... toutes les nuits. (2)

863 46 18
                                    

Janvier. Une nouvelle année commence. Depuis le début du mois avec Lucy on passe nos fin de journées à rendre visite à nos proches. Pour leur donner nos meilleurs vœux. La santé. Important la santé. L'argent. La réussite professionnelle. Le bonheur. Énormément de bonheur et de joie pour ce nouveau départ. Ce discours va souvent de paire avec les bonnes résolutions. Arrêter de fumer. Se remettre au sport. Demander une promotion. S'investir dans l'entreprise. Demander sa femme en mariage. Avoir des enfants. Et tout le tintamarre habituel.

Ce soir on rentre d'un des oncles de Lucy. Le chemin dans la voiture s'est fait calmement. La radio s'est vue à de rares occasions entrecoupée par des banalités échangées ou s'est faite accompagnée par les fredonnement de ma femme. Bien calé dans mon siège en cuir, je m'évade un peu alors qu'une de ses chansons favorites du moment résonne dans l'habitacle. D'où viennent ces traditions ? De répendre la bonne parole. De demander le meilleur pour tous alors qu'ils feront la même chose pour chacun de nous. Se rassurer ? Se dire que oui, on vivra longtemps riche et heureux ? Qu'on est capable de rentrer dans le moule de la société ? Que oui je peux gagner confortablement ma vie, que j'ai su passer la bague au doigt d'une femme et qu'elle a porté mes enfants ? C'est donc ça la définition du bonheur aujourd'hui ? Il ne me manque alors que des bambins pour réussir ma vie ? Je jette un discret coup d'œil dans le rétroviseur et la regarde.

Elle est jolie.

Elle se fait belle en ce moment. Ça lui va bien. Elle a beau vieillir je sais encore distinguer les regards d'autres hommes qui glissent sur sa peau. Ils ont raison. Elle est sublime. Un port de tête élégant, des yeux pétillants, un sourire éblouissant et un minois charmeur et charmant. Ma femme. Je secoue discrètement la tête et me reconcentre sur la route, la maison n'est plus qu'à quelques pâtés de maisons désormais. Un dernier virage à gauche accompagné par le cliquetis du clignotant et nous voilà arrivés à bon port. Nous descendons en même temps. Elle marche vers le perron en tête, je la suis. Après l'ouverture de la porte, je me faufile à l'intérieur à sa suite. En quelques secondes, je me retrouve plaqué contre cette même porte alors qu'elle se jette sur mes lèvres. Par réflexe mes mains se positionnent sur ses hanches et la rapproche de mon corps. Les siennes se sont déjà perdues dans mes cheveux. Le baiser est endiablé. Elle ralentit un peu, le rend plus sensuel alors qu'elle glisse ses mains sur mon torse, déboutonnant ma chemise après avoir fait basculer mon manteau au sol. Le torse désormais à découvert je reprends la situation en main, la collant au mur adjacent, rendant le baiser paresseux. Par manque d'air on s'éloigne de concert. Son front rencontre le mien alors qu'un rictus mutin apparaît sur son si beau visage.

Le même que son frère avant l'amour. Le même que j'imagine pour lui aussi.

Son sourire déforme ses lèvres et fait apparaître le mien. Nos dents s'entrechoquent avant de faire renouer nos lèvres. Très vite les vêtements s'éparpillent. Mes chaussures sont lancées dans le bac où madame occupe de plus en plus d'espace avec les nouvelles arrivées des fêtes. Sa veste rejoint mon manteau sur le sol. Ma chemise m'est presque arrachée alors que je m'attaque à sa robe. Dans l'escalier j'entends mon ceinturon claquer contre le bois entraînant avec lui ma ceinture. Ses escarpins se retrouvent sur la mezzanine. Il ne lui reste que ses collants et ses sous vêtements quand je la bouscule sur le lit. Pour ma part mon caleçon recouvre ce qu'il me reste de pudeur. Quand mon corps nu rencontre enfin le sien dévêtu je viens cacher mon visage dans son cou. Je ferme les yeux à m'en faire mal et respire son odeur. C'est bien moi sur elle. Pas un autre homme. Plus jamais un autre. Je ne ferai plus jamais tomber de bouquet derrière la porte de notre chambre.

Jamais.

Les yeux toujours irrémédiablement fermés je me laisse guider par ses courbes. Sa peau est douce contre la mienne. Ses formes sont dessinées avec minutie. Elles sont féminines comme j'ai appris à les aimer. Comme tu ne sera jamais. Les paupières scellées il m'arrive de t'imaginer sous mes doigts. Et ses arabesques ne seront jamais les tiennes. Ton toucher serait plus appuyé, plus désireux. Mon visage dans son creux d'épaule ne rencontre pas la rugosité de ta barbe. Celle-là même qui m'a marqué au fer rouge. Celle-ci qui dégageait une virilité subtile, qui me mettait le visage en feu. Je respire encore son épiderme. Elle ne sent pas toi, ni la cannelle ni la cigarette.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Dec 25, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Recueil Os ZiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant