Chapitre 42-2

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Le temps sembla se suspendre, jusqu'à devenir presque solide, tandis que les secondes semblaient se transformer en heures, uniquement rythmé par nos respirations saccadées. C'est alors que Blake se mit à rire...oui je vous jure...à rire ! D'un rire sonore et puissant où semblait s'insinuer une part de moquerie.

— Tu veux vraiment me faire croire que tu auras les...le courage de le faire, le provoqua-t-il soudain, arrêtant brusquement de rire et dardant un regard implacable sur la vitre de séparation.

Non, mais qu'est-ce-qu'il lui prenait me demandai-je tandis que les regards paniqués et remplis d'incompréhensions d'Isy et d'Ophélia, croisaient le mien. Elles se rapprochèrent de moi, dans un mouvement infime et sûrement inconscient, tandis que nous attendions fébrilement que le ciel nous tombe sur la tête. 

— Je suis un haut gradé, ton supérieur direct et tu comptes me faire abattre comme ça ?! Tu as perdu l'esprit ou quoi ?

— Bien au contraire, lui répondit-il d'un ton suffisant, un petit sourire victorieux dans la voix. Nos nouveaux ordres sont clairs. Absolument personne n'entre ici, sans l'aval écrit et vérifié du chef du conseil en personne. Tous les contrevenant à cet ordre, quels qu'ils soient, devront être éliminé. Je ne fais donc qu'obéir aux ordres. Bien que le fait que ce soit vous, ajoute beaucoup à mon plaisir.

— Tu mens ?! S'exclama Blake, une tension certaine émaillant sa voix grave. Si un tel ordre avait été donné, j'en aurais été un des premiers informés !

— Il faut croire que non ! Les ordres étant les ordres...Adieu Colonel Hunt.

Il avait à peine terminé sa phrase, que Blake me plaquait au sol et hurlai aux filles d'en faire autant, tandis que les premières détonations retentissaient, semblant ricocher sur les murs comme des billes de flipper. J'étais là sur le sol, écrasée par le poids de Blake qui me recouvrait comme une seconde peau, mes poignets atrocement meurtris par les menottes qui me rentraient durement dans la peau. J'avais peur et j'avais de plus en plus de mal à respirer. Je commençai à tenter de me dégager...quand je le sentis. À moins que cela ne soit un pressentiment, ou mon don de préscience qui se réactivait, mais mon corps réagis en une fraction de seconde, avant même que mon esprit en ait conscience, et inversai nos rôles me retrouvant au-dessus d'un Blake...surpris !

— Bouchez-vous les oreilles ! lui ordonnai-je tandis que je me couchai sur lui pour le protéger de la vague de pouvoir paralysante qui déferla sur nous.

À ma grande surprise, il obtempéra sans poser la moindre question et je le sentis frémir sous moi, lorsque le pouvoir nous submergea.

— C'était quoi ça ? me demanda-t-il d'une voix tremblante et essoufflée comme s'il venait de courir un marathon.

— La cavalerie, lui dis-je en roulant sur le côté pour le libérer de mon poids. Mes mains toujours entravées me gênèrent et les menottes s'enfoncèrent douloureusement dans ma peau tandis que j'essayai de me redresser seule. Isy, l'air passablement secouée mais indemne, vint tenter de m'aider, mais sans grand succès.

— La caval...

Le bruit étourdissant d'une détonation puis un bruit caractéristique de tôle martyrisée, interrompirent Blake, tandis que la porte s'ouvrait, livrant passage à un Lynch pâle mais visiblement remonté.

— Ça va ? Personne n'est blessé ?! demanda-t-il en se précipitant vers la porte de séparation. C'est bon ! Ils sont aussi K.O de l'autre côté, vous pouvez venir ! Cria-t-il à l'intention du reste de son groupe, qui s'empressa de pénétrer dans la petite pièce.

— Cool ton plan frérot ! se moqua Connors, tout en me lançant un regard à la fois interrogatif et anxieux.

Je lui assurai silencieusement que tout allait bien, avant de me laisser aller contre le mur pour soulager brièvement mes épaules malmenées.

— Ils sont passés au protocole 0, sans même en avertir les principaux gradés ! Il faut vraiment que l'on comprenne ce qu'il se passe ici ?! dit soudain Blake, visiblement assez ébranlé par ce les évènements récents.

— On verra ça plus tard, le coupa Lynch d'une voix pressée. Il faut absolument que nous passions cette porte avant qu'ils ne se réveillent...sinon, nous sommes foutus.

— Comment ça qu'ils se réveillent ? demanda Blake apparemment complètement largué.

— Je les ai assommés, mais ça ne durera pas très longtemps. Tu sais comment ouvrir ce sas ?

— Il ne s'ouvre que de l'intérieur et la vitre est à l'épreuve des balles, lui répondit-il aussitôt. Tu es un changeant ? C'est pour ça que tu as quitté le conseil ?

— En parti oui ! Mais nous ferons la causette un autre jour...il faut que nous passions cette porte.

— Tirez sur la vitre, dit soudain Isy, tout en s'approchant de Blake en lui tendant ostensiblement ses poignets pour qu'il lui enlève ses menottes.

— Je viens de vous dire qu'elle était pare-balle, lui répondit-il tandis qu'il insérait la petite clé dans la serrure et laissait tomber les entraves, qui heurtèrent le sol carrelé dans un tintement métallique.

— Oui, mais je peux peut-être amplifier assez la détonation pour quelle entre en résonnance avec le verre et le fragilise suffisamment pour que l'on puisse le briser.

— Et vous comptez faire ça...comment ?

— Ne cherches pas à comprendre et laisse-là essayer...le temps presse !

Connors s'approcha de la porte et pointa son fusil sur la vitre, au moment où Isy nous disait à tous de reculer et de nous protéger les oreilles.

— Tire à mon signal et pas avant, ordonna-t-elle à Connors d'une voix concentrée tandis qu'elle fermait les yeux.

— Maintenant !

Connors tira et au moment où la balle heurta la vitre, le son sembla prendre vie et se mettre à vibrer. Vibrer de plus en plus fort, jusqu'à ce que cela se ressente jusque dans mes os et commence à devenir douloureux. Au moment où j'étais sur le point de lui hurler d'arrêter, tout stoppa brutalement et la vitre vola en éclat.

Heureusement que Connors était près d'elle et avait de bon réflexe, car nous la vîmes s'écrouler lentement une fois son exploit accompli. Blake, regardait bouche-bée Isy, puis la porte, son regard ne sachant pas vraiment sur lequel des deux se fixer. Lynch quant à lui ne perdit pas une minute et passant vivement le bras à travers la vitre brisé, activa le système d'ouverture, avant de s'engouffrer dans le couloir attenant.

— Je vais avoir besoin d'aide là ! nous interpella-t-il d'une voix agacée.

— ça va aller pour elle ? demanda Blake à Connors tandis qu'il nous enlevait enfin nos menottes.

— Oui, ça ira, ne vous inquiétez pas pour moi, lui répondit Isy d'une voix exténuée. C'est le contrecoup c'est tout...ça ne va pas durer.

— Impressionnant vraiment ! Vous avez même désactivé l'alarme, constata-t-il d'un ton surpris.

— Pour une fois que mon fichu don est vraiment utile à quelque chose, marmonna Isy entre ses dents, alors qu'elle repoussait doucement Connors et s'avançait à son tour vers l'intérieur du complexe.

Nous finîmes par le suivre et par rejoindre Lynch, qui était occupé à neutraliser les trois hommes encore inconscients, gisant au sol.

— Un coup de main ne serait pas de refus, nous dit-il d'un ton acide en nous lançant un regard assorti.

Alors que je contournai l'un des hommes pour lui apporter mon aide, ce dernier me saisit soudain fermement pas la cheville me faisant tomber à genoux à ses côtés, puis avant que je n'aie eu le temps de me ressaisir, m'attrapa le poignet et m'attira vers lui.

— Qu'avez-vous fait ? Vous ne comprenez donc pas que l'on cherche à vous protégez...pauvre fou ! Vous venez certainement de nous condamner tous à mort...

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant