Chapitre 13

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Samedi 29 Avril

Mon téléphone n'a cessé de vibrer la nuit derrière.
Des centaines de messages provenant des élèves du Lycée font saturer mon portable. Tout le monde s'en donne à cœur joie, m'humiliant jusqu'à ce qu'un sanglot déchire ma poitrine.
Tout cela est si injuste ? Qu'ais-je donc fais de si mal ?
La souffrance me comprime le cœur et j'halète lourdement en tentant de me convaincre que ça va passer.

Dix-sept heures trente : l'air me semble irrespirable et les messages haineux continues d'affluer.
Je n'ose penser à ce qui m'arrivera quand je retournerai en cours...
Je veux que ça cesse.

Dix-huit heures quarante-trois : j'ai pris ma décision.
Je veux retrouver cette paix que je côtoyais petite, je veux retrouver le silence et rire à m'en enrouer la voix.
Je ne veux plus de ce monde cruel et injuste envers les plus faibles : il ne me convient pas.
J'aurais voulu déployer mes ailes, aider ceux qui travers la même chose que moi... mais je ne peux pas me sauver moi même.
J'aurais tellement aimée vivre...

Je n'ose pas penser à ma famille, j'essaye de faire abstraction de leurs présences : je sais que si je me focalise sur ma trahison, cette idée me paraîtra lâche et je cesserai d'y penser.
Il s'agit de mon existence et je souhaite y mette un terme. 

Je me souviens alors de ce pont presque mystique, reclus, si calme.
Je peux presque sentir le vent caresser mon visage, m'appeler à me laisser tomber pour revivre enfin et faire taire la douleur.

Mon regard se pose sur une photo de famille.
Je suis tellement désolée, Aubree...
Il y n'avait aucune autre solution.

J'ai compris, Lacy. Ce n'était pas de ta faute... Ce sont ses salopards qui t'ont poussée à sauter.

Je fermai le journal de ma jumelle, le cachant parmi les manuels scolaires avant de marcher silencieusement dans les couloirs.
Shawn m'attendait et pendant un instant, je cru avoir imaginée ce qu'il s'était passer sur le pont, mettant ça sur le compte des effets hallucinogènes de la drogue.

- Première leçon : laissez exprimer ses sentiments. Garder le contrôle de ses émotions est le meilleur moyen de sombrer car elles s'insinuent si profondément en toi qu'elles te détruises à petit feux. -souffla t-il dans mes cheveux en marchant à mes côtés.

Alors c'était vrai...

- Je n'ai pas rêvée, l'autre jours ?
- Non, j'étais bien là.
- Pourquoi...?
- Peut être parce que je souhaitais que tu me voies torse nu ? Ou bien parce que je sentais que tu avais besoin de moi ? Qui sait ? Je suis quelqu'un d'incompréhensible. -déclara t-il en me souriant.

Nous discutâmes pendant de longues minutes et j'appris qu'il aimait le handball, l'art théâtral et les jeux d'échecs. Qu'il ne supportait pas les films d'horreurs et préférait les documentaires sur l'Égypte Antique. Que son groupe de musique préféré était les Beatles et qu'il détestait les comédies tragiques.

En le regardant, si calme et serein, je me mise à espérée.
Si lui avait réussit à survivre...peut être que j'y arriverai aussi ?

"Salut Lacy,

J'ai trouvée ton journal, l'autre jour, en fouillant dans les vieux cartons.
Je comprends seulement à quel point tu étais forte... et je ne t'en veux plus.
Je voulais de te parler de mon nouvel ami : Shawn.

Je pense qu'il a souffert, lui aussi.
Et... il m'aide beaucoup. 

J'ai enfin un objectif : survivre.
Tu sais ? Je plus seulement faire semblait de ne rien ressentir...
Vivre enfin de vraies choses positives.

Je suis sur que ça doit te faire sourire, là haut, en me voyant t'écrire une chose aussi futile que la découverte d'un ami.
Mais tu sais à quel point ils étaient rares... à quel point j'avais besoin d'en avoir un.

Bref, je ne m'éterniserai pas là dessus : je ne veux pas ressembler à ces filles fleures bleus en attente d'une vie palpitante comme on le voit dans les films.

Non, je n'attends rien de spécial. À part peut être voir la douleur refluer.
J'espère y arriver, Lacy...

Encourage moi s'il te plaît,
Aubree."

LovelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant