Comme chaque soir, après quelques minutes de marche, la musique criant dans mes tympans, j'arrive chez moi. Je récupère les clés dans la poche arrière de mon sac et ouvre la porte. Dans la maison aucun bruit, deux mois maintenant que tout paraît figé. La maisons pourrait paraître abandonnée mais l'odeur de propres et l'absence de poussière contredisent cette hypothèse. La maison est en même état, 3h chambres, un salon, une cuisine, une salle de bain... Je n'ai rien déplacé rien touché. Je m'affale, comme chaque fois que je rentre du lycée sur le canapé. Et j'essaie de me rappeler. Pourquoi? Parce les seuls psy que j'ai du voir, même si il me mettaient vite à la porte, parce qu'a chaque réponse je ne disais rien et je démontait leur profession de merde ou un bonjour vaut 50 balles, ils m'ont tous dit d'essayer d'oublier. Esprit de contradiction sûrement mais je veux m'en rappeler.
J'étais sorti ce soir là, comme d'habitude, et je comptais rentrer vers 3 heures. De toute façon peu leurs importait que je soit dehors ou dedans. Je jouais avec mon canif, le faisant passer entre mes doigts comme certains jouent avec des stylos, mais le froid commençais a se faire ressentir. Il y a deux mois.. C'était fin janvier. J'avais encore oublié de prendre mon manteau, j'étais encore partie en claquant la porte, et j'étais encore dehors, sur un toit, avec un couteau entre les doigts, à 23 heures. Je me levais alors, tous les muscles engourdis par le froid et descendais tranquillement de mon perchoir.
-Ey ! L'ombre !
Je ne me souviens pas du claudo qui m'avais retenu ce soir la, son visage reste flou. Un mec sympa de toute évidence, puisque j'étais resté, malgré le froid jouer et chanter une bonne demi-heure avec lui et ses potes. "L'ombre" ils m'avaient donné ce nom, ce prénom, ce pseudo, comme on voulais. Dans la rue et tard le soir, les papiers et la loi n'avaient pas d'importance, on étais qui on voulais, comme on le souhaitais. Je me souviens, même sans me souvenir de leurs visages, de l'air déçu qu'ils ont eu en me voyant me lever et partir si tôt. Il étais à peine 23h30, il étais rare que je rentrent chez moi avant le lendemain.
Je me souvient d'être arrivé devant la porte, et, chose ironique quand on y pense, je me suis méfié car je n'entendait pas les ronflements bruyants de mon père. J'étais peut être inquiète facilement depuis la mort de mon chien 10 mois plus tôt, et je le savais, mais je prenais quand même mon canif dans la main. C'était un magnifique couteau de lancer, parfaitement équilibré, souvenir de l'oncle Matt qui m'avait, avant sa mort, appris comment atteindre sa cible. J'ouvrais la porte doucement, bénissant mon père de l'avoir parfaitement huilé si bien qu'elle ne faisait aucun bruit. Toutes les lumières étaient allumés. Même celle de la chambre des jumeaux. Je me suis avancé discrètement, comme je savais le faire. En arrivant dans la cuisine, je voyais mon père, ma mère, et mes deux petits frères, assis, attachés, et les yeux bandés, devant eux, et dos à moi, un homme, d'une assez petite carrure, en train de recharger son pistolet. Le seul bruit qu'on pouvait percevoir étais le clic a intervalle régulier, de la cartouche qui se mettais en place. J'étais figée, mon couteau dans la main, une sensation d'impuissance, me traversant la cervelle. Je savais me battre contre des hommes barraqués, contres des gens armés de couteaux, contre des experts en art martiaux, et c'est ce qui m'avait valut mon nom. Mais une arme à feu.. Ça paraissait, trop puissant. Trop rapide. Il ne m'avait toujours pas remarqué, il leva son arme, un coup, headshot, comme dans un jeux vidéo, mon père s'écroula, ça saignait a peine, juste un trou, rouge, entre les deux yeux. Le silencieux sur l'arme avait atténué le coup. Figée, je n'avais pas réagit, je regardais la scène comme on regarde un film, tel un spectateur que les acteurs ne peuvent voir. Mais dans un film, mon père aurait fini par se relever. Deuxième balle, ma mère, tombe sur mon père, c'est une exécution, ses cheveux longs, colorés blonds , sont encore en train d'onduler, le courant d'air les emportant. Une demi seconde, je me souvient avoir eu un déclic, le cou, la partie la plus mortelle pour un humain, mon couteau, étais assez aiguisé pour percer le cuir d'un sanglier, alors les os humains ? Pour peu d'atteindre entre deux vertèbres, c'était gagné d'avance, il leva son arme vers mon petit frère, un des deux jumeau, sans viser ni réfléchir, je lançais mon canif qui l'atteint dans le cou, je le vis se figer, se retourner, me voir, et s'écrouler, mort, sur les cadavres de mes parents.
J'avais appelé la police, une fois qu'ils furent arrivé je fut emmené au poste pour meurtre, mes deux frères ont étés envoyés chez de la famille. La famille qui ne voudrais, suite à cette histoire, plus jamais entendre parler de moi. Au bout d'un mois de long procès je m'en sortais sans rien, "légitime défense", mes frères m'avaient oubliés " traumatisme " et ma famille m'avait renié. Il me restais les cours et la maison, j'étais considéré comme une adulte responsable. J'avais vite fait de rattraper les cours, et je repris un train normal de vie.J'allumai la télé, me souvenir me faisait du bien d'un certain coté. Je pris mon couteau dans ma poche et me mit a jouer avec. Il y a deux mois, j'avais tué quelqu'un.
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Ombre
AventuraTout commence avec un couteau. Un couteau dans la nuque d'un homme. Un balle entre deux yeux pour les deux autres adultes et deux enfants qui pleurent puis disparaissent. Il ne reste que moi. Sans famille et sans nom. L'ombre. Et il reste eux, qui m...