Chapitre 2

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Le lendemain matin, à neuf heures moins cinq, le directeur, bien que conservant une attitude décontractée, se trouvait déjà sur le pied de guerre. Depuis son arrivée à l'école, son regard bleu ne cessait de se poser sur l'horloge murale qui agrémentait la cheminée ornant son bureau. Et de ce fait, son travail n'avançait pas.

Avec un soupir, il abandonna toute prétention à une quelconque activité, et se laissa aller en arrière contre le dossier de son fauteuil. Les yeux dans le vague, il se demanda pour la énième fois si l'un ou l'autre des deux Styles allait faire l'effort de répondre à son injonction, ou s'il allait bel et bien être obligé de renvoyer l'enfant pour trois jours. Une sanction qui ne manquerait pas d'humilier non seulement Jamie, mais aussi ses parents auprès du cercle mondain dans lequel ils évoluaient.

Louis était passé par là dans son adolescence, et il savait à quel point l'expérience pouvait être mortifiante, spécialement lorsque l'on était élevé dans un cadre rigide et conventionnel. Et il ne doutait pas que ce soit le cas pour le petit Styles.

À neuf heures pile, une véritable commotion se produisit de l'autre côté de la pièce, et Louis tendit l'oreille, intrigué. Une voix d'homme se faisait entendre, mais les paroles prononcées étaient inintelligibles. Il reconnut ensuite celle, haut perchée, de Pénélope, puis un coup bref fut frappé contre sa porte, et sans attendre de réponse, la jeune femme entra et referma derrière elle.

Ses yeux marrons étincelaient d'excitation.

-Boss! Harold Styles est là avec Jamie pour vous rencontrer, et il n'est pas content!

Louis haussa un sourcil intrigué.

-Vraiment? Il n'a pas apprécié l'ultimatum, sans doute? Ironisa-t-il.

-C'est le moins qu'on puisse dire! Et préparez-vous à un choc, patron! C'est un véritable canon...

Elle avait chuchoté la dernière phrase à voix basse, avec un air de chatte gourmande devant un pot de lait, et le directeur retint un sourire amusé. Au moins, cette fois-ci, avait-elle fait preuve de discrétion.

-Faites-les entrer, Pénélope.

Elle ouvrit en grand le battant tandis que Louis se levait pour accueillir ses deux visiteurs. Au premier coup d'œil, il se rendit compte que sa secrétaire avait tout à fait raison.

Harold Styles devait avoir la quarantaine, et la ressemblance avec son fils était incontestable. Des cheveux bruns longs, des yeux d'un vert profond –pour l'instant emplis de froideur- une mâchoire carrée et des traits qui semblaient taillés dans le roc, l'homme exsudait une virilité agressive à laquelle Louis se sentit instinctivement réagir. Le père de Jamie était exactement le genre de mâle à qui, en d'autre circonstances, le directeur aurait beaucoup aimé offrir un verre.

Et plus si affinités.

Sentant son cœur battre plus rapidement, Louis contourna le bureau pour s'avancer à sa rencontre, main rendue, tout en notant d'autres détails insignifiants, comme la manière dont le costume de Styles, visiblement fait sur mesure par un tailleur talentueux, faisait ressortir sa musculature de manière très flatteuse.

Louis déglutit et se força ç se concentrer. Il n'était pas là pour succomber au charme du physique avantageux de Styles senior! De plus, si l'on en croyait les sourcils froncés et le regard orageux de l'autre homme, la visite n'annonçait rien d'une partie de plaisir. À ses côtés, le petit Jamie se tenait droit, clairement embarrassé de se retrouver ici avec son père.

-Mr Styles, je suis Louis Tomlinson, le directeur de l'école. Je vous remercie de vous être déplacé.

Styles regarda la main tendue et une moue condescendante se forma sur ses lèvres pleines. L'espace de quelques angoissantes secondes, Louis crut que son interlocuteur allait ignorer les bases les plus élémentaires de la politesse, mais ce dernier finit par se décider et ses doigts enserrèrent ceux de Louis. La poignée dut ferme, sans aucune trace de mollesse, et le directeur manqua une respiration sentant la chaleur de la paume de son vis-à-vis se propager à la sienne, causant de délicieux frissons dans tout son corps.

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