- Connaissance

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Ma raison me disait 'Hé ma cocotte, t'as donné dans ce genre de mec, n'y retourne pas'  tandis que mon coeur, lui, me disait 'Tous les mecs ne sont pas les mêmes, et si lui parler peut te faire du bien, alors vas-y'.  Après tout, il n'y a rien de mal à parler à une personne, quelle qu'elle soit.  Lui adresser la parole une fois ne m'engageait à rien, à ce que je sâche!  Alors Léonie, suis ton instinct!

Il me regarda fixement avant de me répondre.  Comme si ma question n'avait aucun sens...  Un peu comme si il pensait que je me ficherais de la réponse.  

-"Ouais...  Enfin non.  Mes parents partent travailler à l'étranger, et comme je ne pouvais pas les suivre en Angleterre, je suis venu ici en internat. "

-"Ah et pourquoi tu ne pouvais pas?"

-"Là-bas comme ici, j'aurais toujours été seul, et j'aurais été en internat aussi... Alors autant venir ici et rentrer à la maison le week-end!"

-"Ah ok, alors t'es tout seul chez toi..?"

-"Ouais.  Ma tante vient de temps en temps...  Faire le ménage...  Enfin ce genre de trucs."

Les élèves du cours de sport arrivèrent alors, coupant net notre discussion.  Pendant tout le cours de sport, je sentais son regard sur moi, je ne savais pas si ça me mettais mal à l'aise, mais ça me donnait quelques petits frissons.... à l'intérieur du ventre, vous voyez le délire?   Un peu comme la première fois que quelqu'un -d'autre que quelqu'un de votre famille- vous attrape la main....  Ce genre de "gêne" quoi...   

 Les jours se suivirent, la semaine s'achevait, et je n'ai plus parlé à Gaspard.  Quelques regards, mais rien de plus. 

Le vendredi soir, je décida de ne rien faire, absolument rien de ma soirée.  JUSTE, me mettre en mode déchet dans mon lit, à regarder un film bien culcul la praline....  Juste pour plus penser à rien.  Donc, comme je disais, j'allume mon ordinateur, tcheck un peu facebook avant de lancer le film, et là, je me suis mise à sourire, comme une débile....  

Il n'avait suffit que d'une invitation pour me faire penser à lui tout le week-end.  Bien entendu, je confirma cette demande assez rapidement.  J'avais envie de lui faire un message.... Mais pour dire quoi?  "Hé salut!"?  Non, je vais pas faire ça...  En plus, peut-être qu'il rajoute juste tous les gens de l'école...  Histoire de.  Bref, quelques minutes passèrent, et là, je reçois 3sms d'un coup, et un appel.  Je décrocha.

- "C'est quoi ça?"

- "Hum, de quoi quoi ça?"

- "Essaie pas de m'embrouiller! CAAAAA"

- "Cha, t'es complètement dingue comme fille, tu le sais ça?"

- " Et quoi, on drague les petits nouveaux maintenant? "

- " Mais t'es b...  Ah ouais mais non laisse tomber, il m'a juste ajoutée..."

- "Eh ben, tu ne m'avais rien dit, cachotière"

- " Logical chou, ça s'est passé y'a 10 minutes! "

- "Aaaaaah bon je te laisse petit coeur, j'ai un double appel, je viens chez toi demain et on parle de tout ça !"

- "Ouais.... Non ne[.....................]"

Bon trop  tard pour lui dire que j'étais pas là demain ou trouver une excuse, elle avait raccroché.  Bon tant pis, ça me fera un peu de compagnie.  J'en étais où moi déjà?   Ah oui, bon, j'ouvre mes sms.  Tiens tiens, Al est aussi acharnée que Cha ce coup-ci !  Je lui répondrais plus tard, continuons.  Antoine?  Bon, lui, je ne lis même pas.  Ethan?  Qu'est-ce qu'il me voulait?  Ah oui, j'ai pas mentionné, mais après l'avoir interrompu dans sa lancée l'autre jour, il avait baissé les yeux à chaque fois que je l'ai croisé.... Plus un "bonjour", rien.  J'ouvris tout de même son message, malgré la colère que j'avais contre lui. 

        " Salut Léo, je suis désolée pour cette semaine...  J'ai agit comme un débile, je sais pas ce qu'il m'a pris...  On pourrait se voir en dehors des cours?  Ce week-end?  Ce mercredi après les cours?  Quand tu veux, j'ai besoin de te parler... " 

Je fais quoi?  Je répond quoi?  Hmmmm...  Bon, c'est quand même mon meilleur ami...  Je peux pas lui faire la tête..  Vous comprendrez bien vite que c'est mon chouchou, je résiste pas...  Je sais pas rester en froid avec.

        "Ok, mercredi 14h chez Maggi's si ça te va."  (J'avais mis un point (.) pour qu'il se rende un peu compte que j'étais pas très très contente..  

Par une manipulation un peu trop brusque et rapide de ma part, le message d'Antoine s'était ouvert sous mes yeux.  Je le lis.... Ensuite je me dis.... Quel con, il a rien compris. 

Bref, je me fous alors dans mon lit en pensant passer une soirée tranquillou, sans compter sur les appels skype d'Alice et Cha qui interrompaient mon film.  

Le lendemain matin (oui, parce que le samedi, le matin dure jusque midi), je descends les escaliers, encore à moitié endormie.  Je sors un bol, y verse des céréales, et démarre la radio.  Maman avait laissé un message sur la brique de lait, c'est comme cela qu'on communique le mieux ces temps-ci, me disant qu'elle partait faire du shopping avec ses copines...  Et puis je me suis rendue compte que je n'avais plus vu mon père depuis pas mal de temps...  Si je ne me trompe pas, ça doit faire à peu près une semaine, voire un peu plus...  C'est vrai qu'il part souvent à l'étranger, mais là, je n'ai pas été mise au courant....  Bon je poserais la question plus tard, quand je croiserais ma mère.   Il est temps pour moi de me bouger un peu.  Une fois quelques céréales englouties, je verse le reste dans l'évier (Oui, pas bien manger au ptit déj, c'est mal) et me précipite dans ma chambre, enfile mon top et mon short et attrape mes écouteurs et mon téléphone au passage.  Il était grand temps que je me remette à courir.  

En chemin, je faisais le vide dans ma tête.  Quand soudain, l'envie me pris....  Je m'apprêtais à faire quelque chose que je n'ai plus fait depuis très longtemps...  Mes pas me guidaient, c'était presque plus fort que moi.  Je me suis alors retrouvée sur ce chemin.  La nostalgie repris, et j'eus comme une bouffée d'air chaud, et mes larmes remontaient tout doucement sans couler.  J'en avais, pensais-je assez versées pour ça.  Mais en regardant ce paysage qui n'avait pas changé, devant moi, je ne pouvais que remémorer tout ce qui a pu s'y passer.  Je m'arrêtais alors que je n'étais qu'à trois ou quatre kilomètres de chez moi.  Je m'assis alors là où nous avions l'habitude de nous installer. Je mis ma main là où étais sa place.  Je respira un grand coup, et une larme se mis à couler le long de ma joue droite.  Je saisis ma main pour l'arrêter.  Depuis le 23 mai, il y a quelques années, je n'avais plus mis les pieds ici.  Tout ce qui était face à moi me faisait penser à lui, à eux.  Enfin... Je ne devrais pas rester là.  Je me redressa alors, et écourta quelque peu ma promenade.  

J'arriva à la maison le souffle court.  Je n'étais pas fatiguée, mais mon estomac était tordu de toutes les émotions qui m'avaient parcourues pendant ces 50 minutes.   Mais étrangement, cela m'avait fait du bien.  Il était peut-être même temps que j'y aille..  Il me fallait surmonter ce quelque chose qui git tellement bas maintenant, quelque chose qui est si loin..  Car la vie est ailleure, et que le mal ne peut s'emplifier d'avantage.  Je me promis d'y retourner dès que j'en aurais l'occasion.  Afin de chasser ces souvenirs.  

La vie reprend son train.

Et son sourire s'éteindra.

ExpressiveWhere stories live. Discover now