Chapitre 4 ~

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Quand je repense à ces moments d'insouciance qu'était l'adolescence, je revois les larmes, les sourires, les promesses vite oubliées, les cœurs d'enfants brisés. Un jour, tout était innocent bien que certaines choses étaient perverties bien trop tôt. L'enfant veut toujours tout, trop vite, trop tôt, tout de suite! Un caprice auquel les parents n'ont pas cédé est un cadeau, une crise à laquelle les parents n'ont pas pu résister est une facilité. 

***

Je me revois encore, assis sur les genoux de ma mère. Je fêtais à peine mes seize ans. On n'est pas bien vieux lorsque l'on a que seize ans non? La première fille dont j'étais tombé amoureux, Fer, venait de me quitter, après un an et demi de relation, pour un autre. J'avais le coeur brisé. Tous les projets, que j'avais déjà imaginé ont été tout simplement jetés en vrac à la poubelle. J'étais si jeune, et pourtant en moi, tous mes rêves de grand amour étaient pulvérisés. Elle m'avait laissé, je n'étais pas assez bien pour elle. Elle le préférait lui. 

Elle ne voulait plus être avec moi. 

Elle voulait être avec lui. 

Ils étaient ensemble. 

J'étais tout seul. 

Honteux, je me réfugiais dans mon cocon, sous ma couette, me sentant protégé du reste du monde. Je me sentais de nouveau invincible, invisible aux regards malveillants, loin de leur bulle de bonheur. Je broyais du noir, et avais laissé quelques larmes de rage strier mes joues. 

Ce fut à ce moment-là que ma mère rentra dans ma chambre. 

Elle connaissait bien Fer car, avant de devenir ma petite amie, elle était ma meilleure amie depuis l'enfance. De plus, nos parents étaient très liés. 

Elle s'assit sur le bord de mon lit, et tira ma couette. 

Je voulus me cacher, trop gêné, trop malheureux! ll était hors de question qu'elle me voit ainsi! 

-Va-t'en! hurlai-je.

-Mikey...soupira-t-elle. 

-Sors de ma chambre! criai-je encore plus fort. 

Cette colère sourde me permettait de cacher cette peine si lourde qui me détruisait. 

-Mon bébé, regarde-moi! chuchota-t-elle. 

Désarmé par son ton, je me tournai vers elle. Elle me faisait un grand sourire,et me tendait ses bras. 

Alors, le petit garçon, enfoui en moi, se précipita dans les bras de sa maman. Je la serrai fort. J'avais mal! Très mal! Pourquoi je ressentais cela? 

-Mon tout petit! soupira-t-elle. Tout va bien. Tu vas voir, ça va passer... Le temps guérit les blessures!

-Mais, maman... Maman, je ne pourrais jamais aimer de nouveau! Je ne pourrais jamais me remettre de cette rupture! ça fait trop mal! Maman,... maman ça fait si mal! 

Elle me serra encore plus fort contre elle. 

-Mon bébé... Ne t'inquiète pas! Fais confiance à maman! 

Je laissai les larmes couler à flots, et lui permis de me consoler. Nous restâmes un long moment enlacés. Mère et fils. 

La crise passée, de sa main, encore si douce, elle caressa ma joue. 

-Mon chéri, le premier amour... Le premier amour n'est pas toujours le dernier. Il existe trois amours dans une vie: le premier amour, l'amour avec qui tu t'engages, l'amour de ta vie. Parfois, il arrive qu'une personne soit ces trois amours à la fois, mais d'autres, non! 

-Mais maman j'étais amoureux d'elle! ça va durer pour toujours! Regarde-toi! Tu es encore amoureuse de papa après plus de trente-cinq ans de mariage. 

-Mon Mikey, quand tu grandiras, tu découvriras, qu'il y a une différence entre être amoureux, et aimer. L'un est un état, un moment, un sentiment, un non-choix, alors que l'autre, est un engagement, un choix, une action...

-Tu n'es plus amoureuse de Papa? 

-Mike, ce que je suis en train de te dire, c'est que je suis tombée profondément amoureuse de ton père, comme lui de moi. Ensuite, nous nous sommes engagés, par les liens du mariage, à nous aimer, pour la vie, quoi qu'il arrive! Alors, oui dés fois le sentiment amoureux, au bout de trente-cinq ans, est un peu creux, semble s'effilocher, ou même avoir disparu. Mais, en fait, c'est juste à toi d'entretenir cette flamme, de parler, et surtout à ne pas te rendre à la première difficulté. Il y a des hauts et des bas, mais je te promets, que tous les hauts, valent cent mille fois plus que les bas...

 -J'ai peur maman...

-Peur de quoi mon Mikey? 

-Maman, j'ai peur de retomber amoureux...

-Oh mon bébé...

Elle me serra de nouveau. Elle était tout ce dont j'avais besoin en cet instant. Maman.

***

Cette peur n'était finalement pas infondée, puisque quelques années après, je tombai fou amoureux de Valentina Zenere, avant de me retrouver seul au monde, avec une petite fille...

Maintenant, que je repensais à ce que m'avait dit ma mère ce jour-là, j'étais fixé.

Fer avait été mon premier amour, Emma l'amour d'engagement, et Valentina l'amour de ma vie...

Michael & Valentina - L'ultime AdieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant