Chapitre 4 : Jour J.

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- Anna ce n'est pas juste tu fais toujours le rôle de la gentille, ai-je bronché.

Ma petite sœur a rigolé, me montrant toutes ses belles dents blanches qui ornaient son magnifique sourire d'ange.

Mes parents nous regardaient jouer, ils étaient heureux. On était tous heureux. Ça aurait du s'arrêter là, le temps aurait dut se stopper à cet instant précis où les sourires étaient présent. Parce-que la suite ne faisait pas sourire, peut-être les non juifs, mais ceux qui l'étaient, ils sont devenus d'autres personnes. Des personnes terrorisées. Des personnes qui n'arrivaient plus à être heureuse.

C'est triste, de ne plus pouvoir être heureux. De devoir forcer pour sourire ou rire. De te dire qu'au final tout est perdu et on va tous mourir, alors à quoi bon ?

Quand la Gestapo est arrivée dans l'immeuble le matin du 16 juillet, c'était horrible.

Des cris, des pleures d'enfants ou de mères dépitées. Ces dernières, si désespérées ce jetaient du haut de leurs toits, pour partir sans souffrir. C'est peut-être ce que j'aurais du faire, après tout.

Mon père avait tord, mais je ne lui ai pas dit. Car il le savait, ce n'était pas la peine de parler, mes yeux lui disaient tout.

« N'emmener que le strict minimum » Ordonnaient-ils.

Anna, elle, avait peur. Elle nous demandait sans cesse s'il elle allait mourir, je crois que je ne l'écoutais même plus tellement j'étais prise dans les événements qui ce passaient autour de nous. Tout l'immeuble juif ce faisait arrêter, tous devait « N'emmener que le strict minimum ».

Je suis allée dans la chambre d'Anna et moi, j'ai pris quelques t-shirts, quelques pulls, puis j'ai jeté un œil vers Anna qui ne bougeait plus à présent, mais me regardait.

- Anna, fait ta valise. Ai-je ordonné.

Aucune réaction.

- Anna ! Criai-je.

On aurait dit que son âme était partie, et qu'il restait que son corps, inerte. Je me suis approchée d'elle, j'ai mis mes mains sur ses épaules puis je l'ai secouée :

- Anna on n'a pas le temps de jouer !

Ses pupilles sont redevenus normal, puis elle les a plongées dans les miennes. Son regard rempli de peur avait reprit le dessus. Droite, gauche, droite, gauche. Elle regardait autour d'elle, ne sachant pas quoi faire, hésitant entre sauter de la fenêtre pour partir loin ou faire sa valise comme je le faisais.

- Sautons ! On leur échappera ! M'a-t-elle assurée en regardant la fenêtre.

Comment une gamine de 8 ans pouvait-elle articuler ses mots ?

- Ne dit pas de bêtises Anna, fait tes affaires. Prends Monsieur Mouton.

Monsieur Mouton était sa peluche depuis qu'elle est née, jamais Anna ne l'avait quitté. Avec l'âge elle était devenu un peu sale perdant sa couleur blanche mais restait douce et mignonne.

Voyant Anna qui ne bougeait pas, j'ai décidé de faire sa valise moi-même. J'ai prise cette dernière sous le lit, puis je l'ai jeté sur le matelas. J'ai ouvert notre armoire en bois claire, où ma petite sœur avait essayé de dessiner un petit chat, puis j'ai pris des vêtements chaud et d'autre moins. Anna étant frileuse, j'ai préféré la préparer à toute éventualité ne sachant pas où on nous emmènerait.

Un homme de la Gestapo est entré dans la pièce, l'air énervé et nous a regardées.

- Plus vite que ça, a-t-il ordonné.

L'homme était vêtu d'un uniforme noir, avec un petit col orné de bandes blanches. Sur son bras gauche il portait un brassard rouge avec une croix gammée. A sa taille, il avait une ceinture noire, et aux pieds des bottes noires. Sur sa tête, se dressait un chapeau avec une visière. Il devait avoir chaud en cette journée d'été.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? A-t-il demandé en posant son regard sur la peluche de ma petite sœur.

- C'est Monsieur Mouton, il est juif lui aussi, a-t-elle lâchée.

J'ai trouvé ça drôle mais l'homme pas vraiment. Aucune émotion sur son visage, c'était un visage pâle. J'avais peur qu'il lui dit qu'elle ne peut pas prendre sa peluche, mais il n'a rien fait de cela. Alors Monsieur Mouton faisait partit de l'aventure.

Quand j'avais finis la valise d'Anna, je l'ai prise et je l'ai déposée dans le salon avec la mienne. Mes parents étaient dans la cuisine et fourrait dans leurs sacs quelques gâteaux et des bouteilles d'eau.

Dans l'appartement voisin, j'ai entendu quelqu'un tomber par terre.

- Schneller ! Plus vite !

Cette phrase n'arrêtait pas de se répéter un peu partout, dans chaque appartement, dans l'escalier, dehors et dans la pièce où toute ma famille était.

- On a finit, a déclaré mon père.

Les deux hommes en noir ont ouvert notre porte, et nous ont ordonnés de sortir de l'appartement.

Le monde en dehors de notre habitat était horrible, pesant. Des tas de juifs, nos amis, nos voisins, courraient dans les escaliers, valises et sacs à la main. De nombreux bébés pleuraient, de nombreux enfants criaient.

- Vorwärts. Avancez.

- Vous ne voyez pas que pleins de personnes sont devant nous ? A osée répondre ma mère en regardant l'homme droit dans les yeux.

L'homme en noir a giflé ma mère, Anna a crié, mon père commençait à avoir un regard remplit de haine.

- Un ordre est un ordre. Personne ou pas je m'en contre fou. VORWÄRTS ! AVANCEZ !

Mon père a serré ma mère dans ses bras, puis on a avancez, percutez des gens, marché sur les pieds des autres. Je tenais fermement la main d'Anna, afin de ne pas la perdre parmi la foule.

Arrivé dehors, la braise m'a caressé la joue. J'ai regardé à ma gauche, une femme était étalée par terre, une marre de sang en dessous de la tête. Elle a sauté du toit... J'ai immédiatement mis ma main sur les yeux d'Anna, en l'ordonnant de ne pas regarder à gauche.

- Gut ! Bien ! Nous allons descendre la ruelle puis prendre le bus. Je ne tolérerai aucun enfui. Nous a sourit un membre de la Gestapo en réajustant sa visière.

Quand on a descendu la ruelle, une épicière et son mari était dehors. Ils n'étaient pas juifs et prenaient un malin plaisir à nous regarder s'en aller pour de bon.

- Bon débarra ! Criait-elle.

Elle était vêtue d'un tablier rose, où tombaient ses cheveux blonds. Le cliché de la bonne allemande. Son mari hochait la tête et souriait également. Je lui ai lancé un regard noir, je n'avais qu'une envie : lui trancher la gorge. Elle n'en avait pas marre cette dame, de nous insulter ? De nous rire au nez ? Et si les rôles avaient été inversés, et que c'est elle qui avait dut faire ses affaires ou qui avait choisit de sauter du haut d'un immeuble ?

- On va où ? Ai-je demandé à mon père.

- On suit la Gestapo, on verra. M'a-t-il répondu.

Un frisson m'a parcouru. Où allons-nous ?

C'est maintenant cette question qui se répétait dans ma tête. 

Ne me lâche pas. [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant