Chapitre 18

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*Point de vue d'Alisha*

J'étais à l'extérieur, admirant la vue du coucher de soleil. C'était probablement la seule chose de joli qui pouvait encore arriver ici.

Le monde s'écroule petit à petit, nous mourrons à petit feu.

Au fond, nous sommes tous déjà morts.

Plus personne ne vit. Le matin, on se lève en vitesse, on dort peu la nuit car on a peur qu'une chose ou l'autre ne se produise. La journée, on tente de vivre afin de pouvoir terminer ce qu'on a bâti. Le lendemain, ça recommence. On vit de sorte à être toujours vivant à la fin de la journée. C'est un des premiers buts à atteindre.

Noah a été transformé, l'eau était contaminée.

Rick fait de son mieux pour nous aider. Et pourtant, on ne lui a rien demandé. JE ne lui ai rien demandé.
Il persiste à vouloir m'aider et à me protéger. Je suppose que c'est la chose qui le maintient en vie, aider et protéger les autres.

''Hey.''

Je me retourne doucement en direction de la voix masculine qui venait de casser mes pensées.

''Salut Rick.''

Il reste immobile quelques secondes avant de venir s'assoir à côté de moi. Il recroqueville ses jambes vers lui et détruit un morceau de brindille qu'il venait de ramasser.

''Comment tu vas?''

Je lâche un long soupire de réflexion avant de répondre.

''Comme quelqu'un qui a perdu sa mère.''

Il me lance un regard de compassion, comme s'il tentait de me comprendre.

''... Tu sais... J'ai perdu quelqu'un de proche aussi. Ma femme, il y a peu de temps. Elle s'appelait Lori. C'était une femme très douce et affectueuse. Elle adorait les enfants.
On vivait à Atlanta, avec Carl. Elle voulait vraiment un enfant avant que tout ça se produise. L'arrivée de Carl a changé notre vie... Carl était très proche de sa mère. Il l'aimait vraiment beaucoup.''

''Je sais, et elle est décédée. Sans méchanceté, tout le monde va mourir de cette façon.''

''Carl a dû la tuer à l'arrivée de Judith.''

''Quoi?''

Il me regarde furtivement. Son regard n'était pas en colère, ni triste. Il était presque joyeux. Il était simple, calme. Sa phrase m'a fait comme un électrochoc. Un courant glacial qui m'a traversé le sang.

''Lorsqu'elle est tombée enceinte, on savait que l'enfant allait la tuer. Elle n'était pas en mesure d'accoucher. Elle était avec Carl et Maggie ce jour là, il avait à peine 13 ans. Judith est venue au monde, elle n'était pas prête à accoucher. Elle perdait beaucoup de sang, si le bébé ne sortait pas il mourrait. C'était soit elle, soit l'enfant. Alors Maggie a dû l'ouvrir pour faire sortir le bébé. Et Carl a dû tirer le coup de feu pour éviter qu'elle ne change de clan...''

''Je ne savais pas que... Enfin...''

''Personne ne le sait vraiment. Ça a été très dur pour lui et moi tu sais. Mais on l'a fait. On a tenu le coup, pour Judith et pour les autres. On ne vit plus, Alisha. On survit.''

''Pourquoi tu m'expliques tout ça?''

Il jette un regard au loin laissant quelques secondes de réflexion.

''Carl comprend ce que c'est de perdre sa mère. Le rejeter ne te fera pas te sentir mieux, pas si quelqu'un de bien tente de t'aider.''

''J'ai pas voulu le rejeter... C'est juste qu'il semble tellement... solitaire.''

Il soupire un petit coup.

''Oh nan.'' Rie le barbu. ''Carl n'est pas solitaire, il tente de le montrer, ou d'essayer. Au fond il a besoin des autres pour vivre, mais il ne le montre pas.''

''J'ai remarqué.''

''Maintenant, vivre seul est devenu un allez directe vers la mort, un TGV.''

Il fait un mouvement droit de sa main en direction de l'horizon.

''Je tenterai de m'en souvenir.'' Souriais-je.

Il m'adresse un petit sourire avant qu'un petit blanc ne s'installe.

''J'espère que tu iras mieux.''

''Ne t'en fais pas, Rick. Ça va bien aller.''

Il se lève et s'en va, me laissant seule face aux quelques dernières minutes de clarté ensoleillées.

La vie est faite de surprises. Un matin, on pense se réveiller, et trouver sa famille assise au tour d'une table, riant, partageant et savourant leur petit-déjeuner sous une musique matinale. Mais en vrai, quand on se trouve confronté à la réalité, nous ne sommes pas assis autour d'une table à partager un repas. Ça devient chacun pour sois. La vie est simple, mais on tente toujours de la rendre compliquée.

On ne vit plus, on survit.

Survivre pour demain, survivre pour sois, survivre pour tous les gens qu'on aime. C'est ça, le but présent, car qu'importe ce que l'on fait, rien ne se passera jamais comme on l'espère.

Ce n'est qu'un cauchemar sans fin, un rêve coulé dans le néant et perdu à jamais.

Dieu a baissé les bras depuis bien longtemps, laissant le monde à notre débrouille.

Nous ne sommes pas chefs de clan, nous sommes chefs de nous même, de notre propre survie.

Car au fond, nous sommes tous déjà morts...

Alisha And The Deaths(Inachevé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant