Cligner des yeux. Se reprendre. Y penser, se remémorer. Je prends le croissant, posé à ma gauche sur la table. J'en croque une bouchée. C'est les garçons qui me l'on laissé avant de partir. Rêve ou cauchemars ? Les visages comme endormis de Lyloo et du vieux Jo hantent mes pensées, en écho aux paroles de Vyn et Fitz. Je pouvais tourner le problème dans tous les sens, essayer de le voir sous tous les angles, ils m'avaient menti, ou ils mentaient. Ils pouvaient dire qu'ils avaient seulement omis de me tenir au courant... Mais je ne savais plus en qui avoir confiance ni en quelle réalité croire. Je pourrais croire celle des corps de Jo et Lyloo, rêvant comme dans mes livres, de magie et de fantasy. Mais je pourrais aussi croire que rien n'est réel et que cette vie et tous ces gens se jouent de moi. Assise en tailleur sur la table au centre de la pièce, j'attends. Vyn avait raison lorsqu'ils sont sortis avec Fitz, Je pourrais partir, fuir, mais je n'ai nul part où aller. Alors je dois juste attendre leur retour, attendre qu'ils reviennent d'un lieu inconnu, assise en tailleur sur cette table dans cette maison, ma maison. Mais plus j'en observe les murs moins je me sens chez moi. Les meubles du mariage, ceux achetés au fil des années... Tout me semble comme un décor posé, provisoire. Les jouets des jumeaux débordant de leur meubles sur le sol de carreaux. Ce carrelage, posé par mon oncle, ou celui que je pensais qu'il était. Le travail manuel s'y remarque par les jointures légèrement déséquilibrées. Un carrelage, qui, si on en suit les lignes vers le sud, dirigent vers la petite baie vitrée, laissant voir le jardin que chacun des habitants du village possède comme si toutes les maisons étaient faites du même moule. On peut facilement voir un nid de merles, installé auprès du cerisier et une chaîne de fourmis grimpant le long du lierre sur les planches de bois vieilli qui composent la cabane. La cabane... Refuge à jamais des pensées, des rêves et des secrets d'enfants. A travers la seule ouverture laissée pour fenêtre, on peut voir des piles de livres et des vieux dessins abîmés par le temps et l'humidité, accrochés entre les planches. Un mal de tête sourd me prend, m'obligeant à clore mes paupières. J'essaie de me concentrer uniquement sur la pièce dans laquelle je me trouve, me la représentant derrière mes yeux clos, en rajoutant les détails au fur et à mesure des souvenirs affluents. Le mal se dissipe lentement et me permet de savourer l'absence de douleur et le repos provoqué par mes yeux fermés. J'ouvre les yeux. Je crie. Les objets de la pièce, les jouets, les livres, et tout ce qui traînait au sol s'est élevé à hauteur de mes yeux, flottant, déviant la gravité. Ils retombent tous simultanément à mon cri, comme rappelés par les lois de la physique. C'est à ce moment que Fitz et Vyn reviennent dans la maison, ce dernier se met à rire face à mon visage figé sur les objets gisants au sol.
-Dis-moi l'ombre, tu as vu un fantôme ? Je croyais que tu n'avais peur de rien.
je me tourne vers lui le fusillant du regard pour sa moquerie. Mes yeux regardent furtivement le sol avant de se tourner de nouveau vers le jeune homme. Je reste ahurie.
-Tu n'as rien vu ?
-qu'aurais-je du voir à part cette magnifique grimace entre la peur et la surprise ?
Son ton est rieur et je sais par avance qu'il a vu, mais que cela ne semble pas l'étonner. Il se contente de se moquer de moi, avec son air rieur et son ton provocateur. Je ne veux pas lui donner ce qu'il veut. Je ne veux pas admettre ce qu'il c'est passé.
-Les objets sont-ils capables de défier les lois de la physique quantique ?
-Humainement ? Non. Sa voix est calme et posée comme s'il récitait un texte si longtemps répété Ton cerveau seul le permet. Tu as eu la preuve, et tu nous l'as donné, que tu es celle que nous devons protéger. Donne moi ton bras gauche.
Ce n'est pas une question mais un ordre. Je lui tends mécaniquement mon bras, mes pensées ne voulant plus chercher à lutter. D'où est-ce que je viens réellement? Qui suis-je pour eux ? Que suis-je sans le savoir? Vyn remonte ma manche jusqu'à mon coude et montre au jeune Fitz mon avant-bras.
-Alors c'est à ça qu'il ressemble ?
-Exactement. Le jeune garçon paraît plus calme encore, et plus sûr de lui que Vyn.
Je ne sais pas de quoi ils parlent, mon bras ne devrait rien avoir de spécial. Mais vu les événements des derniers jours, je peux m'attendre à tout. Je me penche légèrement pour réussir à apercevoir ce qui retient leur attention. Aperçoit alors un dessin sur mon bras. Un dragon si réaliste que j'ai presque peur qu'il sorte du tatouage pour prendre vie. Il donne l'impression de se mouvoir sur toute la longueur de l'avant-bras. J'essaie de parler d'une voix des moins hésitantes possible.
-Qu'est-ce que c'est ? Comment a-t'il pu apparaître ? Les tatouages ne peuvent pas apparaître en quelques minutes et je ..
-Il grandira. En écho à ta puissance. Ne le montre pas en public, et n'essaie jamais de le retirer.
Fitz se tourne vers Vyn et acquiesce, puis les deux garçons relèvent leur manche gauche. Sur l'avant bras de Vyn se trouve une spirale qui paraît tourner et hypnotiser quiconque voudrait la fixer trop longtemps. Mes yeux s'en détachent difficilement et se tournent vers le bras de Fitz. Les veines apparaissent à travers une particularité que je n'avais pas remarquée jusque-là. Sa peau est si claire et si fine qu'elle paraît impossible de le protéger. Son tatouage est une pierre, ovale, qui relui d'une couleur entre rouge et le noir, une couleur de sang.
-Que signifient-ils ?
-En général, ils représentent les pouvoirs de chacun. La spirale de Vyn, par exemple représente sa capacité, son "pouvoir" comme disent les Hommes. C'est la spirale de l'esprit, permettant de projeter des images ou des paroles dans les esprits des gens, de pratiquer la télépathie et d'assommer ou de réveiller par l'esprit.
-Et la pierre sur ton bras ?
-C'est... Vyn essaie d'expliquer mais le plus jeune le coupe
-Cela ne concerne que moi.
Fitz avait un secret assez lourd pour qu'il ne se permette pas de m'en parler pour le moment. Dans les 3 livres, j'avais le souvenir de plusieurs tatouages mais je n'y avais pas vu le sien, ni le dragon que je porte à mon bras. Je me tourne vers eux.
-Que devons-nous faire ? Et comment sauver Jo et Lyloo ? Et qui a pu...
- Une seule question à la fois jeune enfant. Pour la première, Fitz me regarde sans expression, cela dépendra de toi, et uniquement toi. La seconde, Il faut retrouver celui ou ceux qui leur ont fait ça. Et pour répondre au "qui?" eux. Nous ne savons pas comment ils t'ont retrouvé mais nous avons compris, trop tard malheureusement, que c'est le muet qui était chargé de nous surveiller. Nous nous sommes laissé avoir comme des enfants.
-Allons retrouver le nouveau alors ! Il doit savoir comment les sauver ! Et qui est contre nous !
-Tu réfléchis trop proche l'ombre, nous ne pouvons pas nous attaquer une organisation considérée comme dieux par les humains. Nous sommes considérés comme le mal et c'est toi qu'il faut que nous protégions.
-Mais pourquoi ?
- Parce que, tu es une élue, Vyn a repris la parole
-c'est totalement débile ! C'est une idée plus que réutilisé dans les romans !
-Je savais que tu allais dire ça. Il est vrai que ça parait peu original après toutes tes lectures. Mais c'est maintenant la réalité et en tant que princesse... Enfin, en tant que personne importante, tu ne dois pas mettre ta vie en danger.
-Princesse ? Mon regard actuel devait être un mélange d'expression surprise et dégoûtée. Je ne peux tout simplement pas être une princesse. Mais le regard noir que Fitz lance à Vyn me laisse entendre que je n'aurais pas dû entendre ça. Jamais. Y'a t'il autre chose que je dois savoir sur moi même ? Les deux se tournent vers moi.
-pardon
Le noirs s'abat de nouveau sur moi, comme lorsque j'ai vu les corps de Lyloo et Fitz. Non! Pas encore ! La seule différence c'est que je sais maintenant que c'est le pouvoir de Vyn, sa capacité.
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Ombre
AdventureTout commence avec un couteau. Un couteau dans la nuque d'un homme. Un balle entre deux yeux pour les deux autres adultes et deux enfants qui pleurent puis disparaissent. Il ne reste que moi. Sans famille et sans nom. L'ombre. Et il reste eux, qui m...