Première Partie. -Nouveau départ

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Cette époque est aujourd'hui temporellement lointaine.  

J'ai aujourd'hui fêté mes dix-sept ans, et à vrai dire, lorsque je fais le "bilan" de cette année, il n'y a pas grand chose de neuf à ajouter.  D'ailleurs, il n'y a jamais eu rien de spécial à dire les autres années non plus.  Voilà, ma vie se résumait assez facilement; ma vie, c'était le néant, le vide intersidéral!  En ce jour, je me sentais alors nostalgique.  Quand j'ai eu terminé de m'apitoyer sur mon propre sort, je me suis sentie coupable, et égoïste...  J'aurais dû me sentir reconaissante de ce que la vie m'avait offert (c'est-à-dire la Vie et rien d'autre).  Je sentais qu'il était enfin temps de faire bouger les choses.  Je ne pouvais plus rester lasse, à regarder la vie passer sous mes yeux, sans même être actrice de la mienne.  Je me devais de réagir, au nom de ceux qui n'ont pas la 'chance' d'en profiter.  Après tout, je devais même me sentir 'privilégiée' je n'avais sans doute pas à me plaindre me diriez-vous; mes parents étaient encore mariés, pas comme plus de la moitié du lycée, nous avions un revenus plutôt aisé, nous vivions pas mal, je dois l'avouer, nous avions une grande propriété, je ne manquais matériellement de rien, j'avais un grand frère génial et une petite soeur en or,...  Mais malgré ce bonheur superficiel, tout réel bonheur de ma vie était éphémère.  Je ne parlais pas de bonheur, je parlais d'instants de gaieté.  En dehors de ces quelques richesses matérielles, je n'avais pas d'amis sur qui réellement compter.  Oui, il y a des personnes avec qui je traîne, je ne suis pas toute seule, mais je n'ai personne à appeler quand j'ai le cafard.  D'accord, ça n'arrive pas souvent non plus, parce que pour avoir le cafard, il faut avoir une vie, des problèmes, et je n'en ai pas, mais le simple fait de penser à cela me rend triste, et dans ces moments là, je voudrais tellement avoir quelqu'un à qui parler, à qui me confier.  Cette amitié n'est jamais parvenue, parce que je n'ai jamais sû faire confiance à qui que ce soit.  

J'étais le genre de fille qu'on ne remarque pas, à qui on ne pose pas de problèmes et pourtant, qu'est-ce que j'aurais aimé en avoir!  Me sentir vivante!  Me sentir faible et puis forte à la fois.  Sentir que j'existe aux yeux de quelqu'un, même si c'est d'une mauvaise manière.  Alors je dessine.  Je m'évade.  Je me dessine la vie que je n'ai jamais eue, celle dont je rêve; pleine de couleurs, de visages heureux... Et puis je griffone tous ces visages pour les assombrir, et là, c'est ma vie qui se présente sous mon regard.  La seule expérience humaine que j'avais eue s'est achevée dans un accident que je ne me suis jamais pardonnée.  Je ne pouvais plus me regarder en face.  Je ne pouvais concevoir que sa vie lui a été prise, sa vie si remplie d'amour, de joie, d'expériences, alors que la mienne a été épargnée, alors que je n'avais rien à perdre.  Parfois, je me demande si ça n'aurait pas été mieux que ce soit moi qui y sois restée.  Quand cette idée refait surface, il n'y a qu'une seule chose qui apaise mon esprit.  Je ferme les yeux, je m'envole, je me sens légère, je me sens vivante, je me sens vulnérable puis invicible, je sens les battements de mon coeur se rapporcher, et là, je sens mon sang couler, m'extirpant alors de cet terrifiante jouissance.

Peut-être ma vie allait-elle enfin avoir un sens?  Je dessinais pour vivre, et je vivais pour dessiner depuis trop longtemps.  J'en avais oublié ma vraie vie.  Ce qui se passait en dehors.  On peut être riche intellectuellement, mais si on n'a personne avec qui partager son quotidien, avec qui parler, le jeu n'en vaut pas la chandelle.  Chaque petit exploit individuel n'avait pas l'air réel tant qu'il n'était pas partagé.  On peut réussir tout ce que l'on veut, si personne n'est là pour le voir, c'est comme si rien ne s'était passé. C'est donc comme je le disais, ma vie ressemblait comme deux gouttes d'eau au néant.  

Mon destin, -Si je puis oser l'appeller comme celà- allait enfin changer.  J'étais décidée.  Demain commence une nouvelle ère.  Pour le meilleur ou pour le pire, Léonie débarquait!  Et je n'avais pas l'intention que quiconque, m'empêche d'être moi-même.  

ExpressiveWhere stories live. Discover now