Chapitre 14

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"Leçon N°2 : ne jamais se replier dans sa solitude. Être piéger dans sa propre noirceur est loin d'être un rêve, crois moi : c'est un cercle infernal, difficile de s'en soustraire. Heureusement pour toi, tu as ami fidèle : moi."

Hein ?

- Mais qu'est-ce que...?

Mon portable vibra une seconde fois.

"P.S : ne te pose pas de question. J'ai réussi à soudoyer quelqu'un pour avoir ton numéro ^^ Secret professionnel, tout ça."

Je me demande qui tu as réussi à convaincre, Shawn.

"P.P.S : il fait froid dehors. Et je sais que tu ne dors pas : la lumière de ta chambre est allumée. Ça te dirai pas de m'ouvrir pendant une minute ? Histoire que je ne finisse pas en glaçon... Je sais que mes footings torse-nu te manqueront. Ne le nie pas."

- Quel genre de psychopathe es-tu, Shawn ? -m'exclamais-je en ouvrant la porte.
- Un psychopathe glacé. -me répondit-il en frissonnant. Ça fait une heure que j'attends devant le perron.
- Euh...pourquoi attendais-tu que je t'ouvre au juste ? -m'enquis-je, perdue.
- C'est un secret.

Levant les yeux au ciel, je le fis rentrer avec la condition de ne pas recommencer une prochaine fois. Nous montâmes à l'étage où je me dandinai, gênée.

- C'est ma chambre.

Si on m'avait dit un jour qu'un ami y rentrerait...

Entrant calmement, Shawn fit rapidement le tour de la pièce du regard et s'attarda légèrement sur les photos qui trônaient sur le bureau.

- C'était il y a deux ans. -murmurais-je en les observant à mon tour. Elle voulait absolument voir cette exposition d'art moderne...elle était si heureuse...
- Tu semblais plus réticente. -remarqua t-il avec un petit sourire. Je reconnais cette moue là.
- Je ne suis pas sensible au modernisme. Je n'y comprends rien : en quoi une chaise rouge ou des casque multicolore sont des œuvres d'art ?
- Je dois t'avouer que je ne saisis pas non plus...

Je notai que Shawn s'efforçait de garder une distance face au photo : il ne me questionnait pas, ne les touchaient pas.

- Tu n'es pas comme les autres : tu n'envahis pas mon espace.

Ses yeux se posèrent sur moi, vibrant d'une incroyable chaleur.

- Ces photos sont importantes pour toi. -me répondit-il simplement.

Cette attention me toucha plus qu'elle n'aurait du et je le vis s'approcher jusqu'à ce que nos souffles se frôlent presque.

- Tu n'as plus cette teinte noire sur les lèvres... -murmura t-il en caressant celles-ci du pouce. Je te préfère ainsi.

Mes joues se teintèrent de rose.

- Merci...

Nous nous installâmes sur le lit, assit en tailleur et, confiante, je lui appris l'existence de Teddy, le journal de Lacy, des sentiments que je tentais de refouler en bloc, de cette envie de vivre.
Il ne m'interrompit pas même une seconde et garda une expression neutre avant de m'entourer de ces bras, réconfortant.

Je me sentais mieux.
Presque libérer d'un poids dont j'apprenais seulement l'existence.

Lorsque fut pour lui le moment de partir, je ne pu m'empêcher de ressentir le besoin de l'enlacer à mon tour, lui dire à quel point sa présence m'apaisait et lui promettre de suivre ses instructions à la lettre.
Mes parents nous regardèrent, surpris mais silencieux, tandis que je le saluais depuis le perron, le regardant partir.

Merci Shawn.

LovelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant