Chapitre 2

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Assise devant ce qui est ma tombe, je regarde depuis des heures mon nom sur celle-ci : Hani Olsen écrit dans de belles lettres dorées. Mon corps est à quelques mètres sous terre. Mon corps ou se qu'il en reste. Vingt ans ce sont écoulés et mon enveloppe charnelle est en décomposition avancée. Je prend quelques secondes à imaginer mon corps après ces quelques années sans vie. Que reste t-il ? J'imagine mon cercueil à moitié vide contenant seulement les os restant parmis ceux qui sont peut-être devenus poussière ainsi que la colonisation d'insectes en train de ce nourrir de ce qu'il peut rester sur mes ossements. Après ce qu'il me semble de longues minutes, je m'arrache de cette vision atroce et rebroue chemin jusqu'à la maison.

En rentrant dans l'appartement de Stephen, je découvre avec stupeur qu'il est vide. Déçue, je m'installe sur le canapé et l'attend sagement. Quelle heure est-il ? 19h35 ! Pourquoi n'est-il pas à la maison ? La peur au ventre, je ne lâche pas du regard la porte d'entrée. Et si jamais il lui était arrivé quelque chose ? Si il avait refait une de ces crises qui ont faillis lui coûter la vie ? Toujours le regard sur la porte d'entrée, je supplie Stephen de rentrer.
Dieu semble entendre ma prière car la porte s'ouvre en grand face à un Stephen les bras chargés de courses. Je soupir de soulagement et me lève pour l'accueillir. Je regrette de ne pas pouvoir le toucher sans être traverser car je l'aurais immédiatement enlacé.
Il dépose ses sacs et concentre son attention sur moi. Il hausse un soucil et m'interroge sur ma tête appeurée. Je lui explique alors ma frayeur et ce dernier me rassure en m'expliquant sa journée. Stephen me dit alors qu'il est tombé sur son ex femme qu'ils ont été boire un café. Je remarque une lueur étrange dans son regard quand il parle de son passé. Un moment de sa vie qu'il a toujours refuser de me parler. Je ne sais pas grand chose de Stephen ou seulement le nécessaire. Je n'ai appris qu'après un an de connaissance la mort de son père qui est partie à cause d'un cancer du cerveau. Ce jour là, j'étais au cimetière juste devant ma tombe comme cet après midi. Il était à quelques rangés plus loin et pleurait. J'ai d'abord été étonnée de le voir ici et je l'ai rejoint. Debout face à une tombe grise avec le nom de son père, Stephen lâchait sa tristesse tant refoulée.
En rentrant sur le chemin du retour, il a accepté de partager ce moment de sa vie mais arriver dans l'appartement, il n'a plus voulu en parler comme si ce souvenir était trop éprouvant. Aujourd'hui encore, il refoule un souvenir qui lui est blessant.
Je décide de changer de sujet pour apaiser l'atmosphère.

" Tu as donc été faire les courses pour réfléchir à ce moment fort en émotion ? Dis-je en rangeant quelques babioles qu'il venait d'acheter.

- Ou parce qu'il n'y avait plus rien à manger. Réplique Monsieur en prenant un sac.

- Tu ne fais que manger !

- Effectivement, je mange pour toi aussi. Je suis un bon ami.

- Ou tu aimes vraiment la nourriture, Réponds-je amusée."

Stephen acquièsce et fini de ranger, je le regarde faire et reprend la parole trop curieuse.

" Tu ne m'as jamais parlé de ton ex femme..."

Je sais que c'est un sujet à éviter mais j'ai envie d'en savoir plus sur lui. Il hausse les épaules dans le silence et part jusqu'à sa chambre pour échapper à notre discussion. Je le suis et le regarde en train de fouiller sa table de chevet.

" Si tu cherches un pistolet pour me tuer, je dois t'avouer qu'il est trop tard. Je suis morte !

- Ce n'est pas drôle, Hani ! La mort n'est pas un sujet avec lequel on peut rire. Me répond t-il quelque peu énervé.

- Je prend le loisir de le faire. Après deux décennies dans cette alternative de vie, je pense avoir le droit d'en rire..."

C'est à mon tour d'être énervée, je quitte la pièce et marche jusqu'à la porte d'entrée ou Steph' fini par me rejoindre.

Liaison ImpossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant