Forever

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Son esprit s'embrume. Le diable l'a poursuit, elle échoue, elle se noie. Un étrange sentiment prend part de tout son être. Une précipitation la secoue comme un violent ouragan. Ses mains parcourent les objets, elle les envoie valser dans un grand tourbillon de poussière, de feuilles et de brindilles. Elle tourne sur elle-même dans un cyclone de rage, une protection invisible recouvre son être. Ses jambes s'agitent dans tous les sens, et telle une démembré elle avance en trébuchant pas après pas, contre les rochers. Ces pas la guident jusqu'au bord d'une falaise si haute, qu'on ne voit pas le sol. Un brouillard recouvre le bas de cette falaise ainsi que son esprit. Un bazar sans nom a prit possession de son âme. Les yeux rivés en face d'elle, elle sent sa tête prête à exploser. Elle ressent chacune des émotions qui l'ont parcourues depuis sa naissance. Elle se souvient de la douleur des chutes à vélo, de la colère qu'elle éprouvait lorsqu'ils lui balançaient ces mots en pleine face, de la tristesse de l'avoir vu s'évanouir dans ses pensées, de la joie lorsqu'elle l'a découvert, de l'envie qui était presque de la jalousie quand elle les voyait, elle se souvient de toutes ces choses qui lui traversent l'esprit comme le mistral qui souffle fort dans ces cheveux à ce moment même. Elle tourne la tête et regarde en bas. Elle le sent. Oui, elle sent qu'il en est temps. Qu'il est temps qu'elle quitte cet espace trop complexe, qu'elle quitte tout ce qui se trouve derrière elle. Tant pis si ça fait mal, tant pis si ça leur fait mal a eux aussi. Ils n'ont pas le choix de toute façon. Elle s'assoit sur le bord de la falaise, balance ses pieds et observe le ciel qui se couche. Comme se serait ironique qu'elle le fasse maintenant. Pour sûr ! S'échapper lorsque le soleil se couche alors qu'elle est née à son lever. Oui ça serait terriblement drôle, même si eux ne le verraient même pas. Au moins, elle ça l'amuserait une dernière fois, et elle se fouterait de leur gueule une nouvelle fois, une dernière fois, une insulte ultime. Ah, elle en a encore plus envie avec cette histoire de coucher de soleil. Elle pose ses mains sur la terre prête à donner un appui à tout moment. Qu'est-ce que ça lui fera plaisir lorsque son âme sera libérée de ce corps beaucoup trop lourd et laid. Elle n'a pas peur, au contraire rien ne peut plus lui faire plaisir que de se barrer de cet endroit. L'excitation la fait frissonner d'un plaisir bien visible, un immense sourire s'affiche rien qu'à l'idée de ce qu'elle s'apprête à faire. Son corps vibre intensément au son du vent qui siffle dans ses oreilles. L'excitation augmente à chaque instant et elle souhaite finir sa délivrance au plus vite, mais il faut qu'elle attende encore un peu, que le soleil se couche un peu plus, que le ciel rosisse, la précipitation ne servirait à rien. Alors elle laisse le brouillard dans son esprit continuer à se dissiper dans chaque parcelle de ses neurones. Elle laisse ses mains s'enfoncer de plus en plus dans la terre humide. Elle ouvre les yeux, qu'elle avait fermés, pour admirer le spectacle qui s'offre à elle. Le soleil est orange et un mince croissant et encore visible, le ciel a commencé à rosir. C'est le moment. Son sourire s'agrandit lorsque ses mains poussent fortement contre le sol pour la pousser dans le vide et lorsqu'elle y est son sourire devient immensément grand, jusqu'à en faire souffrir ses zygomatiques. Elle sent son corps descendre dans une chute interminable, ses yeux se ferment. Elle sent le sol se rapprocher pourtant sa vie ne défile pas devant ses yeux. Elle ne survivra pas, c'est d'ailleurs tout ce qu'elle espère. Une chute aussi vertigineuse la tuera instantanément de toute façon. Et puis de toute manière, comment sa vie pourrait défiler si elle ne l'a jamais vraiment touchée, même pas frôlée, se contentant chaque fois de l'observer. Ça y est, le sol n'est plus qu'à une dizaine de mètres. Son sourire ne cesse de s'agrandir au maximum. Lorsque son corps percute le sol, elle meurt instantanément, sa seule pensée est qu'elle croyait que la chute serait plus courte.


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DPS89

Pensées sanglantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant