Ma belle enfance

A l'école 2.

Un lourd silence s'installa, suivi de chuchotements d'abord indistincts puis des mots précis se firent entendre: ennemi, espion, tuer le Christ.... Mlle G rétablit le calme avec sa délicatesse coutumière, en hurlant des "Taisez vous bandes d'imbéciles", en tout cas une variation sur le même thème.
Et ce ne fut plus jamais pareil!
La boîte de Pandore était ouverte, il n'y avait plus qu'à endurer.
Les récréations au lieu d'être un moment de pain au chocolat et de quatre coins ponctués de joyeux gloussements ne furent plus que brimades et isolement.
Quand la cloche, à 10 heure sonnait, le coeur serré, elle se dirigeait vers les portes fenêtres qui donnaient sur la cour, et attendait ensuite assise seule sur un banc, la cloche du rappel.
Elle ne pouvait pas, comme elle l'aurait souhaité rester en classe, G. le défendait.
Car G. était favorable à l'aération des poumons, à se dépenser, en effet, elle aimait les sportifs, les personnes actives et dynamiques. Elle était prof de sport. Aussi.
Elle regardait avec indifférence, la solitude de son élève, et à quelques reprises, témoin des exactions que celle-ci subissait, G. n'était pas intervenue. Elle devait penser sans doute, que c'était une bonne leçon de vie. Et puis ce n'était qu'une youpine en fin de compte.
Si les récréations étaient une torture, que dire des heures de sport.
Son seul réconfort était qu'elle n'était pas l'unique récipiendaire des humiliations que faisait subir G. Celle-ci, avait en grippe, tous ceux qui ne sautaient pas assez haut, ne courraient pas assez vite, et qui ne grimpaient pas la corde.
Elle ne sautait ni ne courrait comme Goumain l'exigeait, mais elle grimpait et le faisait mieux que personne. Alors, et pour ne pas avoir à admettre cette supériorité, quand il y avait corde au programme, elle et les deux autres souffre-douleur étaient mis sur le banc de touche.
En classe, elle n'était jamais interrogée, surtout pas quand elle levait le doigt. Elle continuait à lever le doigt, par réflexe, mimétisme ou peut-être par incompréhension ou pour résister.
Ses notes étaient très moyennes.