« Greetings. I'm Chara »
Combien de fois ai-je du lire ce dialogue ? Des dizaines ? Trentaines ? Cinquantaines ? Si la première fois un sentiment de culpabilité hantait ma poitrine, après plusieurs routes génocides je ne ressentais plus aucune once de dégoût vis-à-vis de mon acte génocidaire. C'était devenu normal de tuer tous ces personnages que je portais dans mon cœur.
« The demon that comes when people call its name. »
« Ouuuh j'ai peuur ! Haha .» Plaisantais-je, mourant de rire derrière mon écran.
Ces lignes, je les connaissais sur le bout des doigts. Je ne pouvais qu'en rire ; je me souvenais de ma deuxième descente dans l'underground, choisissant pour la toute première fois cette route meurtrière, cette atmosphère lugubre et glauque, mon visage criblé de larmes à chaque fois que je devais faire le deuil d'un de mes amis tués par Chara ! Ça n'était pas moi, ni Frisk, comparé à ce qu'insinue ce dialogue de fin. Chara, ne te déculpabilise pas sur moi et les autres joueurs. J'accélérais le dialogue, me récitant les phrases dite par celle-ci ; je n'avais pas besoin de les relire, puisque je les connaissais déjà.
« You and I are not the same, are we? »
« Nope ! Je suis pas un monstre assoiffé de sang, moi. »
« Why everyone thinks I'm a monster ? That's not me. YOU did it. »
« ... Qu'es que ? »
Soudainement, les répliques avaient changées. L'aire détendu que j'avais s'évanouit.
« Why are you surprise ? You want it. This genocide, you command it. »
« C-C'est pas vrai. »
« Don't search explanation. »
« Il fallait bien essayer ! J'aurais loupé le combat épique contre Sans sinon ! »
« You can, so, you need to do it. »
Je me taisais, bien que Sans disait la même chose quelques minutes avant, l'effet n'était pas le même. Pas d'excuses, je l'avais bien fait.
Chara demeurait silencieuse. Ses yeux rougeoyant semblaient me fixer, je me sentais de plus en plus mal à l'aise devant cette scène inattendue. Je voulais m'enfuir. Courir loin de cette abomination. Ce moment trop immorale. Mais, mes jambes, elles, refusaient. Elles ne voulaient pas se déplacer. Je n'osais plus bouger, ni déglutir, l'impression qu'au moindre mouvement elle sortirait de l'écran, couteau à la main, prête à me le mettre sous la gorge et lentement me couper la peau, que le sang sortent et coule à flot au sol, qu'il soit donné en contrepartie de celui que j'avais versé virtuellement. Ce sentiment-là était omniprésent.
Un courant d'aire me frigorifia, autant que mon âme l'était en ce moment même ; mes poils s'hérissèrent, et je tremblais, d'effrois, ou de froid, je ne saurais le dire. Mes yeux se fermèrent – j'avais déjà bougé, de toute façon ; la partie semblait terminée pour moi – .
« Why are you so quiet ? »
Je ne répondis rien, forçant sur mes paupières pour les maintenir closes.
« Why ? » Sa voix devint sanglotante, comme voulant hurler sa détresse. »
« Partner, you doesn't wana leave me ? Are you ? »
« ... »
Si elle me laissait partir, il serait plus sage de ne jamais plus jouer à ce jeu. Je devrais le jeter ! Le brûler ! Le garder loin de moi ! J'y avais déjà assez joué après tous. Mais un pincement à la poitrine survenue. Était-ce son ton morose qui me rendait attristé, qui sans même me toucher, me blesse ?
« Nobody understand me. I hope you're different, but, here we are. I'm boring.. »
Ses plaintes parvenaient à me transpercer le cœur, comme mille aiguilles dans cet organe. Son timbre de voix baissé, ses paroles qui me terrorisaient paraissaient si douloureuses, que mes membres s'en détendirent, mais mon âme, elle .. Arg. J'ai mal. J'ouvris alors les yeux pour constater le sprite pleurant de Chara.
« You hurt me, the same as everybody else. »
« Cha- » Tentais-je de clamer, mais une lumière blanche m'aveugla avant que je ne puisse, agressant mes pauvres yeux meurtries par ce spectacle.
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Repentale
FanfictionAprès des dizaines de routes génocides, le joueur doit répondre de ses actes. Pour cela, il sera envoyé dans l'underground à la place de Frisk, le monde se détraque, l'histoire change, rien ne va. Comment sortir d'un univers que tu as détruit de tes...