« L'ivresse, c'est le dérèglement de tous les sens »
Arthur Rimbaud
Je crois qu'après presque dix-huit ans d'existence dans ce monde, je peux enfin affirmer que les gens sont des moutons. Chacun peut penser ce qu'il veut, mais c'est la seule conclusion possible. Comment peut-on affirmer que l'on aime les boites de nuit ? Que l'on aime danser au milieu d'inconnu dans un espace aussi petit qu'une boite de conserve ? Je pense qu'ils font ça pour suivre la tendance, parce que c'est cool. Il suffit sans doute que l'un d'eux décide de se jeter d'un pont pour que dans la seconde d'après, on organise une séance de saut sans élastique collective, « rendez-vous au fond du ravin surtout » ! Mais pourquoi suivre la tendance ? Je n'aime pas les boites de nuits. Et pourtant aujourd'hui Kara me demandait de l'y accompagner.
- « Ce sera comme un baptême ! Ton ticket d'entrée dans la vie d'adulte ! Bon sang tu vas avoir 18 ans Cass ! » m'avait-t-elle dit un matin.
- « C'est complétement débile, tu sais très bien que je suis déjà adulte depuis longtemps ! C'est justement le problème, depuis trop longtemps... » je répliquai en grimaçant.
- « Arrête de chipoter, c'est hautement symbolique, tout le monde passe par la ! C'est une sorte de rituel d'initiation. Alors tu vas faire comme tout le monde et pécho un mec que tu ne connais pas dans un canapé au fonds de la salle du Kube », dit Kara ironique. « En plus Madame Betsy m'a donné son accord. Si tu veux considère ça comme une occasion de fêter ton installation avec Hadel ».
J'adorais ma meilleure amie mais de temps en temps elle était exaspérante. Malgré tout, l'expression qu'elle abordait sur le visage ne me laissait pas le choix. Je savais qu'elle m'en voulait de quitter l'orphelinat si tôt avec mon petit frère Hadel. Elle était née en fin d'année et en ce sens ses dix-huit ans n'arrivaient que dans quatre mois. Mme Betsy, la directrice de l'établissement, était stricte quant aux règles de départ de l'orphelinat, la majorité était exigée. Lorsqu'on avait la chance, comme mon frère d'avoir une grande sœur, alors on pouvait espérer se retrouver à sa charge et sortir un peu plus tôt que prévu mais ce n'était pas le cas de Kara. Toutefois, je lui avais promis de l'héberger dans mon nouvel appartement lorsqu'elle aurait 18 ans, on avait tellement rêvé d'une sorte de collocation.
- « Bon, c'est d'accord », je cédais. « Mais juste une seule fois et pas longtemps parce que je ne veux pas laisser Had tout seul dans l'appart jusqu'à je ne sais pas quelle heure. Et puis je vais être épuisé par le déménagement ».
Kara me sauta dans les bras en criant :
- « Merci, Merci, merci ! Ne t'inquiète pas nous serons de retour avant qu'il ait pu dire pouf ! ».
Je ne pus réprimer un rire. « Pouf » ?
- « C'est oufKara, Pas pouf. L'expression c'est « avant qu'il ait pu dire ouf » », énonçai-je, hilare.
- « Ouais, c'est pareil... ». Elle me regardait avec un sourire que je connaissais trop bien, celui du : arrête de penser que tu sais mieux que moi espèce de chipie.
On se mit à rigoler toutes les deux. J'aimais ce trait de caractère chez elle. Elle était impulsive et disait ce qui lui passait par la tête. Même si je me souviens que ça n'avait pas toujours été un avantage, au moins elle ne se laissait pas marcher dessus. Sur ce dernier point nous étions similaires mais j'avais plutôt tendance à me cacher derrière une agressivité de façade, une répartie à tout épreuve. En réalité, j'étais quelqu'un de relativement peu intéressante il fallait le dire. Kara avait du caractère alors que je faisais clairement semblant d'en avoir. Enfin bon, parfois ça semblait marcher.
VOUS LISEZ
Trois milles six cents fois par heure
FantasíaQue l'on soit croyant, athée, orthodoxe, chrétien, juif, musulman, bouddhiste, Hindou, on a tous envie de croire aux histoires mythique. Car Zeus est tout puissant, Aphrodite est belle à tomber et Apollon est un incontestable charmeur. Les Dieux...