Psychokinésie (En Pause)

Chapitre 2 : Arsène

"Bonjour à toi Lily, comment vas-tu ? Je m'appelle Arsène, j'ai 19 ans et j'ai cru comprendre que tu es psychokinésiste. Je le suis également, j'aimerais beaucoup faire ta connaissance. Je vis à Ascadélia, en 21ème zone."

C'est un message court, mais très clair, je ne m'y attendais vraiment pas. Personne, en général, ne veut me parler, même via Internet. Maxime et Jessica, c'est moi qui les ai contactés. Les seuls messages privés que je reçois viennent d'eux, il en a toujours été ainsi, jusqu'à aujourd'hui.

Au lycée, personne ne m'adresse la parole, car tout le monde s'imagine des choses fausses sur moi. Ils croient en de stupides rumeurs créées par une fille bête comme ses pieds : Judith Darmand. Ce nom restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je connais cette fille depuis le collège, ce qui marqua le début non seulement d'un parcours scolaire désastreux, mais surtout d'un cauchemar sans fin qui me suis de 8 heures à 18 heures. Chaque soir je redoute les lueurs du jour, annonçant mon entrée quotidienne dans l'antre du Diable. Mon sommeil, malgré qu'il soit plutôt agité, est le seul moment où je peux m'échapper de cette vie, vie que je déteste par-dessus tout. J'ai pensé mainte et mainte fois à la mort, mais je n'ai jamais réussi à arriver au bout de ce que j'entreprends presque chaque soir. Tout ceci à cause de cette stupide lueur d'espoir qui règne au fond de mon âme. J'ignore la raison de sa perpétuelle présence, mais à cause d'elle, je n'arrive pas à mettre fin à mes jours. Alors à la place, je me défoule sur mon corps. Chaque soir, avant de m'abandonner aux bras de Morphée, je fissure ma peau, séparant les cellules de mon corps, créant ainsi une éphémère barrière de sang qui se résorbe quelques minutes plus tard. Je n'utilise jamais mon pouvoir pour me mutiler, uniquement pour reformer ma peau, afin que ce que je fais toutes les nuits reste un secret, et surtout parce que je me suis jurée de ne jamais user de mon don pour faire le mal. Mes parents m'ont rejetée à cause de ce que j'arrive à faire, pour eux, je ne suis qu'une succube, un monstre. Pour faire court, je suis le vilain petit canard perdu au milieu d'un monde stéréotypé auquel mes critères ne correspondent pas.

Pour en revenir à ce mystérieux message, je suis complètement sous le choc. D'autant plus que ce jeune garçon est psychokinésiste, mais le plus stupéfiant, c'est qu'il réside dans la même ville que moi ! Je pensais être la seule, du moins dans la zone, à posséder un tel don. Sur plus de 10 000 habitants, combien y avait-il de chance que je rencontre quelqu'un ayant le même pouvoir que moi, sachant que ceci est extrêmement rare ? Il fallait absolument que je lui réponde. Rien que de penser ne pas être la seule dans cette ville à être différente me réchauffait au cœur. J'étais comme sur un petit nuage. Mais il ne faut pas que je relativise trop vite. Si ça se trouve, c'est un piège. Quelqu'un que je connais et qui me veut du mal. Tout de suite, je pensais à Judith. Cette sale garce en serait bien capable. Mais encore faut-il qu'elle soit assez intelligente pour allumer un ordinateur, et ça j'en doute fort. Je vais tout de même répondre, ça ne me coûte rien après tout.