille formidable au grand cœur, à qui on ne peut rien cacher. Quand je vais mal, elle le devine tout de suite et je suis alors obligée de tout lui dire. Elle ne me laisse pas aller mal. Elle ne me laissera jamais aller mal. Elle sera toujours là pour moi. C'est vraiment dommage que l'on ne soit pas dans la même classe cette année...
"Driiing" C'est l'heure d'aller en cours. Je commence avec sport, génial. Je suis déjà fatiguée rien qu'a l'idée d'y penser. Le professeur de sport, c'est un malade. Il nous fait courir une heure défilée, sans aucune pause. Et si on avait la paresse de s'arrêter, on devait courir 15 mins de plus.

J'entre dans les vestiaires. Plusieurs filles sont assises et attendent, déjà prêtes. J'enlève mon t-shirt, quand une fille que je connais vaguement, Marion, hurle. Je remarque qu'elle me dévisage. De haut en bas. "Quoi ?", je finis par dire. Elle reste muette un instant, avant de répondre, dégoutée : "T'as plus de graisse que de vrai dans les seins." Je mets un moment avant de réaliser ce qu'elle vient de me dire. Je me sens tout à coup humiliée. Je ne sais pas quoi répondre. J'ai l'impression d'être une bête de foire. Une putain de bête de foire qu'on a bien engraissée pour pouvoir vendre. Les autres filles me regardent, elles aussi, de haut en bas. Elles chuchotent. Je sais qu'elles parlent de moi. J'enfile mon sweat et pars en claquant la porte.
Dans les toilettes, je pleure. Je me sens tellement nulle. Au fond, Marion a raison. Je suis trop grosse. Je le savais, mais je ne voulais pas l'admettre. J'en ai marre de ce corps. Ce corps que j'ignore pour ne pas haïr. Je vais changer. Je vais me métamorphoser. Je vais maigrir. Maigrir et m'embellir.

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