La coloc des super héros : épisode 1

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Super héros ou super zéros


Salut, je m'appelle Théobald Merono.

Vous vous dîtes quel prénom à la con. Vous n'avez pas tort, mes parents avaient été pour le moins inspirés. Je venais d'avoir vingt-quatre ans et du haut de ma massive carcasse, je faisais preuve d'un cynisme affligeant, mais assumé. Célibataire depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, je ne suis pas des plus social, je n'aime pas les enfants et mon charme reste bien caché derrière un rideau de cheveux trop longs.

La journée avait été longue et je sortais du travail d'un pas morose.

Chaque jour, je m'y rendais à reculons pour subir les remontrances d'un chef qui ne m'arrivait même pas au milieu de la poitrine. Et chaque jour je résistais à l'envie de l'enfoncer dans le sol d'un coup sec sur le crâne. Mon Iphone 10 en main, je me fourrai les écouteurs dans les oreilles et envoyai la musique pour penser à autre chose. Mais avant même d'atteindre l'entrée du métro, un impact assourdissant manqua d'expulser mon cœur hors de la poitrine.

La façade d'un bâtiment vola en éclat et des débris s'effondrèrent sur la chaussée. Parmi les badauds paniqués, un homme hurla, la jambe écrasée par un énorme bloc de pierre. Je choisis d'ignorer le pauvre bougre pour privilégier ma propre survie. D'un bond de côté, j'évitai de nouvelles retombées et courrai me mettre à l'abri derrière un 4×4 flambant neuf. On avait déjà vu plus courageux, mais je tenais avant tout à sauver ma peau.

Haletant, je tentai de réguler ma respiration tout en levant le nez en l'air. Les pieds dans le vide, une silhouette recouverte de cuir noir flottait dans les airs et s'engouffra dans le bâtiment. Son macabre emblème dans le dos, une tête de mort sans bouche, ne laissait aucun doute sur son identité. Au son de coups de feu et explosions, la présence du tristement célèbre Black Blast provoqua une vague de frayeur. Seuls restaient les plus téméraires, leur téléphone pointé sur le trou béant au troisième étage de l'immeuble.

Je devais partir d'ici, et vite. Mais avant même que je me redresse, un terrible choc ébranla la voiture, me projetant au sol dans un concert de verre brisé. Bras au-dessus de la tête, je me protégeai tant bien que mal. Puis, lentement, j'étirai le cou pour regarder par dessus le capot. Je reculai vivement. Un homme, où ce qu'il en restait, avait traversé le par brise. Son corps gisait désarticulé et je préférai détourner le regard de tout le sang qui en découlait.

Mais qu'est-ce que je foutai là!

Sans un regard en arrière, je pris mes jambes à mon cou.


Ah oui! J'ai oublié de vous prévenir.

Nous étions le 21 mars 2027 et depuis six ans le gène OXI-32 avait été découvert, octroyant d'étranges pouvoirs appelés « méta ». Au cours de l'année suivante, les premiers « oxis » apparurent parmi la population. Aux États-Unis, des super héros surgirent alors hors de la fiction des films et des bandes dessinées. La tendance gagna rapidement le reste du monde et il en fut de même pour la plus terrible des menaces, les méta-criminels.

De retour chez moi, j'avisai aussitôt mes colocataires:

_ Hé! Y'a quelqu'un? Vous ne devinerez jamais ce que j'ai vu! Hé Ho!

Pas de réponse. Je déposai mon sac à dos au pied du canapé et me ruai sur le frigo. J'avais besoin de réconfort et ma gorge sèche m'avait torturé tout au long du trajet. Au moment où j'ouvris la porte, une main apparut soudainement, virant au quart de tour selon un angle impossible. Elle se saisit de la dernière bière sous mon nez et je la regardai s'échapper, impuissant.

La coloc des super hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant