Chapitre 1

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La nuit était tombée, couvrant la ville d'un voile noir. Akamane était installé sur la banquette arrière de sa voiture. Son chauffeur était silencieux, comme toujours. L'homme regarda une nouvelle fois son portable où se trouvait le message lui affirmant que sa commande était arrivée et n'attendait plus que lui. Il sourit en silence. Voilà plus d'un mois qu'il avait commandé un loup à un marchand peu scrupuleux quant à l'origine de ses produits. Il avait dû se montrer patient, mais il allait l'avoir. Enfin, uniquement si l'animal lui plaisait. Il n'allait pas débourser une telle somme pour un loup affaibli ou blessé.

La voiture finit par se garer. Le conducteur vint ouvrir la portière de son patron. L'homme sortit de son véhicule, dépliant son mètre quatre-vingt-dix. Il était vêtu, comme à son habitude, d'un costume sur mesure. Le renflement du holster était visible sous la veste du smoking. Il n'eut pas le temps d'avancer qu'une femme s'approchait déjà de lui.

— Monsieur Taiku. C'est un véritable plaisir de vous voir ici.

La femme portait une robe fortement décolletée et très courte. Elle était taillée comme une Barbie, ce qui ne plaisait pas du tout à Akamane. Il ne pouvait supporter ce genre de femme qui se pensait irrésistible. Agacé par sa simple présence, ce fut froidement qu'il lui répondit :

— Passez-moi les préambules. Je ne suis ici que pour ma commande et je suis assez pressé.

La femme se tut un instant, mais se reprit fort vite. Elle avait une grande habitude des hommes du calibre de son client actuel. Elle afficha un sourire qui ne trompa nullement l'homme d'affaires.

— Bien sûr, Monsieur. Si vous voulez bien me suivre...

La jeune femme partit, suivie de près par Akamane. Ils arrivèrent rapidement dans un grand salon richement meublé. Pas de doute, le marchand était opulent et souhaitait le montrer.

— Si vous voulez bien patienter quelques minutes, je vous prie. Installez-vous et mettez-vous à l'aise.

Akamane s'installa sur l'un des fauteuils sans rien dire. La femme disparut prestement. Akamane ne resta pas pour autant seul longtemps. Un homme légèrement obèse arriva pour le saluer, mais il ne se leva pas et prit aussitôt la parole.

— J'espère pour vous qu'il n'a pas souffert durant le transfert. Je ne veux pas d'un loup à moitié mort.

— Il en va de soi, Monsieur Taiku. Il est magnifique, croyez-moi. Il a été un peu vaseux durant deux jours après l'anesthésie, mais il va parfaitement bien maintenant. En revanche, je dois vous mettre en garde : il est sauvage, mord vite et fort et il a tué l'un de mes hommes.

— Je vous ai commandé un loup, pas un caniche. Vos pertes ne m'intéressent pas le moins du monde !

Le contrebandier ne sut quoi répondre. La tension était palpable dans la pièce. Il souffla discrètement quand la porte s'ouvrit de nouveau sur la jeune femme.

— Votre loup vous attend dans l'entrée, Monsieur. Si vous voulez bien vous donner la peine.

Akamane se leva et se dirigea vers l'entrée sans se soucier de la jeune femme qui lui faisait les yeux doux. Il vit tout de suite une grande cage où un loup était enfermé. L'animal regardait partout autour de lui, ne comprenant visiblement pas où il se trouvait.

Akamane s'approcha pour admirer le canidé au pelage noir et aux yeux d'or. Il semblait apeuré, mais rien de plus normal. Pourtant, en y regardant bien, on pouvait voir qu'il était prêt à attaquer à la moindre occasion. Ses muscles bandés ne demandaient qu'à prouver leur force. Akamane n'en fut pas touché plus que de raison. Il questionna le vendeur sans même se retourner.

Un Loup DomptéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant