Chapitre 7

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Bien sûr que j'ai déjà vu des voitures mais je ne suis jamais montée dedans! On sort souvent de l'institut mais jamais en voiture, c'est souvent dans des charrettes tirées par plusieurs chevaux. Notre directrice dit que la voiture pollue trop et que seul les idiots irrespectueux, c'est-à-dire les garçons, conduisent des voitures. Être dans une voiture est une sensation plutôt étrange, ça bouge beaucoup! Mais j'adore pouvoir observer le paysage, il défile à une vitesse, qui mélange les couleurs, n'en faisant qu'un long spectre coloré à ma droite. Éric m'ouvre la fenêtre et je sors le bras puis mon visage, étant fouetté par le vent. La vitesse ne me permet pas de prendre de grandes goulées d'air mais suffisamment pour que je reste la tête dehors 5 minutes.

Je crois sourire comme une débile car Éric m'observe, fasciné comme si il observait un animal très rare.
Je décide de rentrer la tête dans la voiture et de refermer la fenêtre avec le bouton qu'il m'a montré. Il me regarde toujours, fasciné et amusé.
-Quoi? Pourquoi tu me regardes comme ça?
Je lui fais mon plus beau, mon plus grand et mon plus sincère sourire car je suis, en cet instant, super heureuse.
-Rien.
-Nan! C'est pas vrai?! C'est la première fois que t'emmène une fille d'une institution dans ta voiture?!
-Ouais un peu...
C'est pour ça qu'il passe ma réaction au peigne fin!
-Tu n'as jamais parlé à des filles toi non plus avant Moi?
-Si, plusieurs, les évadées des instituts.
-Il y a des évadées sur cette planète??
-Oui, ce sont les personnes qui refusent de se plier au système. Donc ils ne font partient d'aucunes institutions. Ils vivent dehors, cachés. Je traîne beaucoup avec ces filles.
-Oh...
Je reçois comme une petit décharge, je ne suis pas la première qu'il voit... Je dois avoir l'air tellement idiote à côté de ces autres filles qu'il connaît! Elles doivent tout connaître, elles ne sont sûrement pas aussi ignorantes de la vie que Moi!
-D'ailleurs, je ne t'ai même pas demandé où est-ce qu'on allait!?
-Justement, je vais te faire rencontrer ces filles, et même d'autres hommes. Sache que, nous, les hommes, nous nous considérons comme des évadés, même si nous sommes dans une institution. Nous enfreignons les règles tous les jours.

Comme il vient de le faire avec Moi, il a enfreint une règle... Je me demande si il m'a prit avec lui comme une sorte de défi... Si c'est le cas, ça fera très mal à entendre... Sauf que je n'ose pas lui demander... J'ai trop peur de la réponse. Mais au fond, je sais aussi pourquoi je suis dans cette voiture!
-Okay... Moi aussi... J'ai décidé de venir avec toi pour enfreindre les règles...
Autant être honnête avec lui, vu que j'aimerai qu'il en fasse autant.
-Qu'est-ce qui te pousses à vouloir enfreindre les règles?
Il fronce les sourcils et m'observe quelques secondes avant de reporter son attention sur la route.
-Tu te souviens de tes années passées avant tes 4 ans?
-Non, comme tout le monde!
-C'est parce que le système nous les a volés! Il nous efface nos souvenirs jusqu'à nos 4 ans! Ils nous ont fait subir je ne sais quelles horreurs!
-Pourquoi tu dis ça?!
-Parce que je les ai surpris en pleine action!
Je lui raconte l'épisode de la petite fille sans pouvoir m'arrêter, sans pouvoir m'empêcher de rentrer dans les détails, et sans pouvoir m'empêcher de verser quelques larmes.
Je vois son visage passer de l'incompréhension au dégoût et puis à la colère.
-Qui sait ce qu'ils t'ont fait à toi!... Ou à Moi!
-J'ai bien raison de soutenir les évadés! Quels connards! Quel connard de système!
Il défoule sa colère en tapant sur le volant violemment, ce qui me fait sursauter.
-Excuse-moi. On est arrivés...
Je tourne la tête et observe l'immense maison pommée dans les bois. Alors ils se cachent ici?!
La maison fait au moins le double de l'institution, c'est incroyable! Et elle est tout en bois, comment peut-elle passer inaperçue?!
Éric sort de la voiture et vient m'ouvrir la portière, voyant que je ne bouge pas.
-Suis Moi!
Je reste encore assise quelques secondes à contempler cette maison, qui m'inspire sérénité et mystère et je me lève enfin pour sortir.
-Combien d'évadés vivent là dedans??
-Plus de 200 personnes.
200 personnes qui n'ont pas à se plier au système! Wouaaah...
-Mais que deviennent-ils à leur 18ans?? Ils ne sont dans aucunes institutions!
-Oh mais si, seulement tous les jours ils ne sont pas dans l'institution, ils fuguent et soit ils rentrent le soir soit le lendemain mais ils ne restent pas ici plus de 2 jours d'affilés. C'est leur manière à eux de contrer le sytème.

On s'approche de la maison et entrons sans même toquer. Un brouhaha s'empare des lieux, avec de la musique et beaucoup de jeunes. Les rires fusent, l'alcool aussi... On est en pleine journée quand même... Les gens ont l'air de bien s'éclater... De ce que je peux apercevoir, la maison est séparée en 18 pièces. Il y a quelques chambres mais qui sont plutôt vides. 7 jeunes regardent la télé, dont une fille et un garçon qui se roulent des pelles sur le canapé.
-Y a des chambres... Dis-je tout bas mais visiblement trop haut puisqu'Éric me regarde et se tourne vers eux avec un petit rire.
-Hey Franck! Tu t'es trouvé un bon coup ce soir!?
Le garçon sur le canapé retire sa langue et fait un clin d'œil à Éric avant de reprendre son activité sensuelle.
-Ici, tous se fais en public et personne n'en est gêné.
-Quoi?! Ils... Ils font tu sais quoi en public??
Il se régale de ma timidité et me regarde tendrement. Il se rapproche de moi et cale une de mes mèches de cheveux noires derrière mon oreille.
-Tu veux savoir si ils baisent en public?
Je rougis jusqu'aux oreilles, sentant son souffle chaud se rapprocher dans mon coup. "Baisent" ... Je n'aime pas ce terme, c'est tellement peu romantique...
-Hm... Oui...
Je le lâche dans un soupire, me rapprochant inconsciemment de lui, comme hypnotisée. Il émane quelque chose de lui, qui m'attire et me met en confiance.
Il approche ses magnifiques lèvres de mon oreille, et lorsqu'il les bougent pour parler, elles me chatouillent.
-Il y a des chambres juste en haut, tu veux voir?
A moins d'être idiote, j'ai totalement capté son invitation.
Ses lèvres douces frôlent mon cou, et y déposent un baiser qui se fait très délicat.

Cette action me fait soupirer un "ah" d'excitation. Je me colle encore plus à lui, le suppliant de réitérer son action. Je lui fais clairement comprendre que j'accepte sa proposition.
Il glisse sa main au creux de mes reins et me tire vers lui, me dévorant du regard. Il plante ses yeux verts dans les miens, et m'adresse un sourire qui se vaut coquin.
Il s'apprête à poser ses lèvres chaudes sur les miennes, étant prient tout les deux dans le feu de l'action, quand nous sommes interrompus par une fille qui se plante devant nous et se racle la gorge.
-Je vous dérange??
Sa voix méprisante m'hérisse les poils, la détestant d'avoir couper cet instant.
-En l'occurrence oui, t'es aveugle?! M'énervai-je
Surprise par ce que je viens de dire, je recule et pousse doucement Éric.
Il m'adresse un dernier sourire avant de se tourner vers l'autre.
-Cajha, heureux de te voir aussi.
-Tu fais quoi avec elle là??!
Je me rappelle le moment qu'on vient de passer et je rougis, devenant rouge comme une tomate. Je ne sais pas ce qui a bien pu me passer par la tête, je ne suis pas une fille facile normalement!
-Arrête un peu, on s'amusait juste.
-Alors qu'elle s'amuse avec quelqu'un d'autre qu'avec mon copain!
Elle insiste bien sur le "MON", mais je reste encore choquée par la révélation. Il a une copine?! Qu'est-ce qui m'a pris bordel de faire ce que j'ai fais?!? Je ne me suis même pas contrôlée! On aurait cru une pute!
-Excusez-moi, il faut que j'y aille...
Je m'enfuie le plus vite possible, mais Éric retient mon poignet. Je me tourne vers lui et je sais qu'il comprend le message que je lui envoie à travers mes yeux :"Tu l'as trahie, tu n'aurais jamais dû me laisser faire ce que j'ai fais".
Je tire violemment sur sa main et forcer de lâcher, il s'approche de moi pour essayer de m'encercler de ses bras. Mais je le repousse avant même qu'il ai pu me toucher.
Et je me fond dans la foule, espérant qu'il n'essaiera pas de me poursuivre.

Un amour impossible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant