Ils marchaient sur un petit chemin, les uns derrières les autres. Ils se tenaient par la main, comme des gosses, des gosses perdus. Mais ils souriaient. Ils marchèrent une dizaine de minutes avant d'arriver dans une clairière. La nuit était tombée, il faisait noir. Valentine, qui était devant, sortit une lampe de son sac, une grosse lampe puissante qui éclairait tout devant elle. Ils virent l'échelle tombant du ciel. Alors ils levèrent la tête et aperçurent une cabane, là-haut dans les branches. Ils souriaient en comprenant où ils allaient. Killian attrapa la lampe des mains de sa sœur avant de la diriger pour que cette dernière puisse monter. L'échelle de corde pliait légèrement sous son poids. Barreau après barreau elle montait, lentement, tranquillement. Arrivée en haut elle éclata de rire et sa voix résonna dans le calme:
"- C'est con hein mais vous avez des têtes de fourmis!!"
Tous éclatèrent de rire devant sa joie.
"- Attention au seau!!"
Un seau tomba du ciel, accroché avec une corde. Il heurta le sol dans un bruit métallique. Killian mit la lampe, encore allumée, à l'intérieur alors que sa soeur commençait à tirer sur la corde. Le seau s'élevait lentement dans le ciel, le rayon lumineux caressait les hautes branches feuillues. Lorsqu'il fut à portée de main Val l'attrapa et le posa à ses pieds. Avec la lampe qu'elle avait récupérée elle éclaira l'échelle afin que tous la rejoigne. Zoé se lança, puis Paul. Adrien aida Marie à s'élancer, partant à sa suite. Clara suivit tout comme Noémie. Lucas, anxieux, posa son pied sur le premier barreau seulement lorsqu'il vit Maya atteindre le sommeil, ne voulant pas la laisser. Tom précéda Killian qui partit en dernier. Tous réunis.
La cabane était grande, plutôt spacieuse, des grosses couvertures multicolores avaient été sorties. Des dizaines de coussins, quelques doudous. Une table, au centre de la pièce, sur laquelle reposaient des boissons, des gâteaux et des bonbons, sortis d'un placard à côté de la porte. Ils s'étaient installés là et avaient recommencé à parler. Paroles pêle-mêle, venant de toutes les bouches, un joyeux brouhaha, quelques mots, écrits, pour Marie, parlant des rêves de chacun.
"- Faire le tour du monde.
Avoir des gosses.
Gravir l'Everest.
Me débarrasser des géniteurs.
Faire du parapente.
Devenir majeur pour partir avec la sista'.
Voyager.
Faire le tour du monde.
Aller à New-York.
Devenir chef d'orchestre.
Monter sur le toit d'un building.
Avoir une licorne domestique.
Devenir pilote de chasse.
Apprendre à cuisiner.
Regarder les étoiles sur la Lune.
Voir la statue de la Liberté en vrai.
Faire de la musique.
Partir à l'aventure.
Sauter en parachute.
Partir au Japon, en Espagne.
Voir le coucher de soleil sur les cinq continents.
Trouver une maman.
Être heureuse.
Heureux c'est bien ouais.
Apprendre à vivre.
Vous voir sourire.
Vous voir heureux.
Vivre."Ils s'arrêtèrent, souriants. Clara demanda:
"- Vous pensez qu'on y arrivera?? Qu'on arrivera à sourire, à être heureux, à vivre?? Tous..."
Personne ne répondit. Répondre revenait à prendre le risque de la décevoir. Et il n'y a rien de pire que la déception. Cela vous tire vers le sol, vous fait sombrer, vous achève si vous êtes déjà au plus bas. Une promesse brisée fait des ravages. Alors personne ne prit ce risque. Le silence, pesant, prit place, tous se sentirent coupable de ne pas la rassurer, de briser l'un de ses rêves. Elle qui avait dit qu'elle voulait apprendre à vivre. Ils le voulaient tous mais elle l'avait formulé. Comment pourrait-elle apprendre à vivre seule?? Sans exemple, sans soutien?? Elle ne pourra pas. Elle le comprit à cet instant et elle ne put retenir l'unique larme sur sa joue. Tous se sentir brisé, brisé car ils avaient fait naitre cette envie. La cadette pensait que tout était possible, ils l'avaient fait rêver. Mais rien n'est éternel. Elle le comprit. Déçue, elle se coucha et couvrit son visage d'une couette violette. Personne ne parla. Ils se regardaient tous, dépités. Finalement, d'un commun accord ils se levèrent et s'approchèrent de la jeunette. Ils la découvrirent et la prirent dans leurs bras. Une voix parla, résumant ce que tous pensait:
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Venez on part
De TodoIls sont onze: six filles et cinq garçons. Abîmés par la vie ils apprennent à vivre. Ils se livrent et se soutiennent. Questions après questions, promesses après promesses. L'impossible devient possible lorsqu'on y croit.