Rencontres inquiétantes

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Un crissement continu résonnait dans la campagne Transpennsylvanienne. C'est la vieille charrette du domestique bossu de château de Sanguinoslu. L'homme fit claquer les guides et son cheval, maigre et efflanqué comme son cocher, accélèra péniblement. Au bout de trois kilomètres parcourus, l'attelage arriva enfin à sa destination : le charmant petit village semi-abandonné de Commerscu. Le bossu arrêta son compagnon équin, l'attacha au poteau de bois pourri prévu à cet effet, et s'engouffra dans l'épicerie locale. Il y acheta des salaisons et ressortit sans prêter attention aux regards dégoutés des villageois. Il faut dire qu'il n'était pas un prix de beauté, mais malgré ces tares, il ne se plaignait pas. Son maitre était bien pire. L'homme monta dans son véhicule et partit en direction du château où il passait durement ses heures de labeurs à satisfaire les besoins de son châtelain excentrique.

Alors qu'il arrivait au tournant du vieux moulin, célèbre pour ses accidents d'attelage et ses meurtres lycanthropiques, il aperçut une silhouette d'apparence humaine. Que diable ferait un humain dans ce lieu aussi tard dans la nuit ? Il s'approcha, s'arrêta à hauteur de l'ombre et comprit alors qu'il s'agissait d'un jeune homme. Un touriste à l'évidence. Rainfield réfléchit et s'adressa de sa voix grave et rocailleuse, au voyageur :

 - "Que faites-vous donc dans ces lieux, si tard dans la nuit, jeune homme ? ». 

Hector Pratt tenta vainement de baragouiner en Gourmain mais ses mots s'étranglèrent dans sa gorge, faisant passer ses phrases pour un gargouillis digne du plus acide des estomacs. Il reprit alors en anglais : « Je recherche une chambre pour dormir. Pouvez-vous m'en indiquer ? ». 

Rainfield, qui dans ses jeunes années avait étudié l'Anglais à l'université, lui répondit dans un style des plus académiques : « L'auberge du village a brulée il y a deux mois mais mon maitre a certainement une chambre pour vous au château, si vous le voulez bien sûr ». 

Le jeune accepta avec plaisir, sans se soucier de l'état de la charrette qui tombait en ruine ou du meneur qui avait la peau tellement pâle et blanchâtre qu'il semblait être déjà prêt pour la tombe. L'attelage s'ébranla et continua sa route sur le chemin de terre cahoteux en direction de sombres terres.


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Au détour d'un chemin, Hector découvrit les sommets fortifiés et crénelés des tours qui semblaient appartenir à un château ou à une place-forte. Il se tourna vers son compagnon de route et lui demanda l'identité des tours. Mais Rainfield garda un silence d'outre-tombe. Le jeune voyageur se demanda s'il était bien en vie. Il ne lui manquerait plus que tomber sur un mort-vivant ! Le véhicule avançait lentement mais finit par arriver sur une petite route qui semblait être bien mieux entretenue. 

Au bout de quelques kilomètres, le chemin déboucha sur une grande clairière avec, au centre, un imposant majestueux château de type Néo-post-goth-hyque. Cet à ce moment que Rainfield brisa son mutisme habituel en disant : « Nous y voilà. Vous avez devant vous le célèbre et antique château de Sanguinoslu. Il appartient à la famille de mon maitre depuis des dizaines de générations. ». Il ajouta : « J'ai juste une chose à vous préciser à propos de maitre : il déteste l'ail. N'en parlez, ni lui montrez en jamais ou il rentrera dans la colère la plus effroyable que vous avez jamais vue. Et ne vous étonnez pas de son comportement ou des ses habits, c'est un excentrique. »

 Hector lui demanda alors : « Quel est donc le nom de votre maitre ? » Rainfield sembla réfléchir et répondit finalement : « Il se prénomme Flat Drako mais tout le monde dans la région l'appelle Darkula ». Hector ravala sa salive et se demanda bien le sort que son destin allait lui réserver ...

Les rocambolesques péripéties de Darkula et son acolyte RainfieldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant