Chapitre 1 Pauline *

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Une ruelle sombre. De la brume. Vendredi soir, 19h. Encore cette question qui me trotte dans la tête

« Pourquoi tu t'obstines à passer par là Pauline ? »

Ah oui. L'entrée de ton immeuble n'est accessible que par ce coupe-gorge.

« Alors pourquoi tu finis si tard ton boulot en hiver ? »

La joie du secrétariat chez un Avocat renommé peut être ? Non que mon boulot me déplaise. C'est tout le contraire. J'adore mon job et mon patron est une perle. Dans ce milieu c'est assez rare. Seul bémol, les dossiers parfois me forcent à finir tard et en décembre certains jours c'est difficile. Comme ce soir. La semaine a été éprouvante et pour ne rien arranger mes talons deviennent difficiles à supporter. Et cette fichue ruelle sombre avec ses pavés ne va pas me soulager. Quelle idée de mettre des pavés! Ok c'est joli, pittoresque ok. Mais quelle plaie en fin de journée avec les pieds douloureux !

« Allez Pauline ! Avance dans ta ruelle de l'horreur ! » je me motive comme je peux

Je m'engouffre dans le coupe-gorge, qui mène à mon appartement, en chantonnant la bande-son d'un film d'horreur. Oui j'aime me faire peur encore plus dans cette ambiance digne d'une scène de crime comme dans mes polars préférés.

Tout à coup, un bruit de tôle me fait sursauter. En me retournant, je trébuche sur ces satanés pavés de l'angoisse et je lâche mon sac – ouvert bien évidemment – dans ma tentative désespérée de retrouver mon équilibre sans me casser une cheville.

Mon « Fais chier » résonne joliment dans la ruelle.

Je me baisse pour essayer de récupérer tout mon barda et au passage ma dignité éparpillée.

- Pourquoi tu me montres tes fesses ma jolie ? 

Je me redresse d'un coup en serrant mon sac contre moi.

  - Mon sac est tombé, seule réponse qui me vient pour expliquer ma position

- Elle craint cette ruelle, faudrait pas que tu croise une mauvaise personne, ma belle. 

Sans répondre, j'avance rapidement en essayant de me rappeler où j'ai mis ma bombe anti agression – dans le tiroir de mon meuble d'entrée – et cherchant mes clés dans mon chantier de sac.

Des pas retentissent derrière moi.

- Attends, Princesse on n'a pas fini tous les deux !

J'accélère. Foutus talons. Fichus pavés. Trop demandé d'avoir de la lumière ! Enfin je vois ma porte d'immeuble. Ainsi que deux ombres devant.

- Te voilà ma jolie , dit l'une d'elles

Oh non. Mon pire cauchemar. Un guet-apens.

« Voilà Pauline. Tes jolis scénarios que tu t'inventes tous les soirs en rentrant se produisent ! Bientôt un clown psychopathe va débarquer pour te dévorer ! »

Je m'arrête à distance respectueuse. J'agrippe mon sac. Vu son poids il peut peut être en assommer un. Si je vise bien.

- Enfin je te rattrape ma belle

Ah oui. Les deux hommes devant ma porte m'ont fait oublier le pervers de tout à l'heure. Vraiment ma veine.

- Tu avais raison Marc, elle est canon , dit un colosse aux cheveux blonds décolorés

- Carrément. Elle avait les fesses en l'air ya deux minutes tu as loupé un truc John , répond Marc le reluqueur de début de ruelle.

- Dommage mais elle va se rattraper, hein, Princesse ? 

L'apprentieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant