Absence

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Aujourd'hui, je suis allé jeter à la poubelle un brouillon, et un dessin tapi au fond a attiré mon attention. Il n'était pas forcément beau, ses traits étaient grossiers et la jeune fille dépeinte n'avait rien d'artistique, elle témoignait seulement de l'ennui de son créateur, mais quelque chose dans son regard m'a interpellé. Ses yeux étaient grands, tristes et perdus, et surtout, comme remplis d'une douceur sans nom. Ca m'a fait penser à toi. Je pensais t'avoir oubliée, mais c'es faux, t'es toujours là, comme une fine cicatrice sur mon âme. T'es toujours là.

Je ne sais pas si je t'aimais, je n'étais pas du genre à aller dans les sentiments, mais ce dont je suis sûr, c'est que je te voulais à mes côtés, tout le temps. Pour toujours.

Mais pourquoi tu l'as choisie elle et pas moi ?! Je n'étais pas assez bien, c'est ça ?

Rien de tout cela ne serait arrivé si tu ne t'étais pas assise sur ce banc, ce jour-là. Si tu ne t'étais pas confiée à moi, raconté tes problèmes, parlé de ton méchant beau-père. Si tu ne m'avais pas fait croire que je pouvais te sauver.

Ce qui me manque le plus, c'est ton rire. Je ne crois pas que c'était un beau rire, il était même franchement moche, trop fort, trop aigu, trop essoufflé ; mais à mes oreilles il sonnait comme une pure merveille. J'aimais te faire rire, ça me donnait l'impression de te rendre heureuse. Tu sais, je ne suis pas bête, je savais bien qu'il y avait quelque chose de pas bien en toi, un truc tout noir.  Mais pourquoi tu ne m'as pas dit que ton beau-père t'invitait dans son lit ? J'aurais pu t'aider, ou au moins être là. Tu sais, je t'aimais même quand t'étais triste. Je t'aimais en sombre. Je t'aimais tout court. Mais tu ne t'aimais pas assez pour l'accepter.

Tu te souviens quand on se perchait dans les arbres ? On regardait les gens passer, tes doigts courraient sur ma peau et je déposais des baiser dans le creux de ton cou.

Ils ont coupé notre arbre et tu dors plus bas que ses racines.

Je n'en reviens pas que tu l'ais choisie elle et pas moi. Pourquoi es-tu allée te blottir dans la mort quand tu pouvais te blottir dans mes bras ?

Je ne comprends pas. T'es toujours là tu sais, tout le temps, partout.

J'ai ramassé le dessin et je l'ai mis dans ma poche pour me rappeler que je ne t'oublies pas. Pour que la prochaine fois que je croise ton fantôme, je ne crois pas que c'est toi.

Parce que tu n'es plus là, je suis seul avec ce dessin et je pense à cette jeune fille perchée sur un arbre, dont j'entends encore le rire parfois, comme un écho de bonheur.

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