Prologue

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9e Millénaire

Septembre, 12e jour

Planète Terre, Quartiers Généraux de l'Empereur

Quatre minutes avant le début de la réunion. Il ne lui restait plus que ces quatre petites minutes avant de devoir faire son terrible rapport. Après ce qui lui sembla une éternité, un grondement sourd retentit, annonçant l'arrivée de l'ascenseur à destination. Les portes se rouvrirent quelques secondes plus tard, mais trop lentement à son goût. Vite, vite, il ne me reste que trois minutes. Soudain, il ne put se retenir et se mit à courir à travers l'interminable couloir de transparacier. Le stress. Calme-toi. Personne ne doit voir le capitaine de la flotte impériale courir comme un gamin. Mais il continua. La semelle ferrée de ses bottes frappait le sol avec régularité, marquant le rythme de ses pas. Et aussi les secondes qu'il me reste avant... avant quoi d'ailleurs ? Je suis le meilleur. Il ne me renverra pas, il veut seulement mon rapport. Pourtant, il connaissait bien le caractère colérique de l'Empereur. Ce n'était pas un secret. Selon certains ragots peu fiables, il aurait même exilé son frère afin de s'assurer que personne ne remettrait en doute son royal pouvoir... D'ailleurs, l'Empereur n'était guère aimé ces derniers temps. La populace mourrait de faim, et la révolte grondait.

J'y suis. Plus qu'une minute. Il chassa de son esprit ces pensées dérangeantes, se composa un visage calme et froid, puis appuya sa paume contre le boîtier de sécurité. En moins d'une seconde, le système analysa son empreinte digitale et ouvrit les portes de la salle dans laquelle il entra, armé d'un visage de marbre. Toutes les grosses têtes de l'Empire étaient présentes, assises dans leurs fauteuils noirs respectifs. Il les connaissait tous, pour la plupart : le colonel Warhug, le major Boilier, le ministre Ivorc, la dirigeante des affaires Amilia ainsi que plusieurs autres. Il nota aussi la présence de deux inconnus, des frères, sans doute. Alors qu'il cheminait lentement vers son siège, il remarqua aussi que ces individus avaient un point en commun : tous affichaient une mine d'enterrement. Le mien, sans doute...

Il se cala profondément dans son fauteuil et attendit. Sont-ils au courant? Leurs espions les ont-ils informés? Les portes arrières de la salle s'ouvrirent, coupant net ses réflexions pessimistes. L'Empereur apparut, encadré de deux soldats d'élite en armure noire. On ne pouvait même pas apercevoir leurs yeux à travers leur visière bleutée. Sont-ils seulement humains? Avec leur deux mètres de hauteur, on pouvait sincèrement en douter. Quant à l'Empereur, il était âgé d'environ quarante ans, et doté d'une carrure imposante. Il portait des cheveux noirs et gris, ainsi qu'une barbe finement taillée. Contrairement à son habitude, une combinaison grise ainsi qu'une cape noire venait compléter ses habits.

Après avoir jeté un regard sur chacun de ses dévoués hommes de main, il s'assit dans son fauteuil. Puis, il prit la parole d'une voix au timbre puissant. « Vous vous demandez sans doute pourquoi vous êtes ici ce soir. La réponse est simple, et certains l'auront même devinée. Cependant, sachez que tout ce que vous entendez ici doit demeurer secret. Sinon, des... sanctions seront appliquées, continua-t-il d'un ton doucereux. » Simple et droit au but.

« Nous courons un grave danger, laissa finalement tomber l'Empereur. » Un brouhaha envahit aussitôt la salle. Ils n'étaient peut-être pas au courant, finalement. Ou... Ou tout cela était feint. Ça ne m'étonnerait pas. Soudain, la voix de l'Empereur surmonta le tumulte :

« Assez, il suffit! » Le silence revint aussitôt. « J'ai demandé au capitaine Fleew de nous exposer la situation. Capitaine Fleew? » Du courage, c'est tout ce qu'il me faut, et une bonne dose de chance, se dit le capitaine Fleew tout en se levant afin d'exposer la situation.

Une fois levé, le capitaine sortit une petite télécommande de sa poche et pianota un instant dessus. La pièce fut immédiatement plongée dans l'obscurité et un hologramme apparut instantanément au dessus de la table noire. Il représentait la Terre, leur planète. Une ligne bleue horizontale l'encerclait, symbolisant l'anneau orbital de la défense planétaire.

« Comme vous le savez sûrement, commença Fleew, l'air peu sûr de lui, notre système de défense intercepte chaque jour plusieurs centaines de débris spatiaux. Or, quelle n'a pas été notre surprise en découvrant que l'un de ces ''débris'' était en fait un vaisseau, équipé d'un système de dissimulation très évolué. » Un point rouge surgit sur l'hologramme, et, pour illustrer les dires du capitaine, traversa la ligne bleue. « Nous avons finalement réussi à capturer cet engin alors qu'il était descendu au niveau de l'atmosphère, déjouant nos systèmes de sécurité, pourtant très capables. Nous sommes donc montés à bord, et avons saisit les pilotes. Mais, peu de temps après, ils se donnèrent la mort, ne laissant derrière eux qu'un message que voici : Mort au traître. Il y avait aussi... Le capitaine Fleew hésita un instant, avant de poursuivre : Il y avait des bombes neutralisantes. »

Un vacarme assourdissant retentit, et le major Boilier se leva, puis pointa un doigt accusateur vers Fleew :

- Je ne goberai pas vos sornettes Fleew! Ces bombes n'existent plus!

- Pourtant, je...

- Non, non, non et encore non! Elles n'existent plus! continua Boilier d'un air buté.

- Voulez-vous les voir major? lança Fleew, énervé, en pointant du doigt l'hologramme. Ils ne me croient pas. Très bien. Ils vont tomber de haut.

- Je... Allez-y! Montrez-nous... V... Votre preuve, Fleew, si elle existe, bien sûr, rajouta le major en se levant.

La peur se lisait désormais sur son visage qui avait pris une teinte rouge, quasiment violacée. Il ressemble de façon frappante à un taureau enragé, se dit Fleew tout en pianotant sur sa télécommande. L'hologramme de la Terre disparut, laissant place place à une photo marquée du douze septembre. Bien que floues, les trois bombes étaient visibles. De forme cylindrique avec un dôme en verre bleu tout autour, elles semblaient anciennes... mais bien réelles. Le major Boilier, quant à lui, était tout simplement abasourdi. Il lâcha quelques insultes et retomba dans son fauteuil. Une expression de terreur passa sur les traits des autres ministres.

- Ce n'est pas tout, annonça Fleew, saisissant son courage à deux mains. Il y a plus important. Une flotte de vaisseaux a été détectée dans le luminospace... À destination de la Terre.

C'en était trop pour le major Boilier, qui quitta la pièce, faisant tomber son siège au passage. Le colonel Warhug discutait déjà des missiles à charger sur la ligne de défense planétaire. Le ministre Ivorc demandait à l'Empereur le droit de ''faire la malle'' et la commerçante Amilia semblait perdue dans ses pensées, ses yeux fixant encore l'image des bombes.

- Leur nombre, capitaine. Il nous faut leur nombre! s'écria l'Empereur.

- Nous ne... le savons pas encore, déglutit Fleew, conscient qu'il dansait sur une corde au-dessus d'un vide sans fond. Un seul faux pas... et je perds tout... Ou le peu qu'on ne m'ait déjà pris.

- Des éclaireurs, lança le colonel d'une voix rauque. C'est ce qu'il nous faut.

- Attendez, nous avons reçu un message, tenta de dire Fleew.

L'Empereur réfléchit un instant, puis se tourna vers le colonel :

- Les éclaireurs seraient sans doute la bonne solution mais... non. Attendons de plus amples informations. Ce n'est peut-être que l'une de nos multiples flottes, comme celle de la commandante Harley, qui est perdue dans l'espace depuis 5 mois.

- Votre Altesse, répondit Fleew, nous avons malgré tout intercepté une transmission codée. Voici les seuls mots déchiffrables : Mort... Traître... Troisième... Et enfin, ce mot : Rébellion.


Alors, c'était comment??? Direction les commentaires... ;-)

L'Empire des DéchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant