L'innocence

Un seul moment

J'ai l'impression de vivre sur un petit nuage, de vivre dans ma propre bulle, de construire mon monde d'enfant que j'ai tant rêvé, de grandir en ayant le sourire aux lèvres. Tout simplement être heureuse.

Qui aurait cru qu'un jour, je me sentirais aussi bien dans un milieu qui m'est totalement différent.
Mais bon, le principal c'est que je me sente mieux.
J'avais de bonnes notes à l'école et la maîtresse m'appréciait autant que celle d'avant. Sandy me présentait à toutes ses copines, mais elle reste ma préférée. Elle adorait faire une natte sur mes longs cheveux blonds pendant qu'on s'ennuyait à la récréation, nous étions très proches mais on ne pouvait jamais se voir en dehors de l'école, maman ne voulait pas l'inviter à la maison je ne sais pas pourquoi.
Elle était devenu importante pour moi. Quand elle ne venait pas la journée, le temps me paraissait tellement long.

Je n'avais plus envie de partir d'ici, mes problèmes s'étaient envolés! J'avais l'impression de grandir en paix.
Parfois, je repensais à mon papa. Que fait-il depuis notre départ ? Et est-il resté vivre à la maison ?
Je n'oublie pas tout ce qui a pu se passer, mais le manque d'un père est très difficile à vivre tous les jours.

Le monsieur ne travaillait pas aujourd'hui du moins, il travaillait de moins en moins pour je ne sais quelle raison. Il devenait plus distant de maman mais très proche de mon frère et moi, plus les jours passaient et plus je ressentais la protection d'un papa qu'il a envers ses enfants. Il s'inquiète beaucoup pour nous, il passe son temps à jouer et rire avec nous quand mama: n'est pas là.
Un jour il décide de nous emmener sur la plage pas très loin de la maison, je n'ai jamais été à la mer et malgré le mauvais temps je n'oublierai jamais la découverte des grains de sable, de ramasser mes premiers petits coquillages, de tremper mes mains dans l'eau salé de la mer, d'entendre les bruits des mouettes et d'admirer les vagues venir jusqu'à moi. Mon petit frère s'amusait autant que moi, c'est à ce moment là que je le voyait heureux avec ce magnifique sourire aux lèvres; il était plongé dans l'innoncence, dans un milieu qu'il ne connaissait pas. Au bout de mes cinq ans, j'ai compris que mon rôle de grande soeur était de lui faire comprendre qu'on peut avoir une belle vie malgré un mauvais passé. Je continuais a jouer avec lui, le monsieur nous prenait en photo, jouait avec nous, nous a montré beaucoup de choses qui concernait la mer, les poissons...

Un moment je le voyais contrarié, regardant son téléphone tous les deux minutes en soupirant à chaque fois qu'il le rangeait dans sa poche. D'un ton sec il nous demanda de rentrer sans aucunes explications, mon frère commencait à pleurer voulant rester encore un peu dehors; mais le monsieur voulant absolument rentrer cria fort en le tirant par le poignet. Je n'aimais pas la façon dont il se comportait tout d'un coup, il n'avait que trois ans...
En rentrant à la maison, maman et le monsieur ne se parlaient pas. J'avais beau essayer de jouer avec mon frère il continua de pleurer, alors j'ai pris des crayons de couleurs et des feuilles et j'ai commençé à dessiner; mon frère prit une feuille et dessina tout en se calmant. Pendant ce temps là j'entendais des hurlemements dans le salon, à vrai dire j'avais un peu pris l'habitude de ce language vulgaire et des claquements de porte. Je voulais attirer l'attention de mon frère pour qu'il ne prête pas attention au sujet de conversation des grands, je lui ai demandé ce qu'il avait dessiné:
"..Le monsieur à la mer"
-Pourquoi tu as écrit PaPa au dessus du monsieur ?

Je savais que ce moment allait arriver. Je ne pouvais rien lui dire, à part que notre papa en avait plus rien à faire de nous et que notre maman a decidé de partir avec nous sans rien dire à personne, tout en ayant retrouvé quelqu'un d'autre aussi rapidement.
A trois ans, on ne peut pas comprendre ces choses là.

Le soir on était invités chez des voisins. C'était un couple avec un garçon de mon âge, il s'appelait Florian. En début de soirée on s'ennuyait beaucoup, tous les trois nous étions très timides mais par la suite on s'est bien amusé dans sa grande chambre avec pleins de jouets. Au moment de partir, Florian me donna un collier de coquillages en me prenant dans ses bras. Il était adorable, mais j'avais l'impression qu'on ne se reverait plus jamais. Sur le coup, j'avais complètement oublié qu'ils allaient déménager...

Maman avait une urgence au travail ce soir là, elle rentrerait très tard , c'était tellement rare qu'elle travaillait de nuit, alors le monsieur devait prendre notre bain et nous mettre au lit. Mon frère a toujours commencé le bain en premier, pendant ce temps là je cherchais mon pyjama et me brossait les dents. Après qu'il ait fini de se laver c'était à mon tour, je savais me laver seule mais le monsieur voulais absolument rester avec moi; peut être par peur qu'il m'arrive quelque chose sans la présence de maman. Arrivé dans l'eau il s'approcha de moi en remontant ses manches pour ne pas les tremper, il prit le gant et mouilla mes cheveux. Depuis tout ce temps sans connaître son prénom, je lui demande enfin comment il s'appelle:
-Je m'appelle Cédric.
Je ne dis rien, mais pourquoi me l'avoir caché? Peut être pour ne pas le dire à mon papa si je le revoit un jour ou peut être qu'il le connaît!
Il arrêta de me laver les cheveux et décida de me laver le corps
-Non, j'ai du mal à me laver les cheveux mais maman m'a appris pour me laver toute seule.
"Laisse moi faire!"
Je ne pouvais rien dire, ça faisait longtemps que je ne me suis fait pas laver par quelqu'un, encore moins un homme! Même mon papa ne m'a jamais lavé.
Il prenait tout son temps, j'avais très froid et l'eau n'était plus chaude. Il ne me frottait pas, il me carressait avec le gant de la tête aux pieds. Je ne me suis jamais senti aussi gêné... J'avais hâte qu'il arrête de me toucher, pendant trente minutes mon frère était seul.
Après ce cauchemard, il nous a mis au lit en nous disant que demain sera un autre jour.