Chapitre 9

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Après leur baignade, ils sortirent tous dehors, autour d'une table, buvant en parlant de l'avenir. On faisait un tour pour que chacun dise ce qu'il comptait faire plus tard.

- Je veux aller dans le tourisme, dit Mia, mais je ne veux pas passer toute ma vie derrière des guichets, ce que je veux c'est le terrain, si on peut dire ça comme ça, présenter un pays quelconque, un lieu aux touristes comme si j'y avais toujours vécu.

- Et ce serait quoi le pays où tu voudrais aller ? s'interrogea Émeric.

- Honnêtement je n'en ai aucune idée, il y en a tellement !

Puis ce fut le tour de Malia, mais elle regardait ailleurs, par-delà la haie, car, tout comme eux, elle entendait un autre groupe de jeunes. Et de la terrasse où les autres étaient, il leur était permis de voir Malia, Pierre et tous les autres. Alors elle les regardait, ne se rendait même pas compte qu'elle avait froid. Ses cheveux mouillés lui donnaient un certain charme. Et, levant les yeux vers un ciel d'hiver dégagé où l'on voyait un croissant de lune, elle souffla ces vers :


Depuis le creux du berceau astral, tu es observé,

Et j'ai dans la tête quelques espoirs préservés.


- Tu as dit quoi ? lui fit Juliette juste à côté.

- Oh, se reprit Malia, non rien. Je divaguais.

- Et toi, tu veux faire quoi plus tard ? la sollicita Maxime.

Ils la regardaient tous.

- Je ne sais pas vraiment, rit-elle, gênée. Un truc qui me plaît, comme tout le monde, quoi.

- Allez, tu dois bien avoir quelques idées ?

Et elle ignorait que depuis le balcon de la maison où était l'autre groupe, elle était admirée. Ils étaient trois gars, et ils venaient de se taire, car l'un d'eux leur avait montré la maison, puis désigné la fille dans l'éclairage extérieur.

- Mon Dieu, ce qu'elle est belle, dit le premier qui était actuellement célibataire.

- P'tin, si elle me demandait de me mettre avec elle, j'accepterais de suite, fit le deuxième.

Et le troisième ne disait rien, il la contemplait avec retenue, mais il étincelait dans ses prunelles cet éclat puissant : il n'avait jamais vu une fille comme elle, comme Malia Ansel. Il espérait seulement qu'elle resterait longtemps dehors pour qu'il puisse la regarder, et si elle venait à rester toute la nuit, alors il serait prêt à faire de même, juste pour cette inconnue. Le premier, qui s'appelait Gaëtan, la prit en photo, puis la mit sur sa story snap, avec un petit commentaire : « Jamais vu une meuf comme ça ! ».

- On rentre les gars ? fit-il.

Le deuxième fut d'accord, ils ouvrirent la baie coulissante et, voyant que le troisième, Simon, restait assis, ils lui demandèrent :

- Tu ne viens pas ?

- Non, répondit-il, je vais rester là.

- OK.

Alors il demeura là. Depuis la hauteur de la terrasse, il la voyait parfaitement, se fichant bien de pouvoir être vu par elle. Justement. Il sortit une cigarette de son paquet, l'alluma, puis tira légèrement dessus, assez pour qu'elle ne s'éteigne pas. De l'autre côté de la vitre, Gaëtan et le deuxième garçon regardaient la télé. Et, de nouveau, il apporta la cigarette à sa bouche.


- Ce que tu aimerais être, c'est poétesse, non ? suggéra Pierre à Malia.

Elle sourit.

L'Esprit VolatilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant