Chapitre 3 (#Partie 2)

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Il fendit l'air à une vitesse phénoménale, réduisant l'espace qui nous séparait à quelques dizaines de centimètres à peine. Je reculai en toute hâte, et butai contre un mur que je n'avais pas remarqué.

    « Quelle cruche ! » songeai-je.

     Déjà l'homme aux yeux bleus se rapprochait placidement. Bientôt je n'aurai plus la liberté de faire un seul mouvement tant il était proche.

     « Je suis tombée sur des malades ce soir ! Pourquoi cela doit être moi ? Je n'ai rien fait – absolument rien – et pourquoi veut-on m'assassiner ? » m'inquiétai-je silencieusement.

     La peur s'évanouit, et je fus prise d'une détermination féroce. Quelle injustice ! J'avais l'impression de revivre la scène d'horreur où Morgor jouait avec mes nerfs, et avec un couteau aussi, accessoirement.

     « Je n'ai rien demandé ! » aboyai-je au visage du garçon qui s'approchait encore et toujours calmement.

     Moi, je ne pouvais garder mon calme, et pour cause ; je n'étais pas réputée pour mon imperturbabilité olympique.

     J'abattis mon poing contre le torse de l'homme. Il ne bougea pas d'un pouce, me laissant faire. Je recommençai, et continuai d'asséner une avalanche de coups à l'aide de mes bras et de mes jambes. J'essayais de le griffer, de faire n'importe quoi. Lui prouver qu'il avait tort. Je n'étais pas faible. Mais il restait immobile ; ça ne lui faisait pas mal le moins du monde, alors que les jointures de mes doigts souffraient, tout comme mon épaule endolorie.

     Les coups ralentirent, devinrent mous. Alors il agrippa mes avant-bras, et, dans le même mouvement, me retourna contre le mur en me faisant une sorte de croche-pied bizarroïde dans les airs, sans que je ne puisse contrer son attaque. Il s'appuya contre mon dos, de telle manière que je fus prise au piège. Pour la deuxième fois en moins de trente minutes.

     Ce n'était pas mon jour, décidément.

     Le ventre du garçon tressautait. Il n'était pas essoufflé, il rigolait à gorge déployée.

     Je détestais ce sentiment d'impuissance qui était en moi en ce moment, et je haïssais le trouble que je ressentais également. Il faut avouer que c'était gênant – ou du moins surprenant – qu'un étranger se colle à moi.

    « Concentre-toi, imbécile ! Comment pourrais-tu te dégager de là ? » pensai-je.

     Je gigotais dans tous les sens, n'acceptant pas le fait d'être – encore une fois – bloquée, foutue.

     « Je vois... Arrêtez un peu de bouger... Je vous avais pourtant bien prévenue que vous ne saviez pas vous défendre. J'avais raison. Vous avez eu de la chance que je sois là pour vous sauver, Joyce Mills... » chuchota-t-il à mon oreille.

     J'avais l'impression d'avoir déjà vécu la même chose et qu'il m'avait justement aidée. Mais celui qui m'avait soutenue il y a encore peu de temps me maintenait à son tour contre un mur de briques, dans l'ombre.

     Quelque chose clochait, cependant...

     « Co... Comment savez-vous comment je m'appelle ?

     – Je vous le dirai quand vous serez décidée à me suivre sagement.

     – Je ne suis pas votre chien ! Comment connaissez-vous mon nom ? » insistai-je.

     Un silence accueillit ma question, qui resta un suspens.

     « Puis-je au moins avoir l'honneur de connaître le vôtre, votre Majesté ? ironisai-je.

     – Je suis Calvin. Et pas besoin d'être sarcastique.

     – Je le serai si je le veux, et puis quoi encore ! »

     On aurait dit une querelle d'enfants.

     « En tout cas, je ne vous suivrai pas, alors relâchez-moi. Vous partez, je pars. Tout le monde est content.

     – Malheureusement, ce n'est si... facile... Vous ne voulez vraiment pas faire ce que je vous demande de vous-même ? »

     Je me dis qu'il avait certainement du mal à comprendre ce que je m'acharnais à lui répéter depuis dix minutes, le pauvre.

     « Non ! Bien sûr que non !

     – Bon, eh bien... Vous l'aurez voulu... »

     Calvin prit mes épaules dans ses mains puissantes, et le court laps de temps où il ne m'agrippait plus ne me suffit pas pour me dégager de son corps qui pesait toujours sur moi.

    J'en avais marre d'être paralysée, désarmée. Mon épaule me faisait mal, mes doigts aussi, et ma joue vibrait sous la douleur de la claque que Morgor m'avait flanquée.

     L'homme me tourna, de manière à ce que nous soyons ventre contre ventre désormais. Je songeai qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de moi – me retourner comme une crêpe, m'empoigner les bras – mais je ne le suivrais certainement pas je ne sais où !

    Calvin, me tenant toujours, avec ses lèvres contre l'une de mes oreilles – cela devenait une habitude, ma parole !   Pourtant il était face à moi ! – me souffla :

     « Ne prenez pas peur, je ne vous ferai rien.

     – Ne pas m'affoler ? Mais comment serais-je capable de ne pas m'af... ? »

     Je fus bouche-bée, lorsque j'aperçus ce que tenait Calvin entre ses doigts. Un foulard noir, épais. Je me sentis mal d'un coup. Extrêmement mal. Pourquoi diable étais-je entrée dans cette ruelle au lieu de tracer mon chemin habituel ?

     « Je suis de votre côté. Ne l'oubliez pas.

     – Pour l'instant, je ne crois pas franchement que vous soyez de mon côté ! » m'emportai-je

    Il murmura des « Chut... » pour tenter de ne pas m'énerver, mais cela ne fonctionnait pas.

     Je paniquais.

     « Quoi ? Non ! Non, vous n'allez pas faire ça tout de m... Mmmh !! »

     Il m'avait bâillonnée, j'étais incapable de prononcer un mot. La journée allait de mieux en mieux...

     J'en avais marre qu'on ne me laisse pas terminer mes phrases !

     Je croisai le regard azur, et maintins la connexion entre nous. Mes yeux lançaient des éclairs, j'en voulais à cet homme. Et j'avais mal. Tellement mal.

     Il murmura, comme pour lui seul :

     « Ça va aller. Cela doit aller. »

     Et il m'enfonça une aiguille dans la nuque. Le liquide se répandit dans mes veines, branchages qui aboutissaient à chaque extrémité de mon corps, de mes mains à mes orteils, en passant par mes poumons, mes organes.

     Je sombrai dans le néant, et tombai à la renverse, dans les bras du mystérieux Calvin.

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Coucou tout le monde !

Merci à vous qui avez lu la fin du chapitre 3 de mon roman ! Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?? :)

Si vous avez quelque avis, conseil ou remarque, n'hésitez surtout pas à noter mon texte ainsi que de me laisser un commentaire (je répondrai avec plaisir) ! ;-)

J'espère que ce début vous donnera envie de continuer à me suivre, ainsi que Joyce !

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