Chapitre 2

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Les sanglots longs

Des violons

De l'automne

Blessent mon cœur

D'une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l'heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

Et je m'en vais

Au vent mauvais

Qui m'emporte

Deçà, delà,

Pareil à la

Feuille morte.

Verlaine, Chanson d'automne


La lumière était abondante dans la salle, elle m'explosait littéralement les yeux. Je ne savais pas si le bâtiment était en feu mais il y avait autour de moi un épais brouillard. Je distinguais vaguement la silhouette d'un homme (ou peut-être une femme ?). Sa voix résonna dans l'espace :

            - Si tu bouges, il est mort !

            En fait, il y avait deux êtres dans mon champ de vision. Je ne voyais pas leur visage mais je pouvais discerner la forme de leurs corps entremêlés. Le premier se tenait debout et semblait tirer quelque chose : les cheveux de la personne à ses pieds. On entendait ses gémissements sourd, presque muets :

            - Cassandra, ne fait rien, je t'en prie. Si tu acceptes je te jure que je ne te le pardonnerais jamais, chuchota-t-il.

            La personne qui était en position de force devant le chuchoteur ne semblait rien entendre. S'était comme si les murmures résonnaient dans ma tête, me traversaient le corps. J'étais là, dans cette immense salle, immobile, seule face à des ombres. Je souhaitais juste prendre mes jambes à mon cou et foncer vers le panneau « sortie de secours ». Mais je ne fis rien car je n'étais plus maître de rien, j'étais à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de mon corps. C'était comme dans les films où le personnage principal dans le coma arrive à se libérer de sa prison charnelle pour se balader, telle une âme en peine, dans le centre hospitalier : une torture à voir.  Soudain je me surpris à prendre la parole :

            - Tu n'es pas obligé de faire ça... C'est moi que tu veux, pas lui. Il n'y est pour rien dans cette histoire, annonçais-je d'une voix menaçante.

            J'avais changé, profondément. Jamais je n'aurais employé ce ton avec quelqu'un ! Cette Cassandra m'était complètement inconnue.

            - Ça, tu me laisseras en juger, dit la personne debout. Je t'aimais bien Cassandra, crois-moi, ça me fait extrêmement de peine d'avoir à faire ça !

            D'un coup il attrapa le cou de l'être à ses pieds et le brisa d'une seule main. Un craquement retentit et le corps s'effondra par terre, mort.

            Une douleur immense se propageait dans mon organisme. On me transperçait le corps de million de petites aiguilles aiguisés. Mon cœur, mon ventre, mes yeux... Je tombai à genoux et poussai un hurlement, ma bouche forma un prénom :

            - Hadel !

            Non ! pitié non ! tout s'effondrait autour de moi. La salle s'embruma et sur le sol, le corps d'Hadel disparut. La lumière se changea en noir complet.

Trois milles six cents fois par heureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant