II . Embûche de Noël

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21h22

Olivier les yeux rivés sur la route réalisa qu'il avait mal jugé l'épaisseur du brouillard. Une purée de pois. Le chemin pour ramener Eglantine, serait plus long que prévu.

- Qu'est-ce que tu as dit ? lui demanda-t-il.

- J'ai rien dit.

- Il m'a semblé...

21h32

Un léger souffle lui caressa les mains et cette odeur irritante qui persistait le dérangeait.

- C'est quoi cette odeur ? Tu la sens ?

- Non.

21h40

Les antibrouillards éclairaient un mur de brume. La lumière des phares se réfléchissait dans les paillettes en suspension. Le brouillard devenait givrant. A la fois hypnotisé par le spectacle qui s'offrait à lui, et prudent, Olivier roulait au pas. Il serait définitivement en retard.

21h58

Le silence pesant d'Eglantine l'intriguait, elle qui était si bavarde.

- J'espère qu'on n'aura pas d'embûche avec ce maudit brouillard ! fit-il pour rompre l'ambiance mortelle.

- Badniak !

- Quoi ? Qu'est-ce que tu as dit ?

- C'est pas moi. Je n'ai pas parlé.

- Mais il y a eu un bruit, non ? Comme un craquement.

- C'est elle..., susurra Eglantine.

- Quoi ? C'est-elle ? Tu parles de la bûche ?

- Badniak !

Le son aigu et sec résonna dans le véhicule. Surpris, Olivier freina soudainement et regarda Eglantine interloqué.

- Tu déconnes ! Tu veux dire que c'est la bûche qui fait ce bruit ?

- Badniak !

- Oui, elle parle. Elle me parle aussi.

- Mais ce n'est pas possible, enfin !

- Si. Elle parle à chaque fois qu'on prononce B.U.C.H.E, épela-t-elle.

- M'enfin, Eglantine ! Sois sérieuse ! Ce n'est pas possible ! Pas possible ! s'écria-t-il.

22h10

Le regard sinistre qu'elle arborait l'affectait. Il pensa alors que son traitement la rendait triste, qu'il la transformait en fantôme imperméable à la raison.

- Pourquoi ? lui demanda-t-il doucement. Pourquoi que lorsque ce mot est prononcé ? demanda-t-il au bout de quelques minutes

- Parce que je crois que c'est son nom.

- M'enfin, Eglantine ! On parle d'une bûche qui parle, là ! C'est du délire ! C'est juste pas possible !

- Badniak !

Interdit, car il avait bien entendu, Olivier baissa les yeux sur le tronçon de bois. Ses lèvres s'ouvrirent et se refermèrent aussi sec.

22h16

Il éclata de rire face à cette situation invraisemblable. Il se pencha en direction du bout de bois et vit dans l'écorce grise et lisse, fendillée en plaque circulaire, deux ronds symétriques. Olivier sourit, ils lui suggérèrent deux yeux qui le regardaient. Incrédule, il rit de plus belle.

- Tu me fais une blague, c'est ça ? Très drôle, vraiment très drôle ! J'ai failli marcher.

Son rire éclatant se propageait dans le véhicule.

La jeune femme à la bûcheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant