Chapitre 1

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  J'ai juste perdu la foi. Mais la foi en quoi, je ne sais pas.

Je ne peux plus penser. Je suis comme endormie. Mes sens ne réagissent plus. Mes bras ne bougent plus. Mon cœur est en train de ralentir à cause du froid. Ce froid qui s'insinue doucement en moi par mes vêtements déchirés et humides, pleins de boue et de sang.

Pourtant, j'ai la possibilité de réagir. Mais je ne veux pas. Cela me ferait trop mal de tenter quoi que ce soit parce que mon corps est détruit et frigorifié. En fait, je ne me rappelle plus, comment je suis arrivée là. Je... C'est le noir total. Je crois que j'étais en train de courir et que je suis tombée. Enfin bon. À quoi cela sert-il de réfléchir. Je pourrais me demander pourquoi je courais ? Vers où j'allais ? Mais bon, je ne me souviens de rien. Je ne sais pas comment je m'appelle ni quel est mon âge. Mes mains n'ont pourtant aucune ride donc je ne dois pas être vieille. Mais peut m'importe. Cela me fatigue de chercher dans mon esprit embrumé.

Je crois que je veux juste mourir, mais comment faire ? Car si je reste sans bouger, ma mort sera longue et douloureuse alors que je souhaite que ma fin soit rapide et sans douleur. J'essaye donc de me lever. Mes genoux grincent et ma tête tourne lorsque je me retrouve debout. Je m'écroule par terre incapable de rester sans appui aussi longtemps que ces quelques secondes. J'avais raison, c'est trop douloureux de faire le moindre mouvement. Mais pourtant, si je veux mourir et rapidement, je dois bouger.

Je me relève une seconde fois et, j'arrive à marcher. Mon corps se tord de douleur tant l'effort que je lui impose est rude. Mais je tiens bon. C'est drôle, je n'ai pas la force pour vivre, mais je la trouve pourtant pour marcher vers ma mort. Et je continue d'avancer, insensible à la douleur de mon corps que j'apprends à ignorer. Je sais qu'il s'éteint à petit feu et cela ne me fait pas peur. Je marche pendant ce qui me semble des heures alors que ce ne sont sans doute que des minutes. La noirceur des bois dans lesquels je me trouve me fait voir des monstres affreux et mon imagination travaille sans relâche pour que la peur participe à mon malheur. Je trébuche souvent, mais je ne tombe pas. Soudain, je vois enfin ma porte de sortie.

Je vois une falaise. Je m'approche et je commence à trembler. Elle est très haute. Pourtant, ma décision est prise. Je m'approche du rebord. Je me balance lentement d'avant en arrière, défiant pendant quelque temps la mort. Mais, une bourrasque me précipite dans le vide. Et, lorsque je tombe, j'entends quelqu'un pousser un cri. Un cri puissant, plein de tristesse et d'amertume. Ce cri, oui, ce cri dit quelque chose. Quelque chose, qui me semble être mon prénom.

"C'est un peu tard." Je pense ; tandis que mon corps dégringole vers ma mort tellement méritée.  

ImpossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant