Flocons Glacés

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            FLOCONS GLACÉS

       Dans le creux de ses rides, moi j'ai trébuché

«Parfois, il arrive que la mort soit une issue. La seule porte de sortie, la seule option dans ce labyrinthe qu'est la vie, où notre raison se perd et où notre cœur se déchire : s'échapper vers le ciel pour ne plus jamais redescendre, tout en attendant patiemment que les autres nous rejoignent.» -Lyne

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                Espérer, croire, rêver, imaginer, créer... Tous ces mots pourraient très bien être réunis, résumés, en un seul : s'échapper.

              S'échapper.

S'échapper de ce monde qui devient de plus en plus petit au fur et à mesure que notre population augmente, s'échapper de cette société qui nous juge constamment avec son regard pesant et réprobateur alors qu'elle-même n'est qu'une anarchie taboue, s'échapper de cette réalité qui nous empoisonne, qui nous emprisonne et qui nous tue à petits feux... S'échapper.

Se libérer de nos chaînes, de toutes ces règles que nous ne comprenons pas, de tous ces mensonges qu'on nous déclare comme des certitudes, de toutes ces promesses qu'on nous fait et qui ne sont pas tenues, de tous ces critères d'excellence qui ne valent rien, de toutes ces espérances sous-entendues, totalement irréalisables, d'une perfection qui n'existera jamais... Briser tous les préjugés, les faux-semblants ; éliminer toutes formes d'injustices, quelles qu'elles soient.

S'échapper et crier, hurler, à l'Univers nos souffrances cachées, nos désillusions déprimantes, nos secrets, nos rancœurs et nos rancunes, qui nous blessent et qui nous brisent ; en les fuyant ensuite, courant nous-mêmes après un idéal impossible.

En effet, ce n'est parce que le monde ne peut pas attendre de nous d'être parfaits mais nous pouvons lui demander de l'être. Au contraire. Car le monde n'est que l'ensemble d'entre nous, luttant tous contre la vie, le temps et la mort.

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               Fidèle au poste, comme toujours assis sous mon cher pont, pelotonné dans un vulgaire morceau de tissu, je laisse les minutes s'écouler à leur rythme, la pluie glisser sur moi et quelques rayons de soleil furtifs me caresser la peau. Je respire et je souris, heureux d'être encore en vie, heureux de ne pas encore avoir les orteils endoloris. Heureux d'exister et de ne pas avoir de problèmes de santé. Je dépose un baiser sur mon pendentif en forme de croix, que je possède depuis la naissance, mon seul bien réel.

Dans ma situation, la foi est bien la seule chose qu'il me reste.

Je me lève et, ne me souciant plus de certains rires ou commentaires sur mon passage, je marche, l'attendant.

Elle. La lueur.

Je ne l'aperçois que de loin et elle n'a ni de réelle forme ou de nom, elle n'est qu'une lumière qui m'éclaire et qui m'aide à avancer.

Elle me fait espérer, ce qui n'est pas donné à tout le monde. C'est elle qui me raccroche encore à cette Terre car j'en ai bien besoin.

Je l'attends, fredonnant une quelconque mélodie, tandis que la foule s'aggrandit, que les gens me bousculent sans pourtant me voir réellement.

Personnellement, je la trouve effrayante, la foule. Elle est une énorme masse difforme et noire qui m'aspire et où je ne suis plus sûr d'être Louis mais plutôt un individu parmi tant d'autres, un pion du Destin qui finira toujours par tomber.

Elle me donne l'impression d'exister comme un spectre pourrait le faire mais pas de vivre. La différence entre les deux est ténue mais bien présente. Et cela change tout.

Je regarde la journée défiler, simple spectateur invisible et silencieux.

Elle n'est toujours pas là.

Quoique, le brouillard gène ma vue et je me surprends parfois à l'imaginer surgir dans la brume, parfaitement imparfaite. Humaine. C'est tout ce dont j'ai besoin.

J'attends et je me dis que le bonheur est peut-être tout simplement de savoir qu'un jour nos blessures guériront, et non pas ne jamais en avoir.

WINTER TRAPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant