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Gustave Doré, La traversée du Styx

Je déambule dans les rues, je rase les murs des immeubles, j'me sens comme Jack l'Eventreur, personne ne me voit et pourtant, je suis là. J'attends, dans l'ombre, caché, planqué, immobile. Je marche sans savoir où je veux aller.

Et là, sans vraiment le vouloir, j'arrive au milieu de la route. Le sol est plus sombre, juste là où je me tiens ; ça me donne des frissons alors j'enfonce les mains dans les poches de mon blouson. La couleur du goudron est d'un bleu profond, comme quand il pleut et que la route noircit ; là c'est pareil mais au fond de moi, je sais que c'est pas de la pluie.

C'est du sang.
C'est mon sang.

C'est mon sang que j'imagine, étalé sur le sol. C'est moi que je vois, à quelques mètres de là. C'est cette voiture que j'imagine s'enfuir.

J'ai quelques flashbacks ; la fraicheur du goudron contre ma joue, la douleur qu'il y a partout, partout, partout, en moi. Et puis je vois le sang, du coin de l'œil, la flaque du sang, qui s'agrandit, petit à petit.

Ensuite il y a Styx.

Et puis plus rien.

C'est moi qui suis parti.

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