Chapitre 2

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Tous les matins, je m'assois au même endroit, dans le même hall et il vient s'assoir en face de moi alors qu'il y a plein de place. Tu peux comprendre que ça me dérange ? Bon d'accord, ça ne me dérange pas plus que ça finalement, je l'écoute qu'à moitié de toute façon. Là il est en train de déblatérer sur une série que je ne connais pas et qu'il veut absolument que je la regarde. Pourquoi il veut que je la regarde ? C'est inutile les séries. Ce n'est pas comme la musique ou un bon livre qui te transportent ailleurs. La télé ça abrutit.

Je lève mon regard vers lui et je le fixe, il a un truc entre les dents mais je n'ose pas lui dire. J'espère qu'il va comprendre par mes yeux qu'il a bout de croissant sur sa dent.

-Pourquoi tu ne me dis pas tout simplement que j'ai un truc entre les dents ? Fin tu vois, à voix haute ?

Tu crois qu'il lit dans mes pensées ?! Non calme toi, il a juste deviné grâce à ton regard. J'hausse les épaules, un peu gêné et lui rit, tout simplement. Pourquoi il rit ? Moi aussi j'ai un truc entre mes dents ? Non ce n'est pas possible, je me suis brossé les dents avant de partir et je n'ai rien mangé depuis. J'ai un truc bizarre sur mon visage ? Lui aussi il me trouve bizarre ? Pourquoi il se lève ? Qu'est-ce qu'il fait ? Il va me frapper pour ne pas lui avoir dit qu'il avait un truc entre les dents ? Pourquoi il s'assoit à côté de moi ? Bordel il sent bon...

-Tu n'as pas beaucoup d'amis pas vrai ?

Je baisse la tête sur mon livre pour reprendre ma lecture mais au lieu de ça, il prend mon livre pour le poser sur la table. Je le fusille du regard. Pour qui il se prend ? Si j'ai envie de lire, laisse moi lire ! Je crois qu'il voit dans mon regard que ça ne me plait pas, mais il a ce côté impertinent sur son visage qui m'énerve et j'ai bien l'impression qu'il n'est pas du genre à lâcher l'affaire aussi facilement.

-J'ai une amie.

Je reprenais mon livre, il a sa réponse alors maintenant, il devrait me laisser tranquille. Mais non, il reprend mon livre pour le reposer sur la table. Je réprime un soupire mais je ne masque pas mon agacement. Ma mère, Charlotte et Gemma m'ont toujours dit que même si je ne m'exprimais pas, mes yeux le faisaient pour moi.

Il a l'air amusé par la situation en tout cas car il a un sourire au coin de la bouche et bordel qu'il est beau. J'aime les hommes, je l'ai toujours su mais lui, lui... Il est juste à couper le souffle. Je suis sûr que même les hétéros sont hypnotisés par lui et rient aussi facilement que les filles en chaleur.

-Elle s'appelle comment ton amie ?

-Charlotte.

-Elle est jolie ?

-Tu ne l'approches pas.

-Je suis gay, alors elle est jolie ?

-Oui.

-Tu l'aimes ?

-Je suis gay.

-Je ne t'ai pas demandé si c'était en amour mais c'est intéressant à savoir.

Je suis complètement décontenancé, il a réussi à me faire parler et même à me faire dire que j'aimais les hommes alors que ce n'était pas sa question. Il me déstabilise, je n'aime pas ça du tout. Et puis c'est quoi ce « c'est intéressant à savoir » ? Tu crois que je lui plais ? Sinon il ne dirait pas ça pas vrai ? Il me drague, il doit draguer tout le monde je suis sûr. Je récupère mon livre, il est l'heure pour moi d'aller en cours.

-Content d'avoir eu cette conversation avec toi Harry. Tu vois que tu peux parler.

Je ne me retourne pas, il m'agace.

Après les cours, je rentre chez moi immédiatement, ce midi, je me suis plongé dans mon livre et j'en ai oublié de manger. Du coup j'ai vraiment faim. Heureusement, c'est l'heure du goûter. J'ai beau avoir 21 ans, je tiens toujours à mon goûter. Après deux bonnes tartines de Nutella et un bon jus d'orange pressé, je demande à Lottie de venir me rejoindre. Comme d'habitude, elle rentre comme si elle était chez elle, salue ma mère et monte immédiatement me voir. Elle s'assoit sur mon lit et moi je reste debout.

-Ce mec m'énerve, ce matin il n'arrêtait pas de m'enlever mon livre des mains pour que je parle alors que je ne voulais pas parler. Pourtant ce con il a réussi à me faire parler, je lui ai même dit que j'étais gay, tout ça parce qu'il m'a demandé si je t'aimais. En plus ce n'était pas sa question, il n'a pas tort, j'ai été bête parce que l'amour peut se manifester de différente manière. Et tu sais quoi ? Lui aussi il est gay ! Non mais franchement c'était quoi la probabilité que le seul mec qui me parle soit gay ? En plus je crois qu'il m'a dragué, je ne suis pas sûr à cent pour cent mais il a dit que le fait que je sois gay est intéressant. Non mais tu crois ça ? En plus tu sais ce qu'il m'a dit quand je suis parti ? « Tu vois que tu peux parler ». Comme si je ne savais pas parler ! Bon c'est vrai que je ne suis pas du genre à beaucoup parler mais je parle, pas vrai Lottie ?

Elle me regarde, elle mord sa lèvre inférieure et à les yeux brillants. Elle ne se retient plus longtemps avant d'exploser de rire. Elle se lève et me prend dans ses bras en disant que je suis mignon mais je ne comprends pas pourquoi. Tu crois qu'elle est malade ? Ou bourrée ?

-Il te plaît n'est-ce pas ?

-Quoi ? Mais je n'ai jamais dit ça !

Je m'offusque. Ok ce type est beau, il est même canon et putain qu'il sent bon, mais après ce n'est que physique et moi, je ne regarde pas que le physique. Je ne sais pas, je suis un peu perdu et Lottie m'assoit sur mon lit.

-Certes, tu ne l'as pas dit, mais c'est tout comme. Je te connais Harry, à chaque fois que quelqu'un te plait, tu parles sans t'arrêter. C'est comme si cette personne t'active un bouton « ON » à l'intérieur de ton cerveau pour que tu parles alors que crois-moi, tu n'es pas du genre à parler beaucoup.

Et merde...

-Et pourquoi il m'agace alors ?

-Parce qu'il te sort de ta zone de confort et que tu n'aimes pas ça mais tu verras, ça te fera du bien. Laisse toi aller.

J'hausse les épaules, pas très convaincu par ce qu'elle vient de me dire. On s'allonge tous les deux sur mon lit et me demande le prénom de ce garçon, je lui réponds simplement que je ne veux pas lui dire pour l'instant car la connaissant, elle irait l'espionner. Elle avoue que j'ai raison et donc elle n'insiste pas.

-Et j'aime quand tu aimes quelqu'un, tu es plus ouverts, tu parles plus, tu ris plus, tu souris plus. J'ai l'impression de retrouver le Harry que j'ai toujours connu...

On se regarde un instant, je vois de la nostalgie dans ses yeux et ça m'attriste parce que je me rends bien compte que je ne suis peut-être plus l'ami qu'elle veut... C'est vrai qu'à une période, j'étais toujours joyeux, j'étais même assez populaire au lycée mais le temps avance et les gens changent. Je lui donne un léger coup d'épaule pour détendre l'atmosphère, elle sourit puis après elle me parle de ses péripéties de la journée. Je l'écoute qu'à moitié car je me perds encore dans mes pensées mais cette fois, elles ne sont consacrées qu'à Louis.

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