Deux.
Sa voix résonnait dans son esprit, affolée, ruisselante de larmes et de sanglots, presque chaque mot ponctué de profondes inspirations et de jurons entrecoupés par ses dents. Jungkook tenait son téléphone contre son oreille droite, vêtu de la veste dont il avait hérité, essouflé en courant à travers les larges rues de la grande cité. Il tournait la tête à chaque avenue, guettant les voitures ou les sources de lumière agressant sa vue déjà brouillée.
« Calme toi hyung ! J'arrive, arrête de pleurer ! »
C'était impossible pour le plus vieux, il déversait un torrent d'inepties sans nom, j-ai-pas-d-autre-choix, j-en-ai-marre, c-est-difficile-tu-sais. Le noiraud se sentait si proche de son aîné, mais pourtant si loin. Comme si il pouvait effleurer sa voix de ses propres doigts mais que la brise du mois de mars l'emportait de plus en plus loin, de plus en plus fort.
Il avait raccroché, Jungkook avait hurlé, profondément, s'arrachant la gorge et les tympans. Les personnes âgées hurlaient de leur balcon, leurs silhouettes étouffées par la nuit. Les chats de gouttières couraient à toutes pattes en se retrouvant sur le passage du jeune homme en peine. Il bifurqua sur la droite, ses pieds heurtant le trottoir pavé de plus en plus rapidement.
Mais c'était trop tard. Il vit cette masse informe se détailler au rythme du chemin qu'il parcourait. Ces cheveux sombres dans lesquels il avait l'habitude de laisser ses doigts jouer. Avant de sentir l'odeur âcre du sang lui chatouiller les narines. Il s'arrêta, tomba à genoux avant de laisser ses paumes s'échouer sur le flanc de son frère. Son estomac se retourna. Aucun battement ne faisait trembler les pauvres membres de l'homme au crâne fracassé.
Pris d'un sursaut, le noiraud se réveilla, lui et ses draps trempés de sueur.
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PAPER PLANE » hopekook
FanfictionOù Jungkook envoie des avions en papier sur le balcon d'en face. ©BLUSHWI | 2016