Les Filles du Plessis

Avenir compromis

Jacqueline était au téléphone avec ses parents. A la fin de la conversation, la directrice dit sévèrement:

-Faudra dire à vos parents de ne pas appeler si souvent. C'est un outil de travail.

-J'suis désolée. C'est à cause du procès la semaine prochaine. Aux assises.

-Aux assises pour une agression ?!

-Pour un viol...

-Vous vous êtes bien débrouillée. Asseyez vous 1 minute.

Jacqueline s'assied. La directrice poursuit:

-Votre enfant est donc disponible pour l'adoption ?

-Non. On va l'élever avec mes parents.

-Donc c'était pas un viol ?! Et bien sûre si ce bébé à un père...

Jacqueline baisse la tête, triste. Il s'agit bien d'un viol, mais la directrice le nie. Elle poursuit:

-Apparemment c'est pas le cas. Jacqueline, il faut pas être égoïste. Il faut penser à l'avenir de ce bébé. En plus vos parent ont du mal à joindre les 2 bouts... Laissez moi vous expliquer la procédure habituelle.

La directrice lui explique donc la procédure habituelle. Ensuite, Jacqueline entre dans la salle cinéma, ou un film était diffusé à la télévision. En s'asseyant, Claude lui fait la remarque:

-T'es restée longtemps chez la directrice !

-Elle veut pas que je garde le bébé...

-C'est pas elle qui décide ! - Intervient Brigitte

-Bah c'est qui alors ? - Demande Claude

-C'est pas elle en tout cas.

-Brigitte à raison. - Termine Marie-France.

Les jours défilent, leurs quotidien se résume à dormir, se doucher, regarder des films, étudier. Brigitte entre temps fait fumer ses amies de chambre, leurs ventres grossit, elles s'occupent comme elles peuvent.

Dominique lit une campagne publicitaire sur l'avortement des femmes dans le magazine "Le Nouveau Observateur", et on peut lire: "La liste des 346 Françaises qui ont le courage de signer le manifeste "Je me suis fait avorter" "

Dans la chambre, Marie-France fait pasiblement la sieste lorsque Brigitte la réveille:

-Réveille toi ! Y'a le Prince Charmant qui t'attend.

-Qui, Jean ?! Un type grand blond et beau avec les yeux bleus ?

-J'sais pas, tout ce que je sais c'est qu'il s'appel Jean.

Marie-France crie de joie.

-Il est venu me chercher !

Elle attrape sa valise bleue, rassemble toutes ses affaires, mais Jacqueline lui rappelle à l'ordre:

-Si tu te fais voir, tu vas te faire renvoyée !

-J'm'en fout puisque je m'en vais !

-Oui mais si ils te retrouvent ?

-Dans ce cas je... Jean partirais sans moi et...

-Donner moi 5 minutes. -Dit Brigitte. J'm'occupe du pion.

-Et moi j'fais le guet ! - S'exclame Jacqueline.

Jean se tenais au portail de Plessis, fumant une cigarette. Marie-France le rejoint en courant, toute souriante. Jean lui caresse la joue à travers le portail, puis lui demande:

-Qu'est-e tu fais dans un endroit pareil ?

Marie-France lui montre qu'elle est enceinte.

-T'es enceinte ? 

-Oui ! C'est ma mère qui s'en est rendue compte ! Mon père était furieux mais c'était trop tard pour aller en Angleterre. C'est pour ça qu'ils m'ont mise ici. Mais c'est horrible hein, c'est comme une prison... T'inquiètes pas moi j'ai toujours voulu le garder notre bébé. Heureusement que t'es là....

-C'est pour ça que ton père m'as renvoyé... 

-Oui, je sais, j'ai appris... J'suis désolée. Bon, t'attrape ? (elle commence à vouloir jeter sa valise hors du portail pour sortir)

-Non heu... J'suis retourné chez mes parents moi...

-Tu veux dire que tu peux pas m'emmener ?

Jean ne répond pas.

-T'inquiètes pas tu trouveras une solution, j'en suis sûre ! Le jeudi, on est de sortie en ville, viens me voir, s'il te plais... A l'As de Coeur, c'est un bar dans le centre-ville... Tu viendras me voir ?

Jean lui caresse la joue.

-Jean ?

-Mmh ?

-Je t'aime. Tu viendras hein ?

-Ouais.

Jean s'en va. Quand Marie-France rentre au bâtiment, elle entend une fille gémir. Il s'agit de Brigitte, gémissant de douleurs. Elle est enceinte de même pas 3 mois, trop tôt pour un accouchement.

-Mais qu'est-ce qu'elle à ? Elle allais bien il y à 5 minutes !

-Mais j'en sais rien, j'suis pas médecin moi ! -Dit le pion.

-De l'eau, s'il vous plait de l'eau ! -Supplie Brigitte.

Pendant que le pion va chercher l'eau, Brigitte cesse sa comédie un instant:

-Mais qu'est-ce que tu fais là ?

-C'est compliqué, il faut qu'il s'organise...

Elle boit l'eau, puis prétend que "c'est passé". 

Il est nuit, et après avoir fumé une clope, Brigitte à faim. Elle commence à sortir, mais Marie-France l'arrête:

-Tu vas où ?

-J'ai faim, tu veux venir ?

-Ouais !

Jacqueline, Marie-France et Brigitte descendent au réfectoire pour manger un morceau de pain.