Chapitre 2

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Mon cœur rate un battement ou peut-être plusieurs... je suis bien trop sous le choc pour y faire attention.
–Comment ! ? Mais ça va a l'encontre de tout ! On ne peut pas en voir avant d'être sur une autre planète !
-Un peu de tenue jeune fille, gardez votre sang-froid!
Elle se fout de moi?? Comme si tout le monde ne l'avait pas entendu le perdre dans le couloir au téléphone!
-D'après moi Charlotte, tu es la fille la plus sage de cet institut. C'est pour ça que je t'ai choisi pour aller chercher ces livraisons.
Je reste de marbre, essayant d'assimiler cette nouvelle. J'allais rencontrer un homme...
–Mais tu as des règles très strictes: ne pas lui parler, ne pas le regarder, ne pas lui sourire. Tu dois faire comme si il n'était pas là!
-Oui madame.
-Et ne parle de cette affaire à personne !
Je n'ai jamais rien caché à Muriel... Ça va être très compliqué.
–Je commence quand ?
–Demain matin, tu récupéreras la livraison, l'emmènera à la cuisine et tu reprendras ton emploi du temps. Il arrivera à 7h.
–Bien madame. Puis-je aller rejoindre Elisa dans sa chambre ?
–Oui. Vous pouvez y aller.
Je ne me fais pas prier et m'enfuie. Je vais rencontrer un homme bon sang! La première de tous les instituts ! Je sais que je ne respecterai pas les règles, je serais obligée de le regarder. C'est évident !
Par contre, je n'ai aucune idée de comment expliquer à Muria pourquoi je me lève à 6h30... Tant pis, j'improviserai !
Maintenant, il faut que je rejoigne Elisa, sinon elle va croire que je l'ai laissé tomber.

J'entre sans toquer et la cherche des yeux. Elle s'est endormie dans son lit... Je m'approche pour la border et lui donne ses doudous, que je coincent entre ses bras. Je prends un papier, un crayon et lui écris un mot signalant que je suis passée.  je referme doucement la fenêtre et tire les rideaux. Puis, je m'en vais pour  mon cours d'histoire.

-Excusez-moi madame Lasbit pour mon retard.
Je m'assied rapidement à côté de Muria et sors mes affaires.
–T'étais où ?
–Désolée, j'étais passée voir Elisa.
–T'es pas rentrée avec elle ?
–Non...
–Silence !
Madame lasbit, tu me sauves la vie !
je n'avais aucune idée ce que j'allais lui dire. Je me plonge dans le cours essayant d'éviter l'interrogatoire de Muria.

-Chacha! Tu peux m'aider pour l'exercice 67 ? Je comprends rien...
Je m'approche de son bureau et lis le document qu'elle doit analyser. J'attrape ma chaise et m'assieds à côté d'elle.
–C'est simple ! La cause, c'est que les hommes ont violés toutes les femmes du village. Il faisait ça à chaque fois qu'ils conquéraient un territoire. Muria affiche un air de dégoût tandis qu'elle prend des notes.
–Merci Cha! Au faite, ça te dirait de faire le mur ce soir?
-Non, j'ai pas la tête à ça. En plus je me lève tôt demain!
Merde! C'est sorti tout seul... Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? ! Je la vois qui fronce les sourcils... Je suis foutue...
–Pourquoi ça ?
–Eh bien...
Allez, un peu de créativité !
–Parce que je pars faire un footing !
Génial... Elle sait que je suis la fille la moins sportive du monde! Bordel de cul...
–Charlotte... Tu ne fais jamais de sport ! Je ne comprends pas... Tu ne me cache jamais rien d'habitude...
Je vois bien qu'elle se sent rejetée... Et ça me déchire les entrailles de lui mentir mais c'est pour sa propre sécurité. Je ne veux pas et ne peux pas la mettre en danger. Je pose mes mains sur ses épaules et me baisse vers elle.
–C'est pour toi que je fais ça! Si je ne te dis rien, c'est pour toi et moi!
–Je peux me protéger toute seule !
Je retire vivement mes mains comme si ces épaules m'avaient brûlées et m'allonge dans mon lit avec un livre à la main.
-Muria, ce n'est pas discutable.
Elle repousse violemment sa chaise, se lève et s'arrête à l'embrasure de la porte, se tournant vers moi.
–On ne sait jamais rien caché, faut croire que notre amitié prend un nouveau tournant...
Sur ce, elle claque la porte, laissant un très lourd silence dans la chambre. Je pose mon livre et prends ma tête entre les mains pour me masser. Je me demande avec qui elle est partie faire le mur... Elle aura sans doute aucun mal à me remplacer. Mieux vaut que je me couche maintenant, je me lève tôt demain. Je me mets en sous-vêtements et me glisse sous les draps . Je me cale le dos contre le mur, et m'étire en baillant avant de me rouler en boule. Un frisson de confort me traverse et mes paupières deviennent lourdes.

J'enfile rapidement une robe rouge satin. La plus belle de toute ma garde de robe. Elle traîne légèrement derrière, le bas étant en un tissus doux comme de la soie et brillant comme si on avait incruster des étoiles. C'est une robe bustier avec corset, extrêmement cintrée. Et elle mets en valeur mes quelques atouts.
Mes mains qui tremblent, m'empêchent de faire correctement un trait d'eye-liner. Au bout de la cinquième tentative, il est parfait. Je mets un peu de fond de teint, le rendant bronzer. J'applique un rouge à lèvres pourpre faisant ressortir mes yeux verts.
J'applique quelques autres petites touches de maquillage faisant ressortir l'éclat de mes boucles ébènes. Je jette un dernier regard à mon reflet, et satisfaite de mon travail, je sors. Tout le long du chemin, je vérifie que personne ne me voit, il faut que je reste discrète.

Me voilà en face de la porte, qui, si je la pousse, je verrai pour la première fois un homme... Mais je n'arrive pas à me résoudre à l'ouvrir. Je pose ma main tremblante sur le métal froid de la poignée et la baise difficilement, comme si c'était un effort sur-humain. Les muscles de mes bras sont bandés... Je respire à fond et pousse la porte.

Un amour impossible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant