Ne me quittes pas

5.

Le lendemain, je retrouve enfin l'usage normal de mon pied. Je savais bien qu'il n'étais pas cassé. La première nuit sur le clic-clac, s'est plutôt bien passé, mais j'ai été réveillé de bonne heure à cause de la lumière de ma fenêtre. Je me levais difficilement et m'étirai en baillant sans retenu, effaçant définitivement le peu de grâce que je conservais. J'avais revêtu ma chemise de nuit noir à petite bretelle qui m'arrivais à mi-cuisse et qui remontait dangereusement à cet instant. C'était sans conter sur le petit regard que je jetai sur la fenêtre en face et que j'apercevais Ian, une tasse à la main en train de m'observé à la dérobé. Il devait sans doute croire que je ne le voyais pas d'ici. En tout cas, il n'en fallut pas plus pour que je me déplace dans la cuisine, pour qu'il n'ai plus à me voir en petite tenu avec ma tête de déterré. Plus humiliant tu meurs! Je me traînais jusqu'à mon frigo et en sorti du jus d'orange frais, ainsi qu'une plaquette de beurre et me fit des tartines sur des tranches pain au blé complet. Je mis en fond sonore une radio que m'avait prêter Louna. Elle l'avait retrouvé en fouillant dans ses veilles affaires. Je l'allumai et tombais sur une vieille chanson, d'une radio qu'une fille de mon âge n'écoute normalement pas. Ému d'entendre la musique préféré de ma mère, je vole de Michel Sardou, je la laisse un instant, les yeux dans le vague. Des tas de souvenirs afflue dans mon esprit, me laissant songeuse un instant. Ma mère et mon père dansant dans le salon, sur cette chanson en usant un peu plus le tapis du bout de leur pied, plus amoureux que jamais, sous mes yeux d'enfants admirative. Ma mère déçu, écumant de rage dans ce même salon en faisant les cents pas, moi la tête baissé, honteuse, parce que j'avais raté d'un point mon bac et que je devais aller au rattrapage pour l'avoir. Ma mère poussant des commentaire d'indignation en lui apprenant que j'avais trouvé un travail en tant que serveuse plutôt que de vouloir continuer mes études. Ma mère me disant au téléphone que j'avais été une déception toute ma vie. La boite du répondeur où sa voix retentissais, qui refusait de me répondre alors que cela faisait une semaine que j'étais à la rue, livré à moi même sans un sous en poche, et que je m'étais enfin décidé à l'appeler. Je tournais rageusement le bouton de fréquence, emportant avec cette foutu chanson les souvenirs douloureux que le temps me permettais de digérer peu à peu. Ma tête était polluée de ces souvenirs désagréable et ils n'étaient pas décidé à me laisser en paix. Je jetais un œil à mon portable qui affichait 8h. J'avais le temps d'aller courir pour me vider l'esprit, j'en avais grandement besoin.

Après m'être brosser les dents et attaché mes cheveux châtains en queue de cheval, je revêtis mon pantalon noir près du corps, façon yoga, avec mon débardeur rouge à brettelle large et mes baskets. Le temps était de plus en plus doux, on sentait que le printemps s'était définitivement installé. J'attrapais mes écouteurs, mon portable et mes clés de maison et filait en bas. Je réglais mon téléphone, enfilai mes écouteurs et me voilà partit pour une demi-heure de course. Je courus à peine trois kilomètre que mon orteils se rappela à mon souvenir. Je me maudissais intérieurement. Je décidai de ralentir mes foulés et prenait un raccourci pour rentrer plus rapidement chez moi. Je m'arrêtais et marchait pour reprendre mon souffle en apercevant au loin mon bâtiment. S'est à ce moment que je me faisais héler par derrière. En me retournant sans arrêter ma marche, je vis Emma arrivé vers moi en courant. Elle était toute rouge et dégoulinante de transpiration, comme moi. Nous nous dîmes bonjours d'un commun accord sans nous faire la bise.

- Salut Emma, ca va bien?

- Oui et toi ton pied va mieux?

- Ça allait jusque là, j'ai du m'arrêter en sentant la douleur revenir.

Nous marchâmes ensemble jusqu'à chez nous.

- Au fait, tu ne m'as pas dit ton nom hier.

- Ha oui. Je te le dis mais à une condition!