9. Celle qui dépassait les bornes

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_ Elle ne va pas s'en tirer comme ça ! Fulmina Blanche en faisant les cent pas dans la salle de classe vide.

Les deux adolescentes avaient disposées les tables en cercle pour préparer la réunion, disposé des pâtisseries et des assiettes, afin d'attendre l'arrivée des autres qui ne saurait tarder. Aurore avait prit place à l'intérieur du cercle supposé glorifier la magnificence de leur leader : Blanche. Si l'adolescente adorait sa meilleure amie, elle ne pouvait également que constater son orgueil démesuré et son ambition sans limites. 

_ Je pourrai demander son renvoi pour m'avoir giflé, poursuivis son amie dont la peau claire commençait à virer au cramoisi. Je pourrai même porter plainte ! Après tout, j'ai des dizaines de témoins.

Aurore laissa échapper un soupir désespéré tout en continuant d'appliquer le vernis noir sur ses ongles. Ce n'est que lorsque l'ombre de Blanche vint obscurcir sa planche de travail que la jeune femme releva paresseusement le menton.

_ Tu m'écoutes au moins ? S'époumona-t-elle en plantant des poings rageurs sur ses hanches.

_ Comme si j'avais un autre choix... Grommela la blonde avant de continuer plus fort. Ne te formalise pas pour ça, après tout tu l'as cherché cette baffe. Tu as été odieuse. 

Les lèvres rouge sang de blanche s'entrouvrirent juste avant qu'elle n'abatte violemment ses poings sur les tables. Son visage gonflé par la colère s'approcha dangereusement de celui d'Aurore, et un murmure inquiétant s'échappa de sa gorge :

_ Comment tu peux dire ça alors que tu sais parfaitement qu'elle a commis l'impardonnable : on ne touche pas au mec de sa meilleure amie. Sous aucun prétexte ! Surtout quand la dite meilleure amie sort avec ce garçon depuis aussi longtemps et qu'elle est autant...

_ Amoureuse ? La coupa brusquement Aurore en arquant un sourcil dubitatif. Ne me fais pas rire s'il te plait. Adam et toi n'allez pas du tout ensemble. C'est comme si... Vous n'étiez pas fait l'un pour l'autre.

Blanche marmonna dans sa barbe avant de tourner les talons. Sa chevelure de jais virevolta dans son dos avant de venir recouvrir le chemisier blanc, uniforme obligatoire de l'Institut Molière. Elle l'avait boutonné jusqu'au col et rehaussé d'un foulard écarlate. De son côté, Aurore avait décidé de le customiser à sa façon : les trois premiers boutons défaits, les poches recouvertes de tissu de brocart sombre et les manches retroussées. 

Une fois la peinture de ses mains terminée, Aurore examina avec fierté le résultat. Puis, lentement, elle sortit de sa poche un paquet de cigarette, prit l'une d'elle et l'alluma. Elle tira une bouffée, puis deux, pour finalement se retrouver englobée dans un nuage de rébellion.

_ Qu'est-ce que tu fais ? Hurla soudain Blanche. 

Son amie traversa la pièce d'un pas décidé, retira la cigarette de la bouche d'Aurore et l'écrasa sur le bord du bureau. Après avoir ouvert les fenêtres de la salle de classe, elle s'assit à côté de la jolie blonde. 

_ Qu'est-ce qui se passe ? Tu es devenue complètement folle ? Si Marret entre ici c'est le renvoi assuré. Je ne te suis plus depuis quelque temps. Tu sembles... Distante, ailleurs. Raconte-moi. C'est encore ta mère qui te mènes la vie dure ? 

Aurore sentit sa gorge se nouer, son estomac se comprimer. Elle avait envie de se confier à Blanche, mais les mots semblaient mourir sur ses lèvres, la laissant complètement muette. Ce n'était pas seulement la nouvelle lubie de sa mère qui la dérangeait, les cours de couture, de piano, d'équitation, de chant, de cuisine qu'elle devait prendre pour devenir la parfaite épouse qui la minait. L'idée de n'être qu'une monnaie d'échange afin de s'élever dans la hiérarchie sociale la rebutait. L'idée de devoir un jour céder aux avances de cet avorton de Philip la dégoutait. 

Malheureusement le choix ne s'offrait pas à elle. Alors, quoi de mieux pour se venger de l'emprise de sa mère que de la mettre hors d'elle ? Aurore voulait se faire prendre, voulait se faire renvoyer afin de faire payer à sa famille les pots cassés. Mais elle ne dit rien, tint sa langue et se contenta d'hausser les épaules. 

_ Arrête, pas à moi, je sais que cette sorcière peut vraiment être maléfique parfois.

_ C'est étonnamment juste, ricana Aurore. Tu n'aurais pas pu trouver mieux pour la désigner, mais ce n'est pas ça. J'en ai marre d'être la parfaite petite fille de bonne famille, de rester dans le rang et de me contenter de plaisanter sur de sois-disant aventures. J'ai pas envie de faire carrière dans le journalisme ou quoi que soit d'autre, et encore moins d'être une future femme au foyer, mariée à un ringard boutonneux. Je veux m'amuser !

Blanche sourit et opina doucement du chef : 

_ Dans ce cas la soirée de rentrée de Samedi sera la parfaite occasion ! Je suis certaine que ça va être génial et que ça va te changer un peu les idées.

Une réception guindée à laquelle les professeurs sont conviés et supposés bavarder de l'avenir des élèves de leurs promotion, remarqua la blonde pour elle-même, pas vraiment ma définition de fiesta... Pour ne pas froisser son amie, elle acquiesça et sourit gentiment. Toutefois, elle ne promit rien quant à l'état dans lequel elle viendrait à cette soirée. 

Discrètement, Aurore ouvrit son sac de cours et sortit une petite boite contenant des pilules colorées : des anti-dépresseurs. Elle les avait trouvées dans les affaires de sa mère, mais ne s'était encore jamais décidée à en prendre une. Dès que Blanche eu le dos tourné, elle s'en saisit et l'avala aussitôt. Il était trop tard pour faire marche arrière à présent. 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24, 2016 ⏰

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