Recueil Os Ziam

... jusqu'au bout de la nuit. (1)

Mais surtout, je suis incapable de réagir face à cette paire de lèvres qui s'approchent des miennes alors que nous partageons déjà le même air.

Embrasses moi.

Je ne sais pas si il a compris ma requête mais après quelques secondes nos lèvres se devinent durant un clignement de cils. Malheureusement pour moi, il choisit ensuite de marquer la peau de ma joue de sa chaleur. Son souffle vient s'échouer près de mon oreille. Ma joue est en feu. Sa barbe semble me marquer au plus profond de ma chair alors qu'il n'y a aucune pression entre nous. Il mouve ses lèvres et elles entrent enfin en contact avec ma peau. Je frissonne de tout mon être. Je ne me reconnais pas. Hier encore j'étais persuadé de finir mes jours aux côtes de Lucy. Nos deux noms de famille sur une même sépulture en marbre blanc. Et me revoilà, éméché dans une boîte de nuit, collé à un homme trop jeune pour moi qui me fait perdre tous mes moyens. Mes pieds se dérobent alors que l'évidence me percute de plein fouet.

Un homme.

Je me sens soutenu dans ma perte de tension par les bras de mon protagoniste alors que sa tête, qui avait réussi à se frayer un chemin jusqu'au creux de mon cou, retrouve sa place près de mon lobe. Sa bouche se réouvre. Cette fois j'entends un distinct "Zayn" alors que le mouvement de ses lèvres me marque au fer rouge. Zayn, un prénom qui lui va comme un gant. Parfait pour un homme mystérieux, aux yeux qui brillent. Il possède une telle prestance, il paraît si jeune. Une beauté sulfureuse. Enivrante. Obsédante. Ses lèvres m'obsèdent. Je les veux sur moi. Une beauté dangereuse. Je les veux loin de moi. Ma main exerce une pression à l'emplacement de son cœur. Je veux respirer. Reprendre mes esprits pour mieux les reperdre après. J'ai besoin qu'il me rende l'air qu'il m'a dérobé.

J'essaye de remplir mes poumons. J'étais comme en apnée, respirant à travers lui sans même m'en être rendu compte. Peine perdu, ces derniers semblent aux abonnées absents. Je ferme les yeux à m'en briser les paupières. Je dois respirer avant de faire une crise. Une inspiration. C'est tout ce que je demande. Tout ce dont j'ai besoin en cet instant. Délivré un peu de l'enceinte de ses bras je me sens exposé. Tout le monde me regarde.

Paranoïa.

Ma tête tourne. J'ai besoin d'air. Je n'aime pas tous ces yeux braqués sur moi. Je veux qu'ils arrêtent. Je tourne le dos à ce Zayn alors que j'essaye de les fuir. C'est lui et sa sensualité que les hommes et les femmes dévisagent. C'est lui que je dois fuir. J'avance de quelques pas. Je parviens je ne sais pas trop comment à rester debout. Mon arrivée d'air semble encore obstruée alors que la foule autour de moi devient moins dense. Rien n'y fait j'ai l'impression de suffoquer. J'ai besoin de sortir. J'ai besoin des étoiles. Soudainement je suis attiré en arrière alors que mon bras gauche se retrouve serré dans une poigne douce mais ferme. Mon corps est comme un pantin et j'atterris sans douceur contre une masse chaude. Mon dos heurte un torse musclé. Le choc me fait pousser un puissant hoquet. Et là la délivrance.

Je respire enfin. Mes deux mains sont maintenues fermement contre mon ventre alors que l'intérieur de mes poignets est choyé par deux pouces aussi doux que la soie. En baissant le regard, je reconnais les mains du basané tatoué. Je ne devrais pas. Mais il me fait respirer. Il reste derrière moi alors que de ses bras il reforme la bulle de vide et de sérénité que je m'étais créée avant son arrivée inattendue. C'est une horrible constatation mais j'y suis bien. Je ne devrais pas. Je suis bien dans les bras d'un homme. C'est impensable. Mais juste pour ce soir, vu qu'assurément cette soirée ne sera pas comme toutes les autres, je lâche du lest. Alors au rythme d'un nouveau morceau, je me remets à balancer mon corps légèrement dans ses bras. Ma tête devenue trop lourde de toutes ses années de routine et de silence vient s'échouer sur l'épaule de l'homme qui me sert actuellement de roc. Mon nez vient de placer juste au dessus de sa pomme d'Adam. Il sent bon.