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Min Yoongi.
Min Yoongi.
Ce nom m'avait toujours paru étrange.
Ce nom m'avait toujours fait ressentir quelque chose de particulier et d'indescriptible.
Ce nom m'avait toujours laissé curieuse, confuse et le plus souvent pensive.
Ce nom était unique et n'aurait pas pu correspondre à tout le monde.
Ce nom soulevait à chaque fois un ensemble de questions sans réponses.
Ce nom sonnait à mon oreille comme une note de musique censée mettre fin à une mélodie supposée ne jamais s'arrêter.
Oui, ce nom était étrange. Presque aussi étrange que celui qui le portait.
Je revenais de l'école lorsque je l'avais vu pour la première fois.
J'avais reçu un message de ma sœur me demandant de passer au Family Mart, la supérette du quartier, lui prendre des boîtes de rāmen et une bouteille de lait. Malgré mon envie pressante de retrouver mon lit et le froid qui s'emparait rapidement de mon corps, j'avais céder à sa requête et m'était rendue au magasin. J'avais salué poliment Mme Watanabe, la gérante de la supérette, et m'était dirigée vers les différents rayons à la recherche du rāmen et du lait. J'en avais profité pour prendre quelques snacks, une canette de soda et des serviettes hygiéniques lorsque je l'avais vu.
Lui.
Min Yoongi.
Il était tranquillement et confortablement assis dans l'une des allées -celle où se trouvait les serviettes et les tampons- avec un petit carnet noir posé sur ses cuisses et des écouteurs dans les oreilles. Il avait doucement relevé la tête de son carnet et m'avait regardé. J'avais essayé de ne pas faire attention à lui et m'étais mise à chercher ce dont j'avais besoin.
Sentant toujours son regard sur moi, je m'étais tournée dans sa direction et l'avait salué d'un mouvement de tête. Un mouvement de tête auquel il n'avait pas répondu et avait plutôt continué de me regarder.Un petit sentiment de gêne et de confusion s'était installé en moi alors que j'avais rapidement saisit les serviettes et était sortis du bâtiment après avoir payer toutes mes courses.
J'avais ouvert la cannette de soda et commencé à la boire comme pour oublier ce qui venait de se passer.
J'étais sur le point de traverser la grande route qui séparait la Family Mart de la cité en face quand j'avais, sans le vouloir, regardé à travers la grande vitre de la supérette.
Il était toujours là. Assis dans la même position. À cet instant, j'avais commencé à l'observer.
Il était pâle. Très pâle et avait un visage ovale. Ses yeux paraissaient noirs et ses sourcils assez épais. Ses cheveux noirs retombaient négligemment sur son front et brillaient légèrement à cause de la lumière au dessus de sa tête. Il portait un grand pull noir, un jean et des chaussures de même couleur. Il ne semblait pas avoir froid et la lumière au dessus de lui -qui renforçait la pâleur de sa peau- lui donnait un air presque irréel.
Bien qu'il était beau, je l'avais trouvé étrange.
Étrange pour deux raisons.
La première était qu'il semblait ne pas être... vivant. Il était droit, ne bougeait pas. Je n'apercevais même pas sa poitrine se soulever et s'abaisser, signe pour moi qu'il respirait. Il avait l'air ailleurs.
La deuxième était qu'il continuait de me regarder. Son regard était posé sur moi avec cette expression lointaine me donnant l'impression qu'il me regardait mais ne le faisait pas en même temps.
Moi aussi, je l'avais regardé.
Moi aussi, j'avais essayé de soutenir son regard autant que possible.
Mais je n'y étais pas arrivé car son regard à lui avait quelque chose de particulier, quelque chose que je n'avais jamais vu chez d'autres personnes et que je ne verrai sûrement jamais chez d'autres personnes. Alors j'avais froncé les sourcils, perplexe.
Ce froncement de sourcils se renforça lorsque après avoir finalement traversé la route, je l'avais aperçu, toujours entrain de me regarder.
Depuis ce jour, il n'avait pas arrêter.
À chaque fois que j'allais à la supérette et qu'il était présent, à chaque fois que je m'apprêtais à traverser la route et à chaque fois que j'avais traversé la route, il me regardait.
Lorsqu'il a été transféré cette année là dans notre lycée et plus précisément dans ma classe, j'étais décidée à lui parler, lui demander la raison pour laquelle il me regardait ainsi et, -qu'importait cette raison- lui demander d'arrêter.
Mais je ne l'ai pas fait.
Pourquoi?
Eh bien, je me suis rendu compte au fil du temps, qu'il était la note de musique censée mettre fin à une mélodie qui ne s'arrêtera jamais.