Deuxième Lettre

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Chère Rosie,

Depuis que l'on m'a fait parvenir ta lettre, je ne cesse de la relire. Tes mots sont si réconfortants, que le froid me semble se dissiper peu à peu, à travers les lueurs sombres de la nuit.

Je tiens ma photo favorite entre les mains. Ton sourire illumine le cliché et ta robe blanche virevoltant dans le vent, rend l'oxygène que je respire moins étouffant. Je peux ressentir ton regard pénétrer ma peau, il caresse mon cœur de toute sa tendresse.

Ce portrait agrémente maintenant la plus grande des parois de ma casemate. Tu es la première personne que je verrai le matin avant d'aller combattre et la dernière que mes yeux verront le soir, avant que je ne m'endorme. Mon abri me semble beaucoup moins triste désormais.

Si cela t'est possible, j'aimerais que tu me fasses parvenir une photo de toi à chaque lettre que tu m'enverras. Comme je risque de passer un bon nombre de jours ici, je voudrais faire en sorte de rendre cet endroit un peu moins amer. Tu es la seule qui puisse me permettre de tenir le coup.

J'ai trouvé refuge près d'une roche imposante, dans l'une des allées de la tanière qui nous abrite, mes compagnons et moi. Ce rocher, aussi dur soit-il, est pourtant beaucoup moins rude que l'hostilité qui règne sur le champ de bataille.

L'air est tellement glacial ici, l'humidité s'installe un peu partout, la peur ne me quitte pas et les coups de canons ne cessent de s'entrechoquer. La fatigue commence déjà à me gagner, et le manque de toi s'intensifie. Je donnerai tout ce que j'ai pour pouvoir te serrer dans mes bras, douce Rosie.

Tout me manque. Les balades nocturnes sur le pont de nos souvenirs, nos baignades improvisées dans le lac de nos pêchés, ton visage ensommeillé qui chaque matin, prenait vit sur ma feuille de papier.

Toutes ces bribes de souvenirs valsent frénétiquement dans ma tête, conformément à des éclairs foudroyants. Tes traits fins et délicats m'apparaissent lorsque je ferme les yeux. Notre courte éternité me revient en mémoire. Je revois tes mains tellement douces, que la soie les jalouse. Tes pommettes si rosées, que les fleurs en palissent. Ton corps si diablement sublime, que le Louvre en crèverait de convoitise.

Tu me manque, te savoir loin de moi me déchire lourdement le cœur. Nous nous reverrons, je te le promets. Je t'en prie, prends soin de toi. J'espère avoir vite de tes nouvelles, j'attends avec impatience tes prochaines lettres.

Je t'aime. Je t'aimerai toujours plus fort que tout.

Avec amour, Cristian.

Lettres d'amour clandestines [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant