Et peu à peu,
les deux démons se rapprochaient.Peu à peu,
les deux démons arrivaient à s'entendre et se comprendre sans qu'aucun mot ne soit prononcé,
sans qu'aucune voix ne soit entendue,
et sans qu'aucun oeil ne les aperçoive.Ils avaient réussi à se créer leur propre univers.
Univers dans lequel il n'existait pas de carnet noir,
univers dans lequel ils n'existaient pas,
univers dans lequel il n'existait qu'eux.Cet univers,
où il n'existait qu'eux,
devait probablement être l'enfer.Car après tout, quelle meilleure place pour des démons que l'enfer ?
Et ça ne les dérangeait pas le moindre du monde.
Cet enfer où ils se trouvaient n'était pas l'enfer à proprement parlé.
Cet enfer n'était pas celui dont on entendait parler que ce soit dans la Bible, dans les Églises ou de la bouche de ces gens qui essayaient constamment de se persuader qu'ils n'iront jamais là-bas.
Cet enfer n'était pas cet endroit où une multitude d'âmes se retrouvaient parce qu'elles n'avaient pas suivi la volonté de Dieu.Parce que si cet univers était comme cet enfer,
ils ne seraient pas heureux,
ils ne se sentiraient pas comme ils se sentaient en ce moment,
lorsque leurs regards s'étaient croisés.Ils ne savaient pas ce qu'ils ressentaient,
mais ce n'était sûrement pas de la douleur, du regret ou de l'effroi.Peut-être qu'ils avaient peur, oui,
mais ils avaient seulement peur qu'on les voit et qu'on les entende.Car ce qu'ils se disaient pendant ces longs regards, ne devaient pas être entendu.
Ni par le carnet noir,
ni par eux.Car ils savaient tous deux qu'ils ne pourraient plus se regarder,
ils savaient tous deux qu'ils ne pourrait plus aller en enfer.Donc ils avaient essayer de ne plus se regarder,
du moins, de ne plus trop se regarder.Ils ne voulaient pas qu'on leur arrache leur enfer.
C'était dur.
Surtout pour lui,
surtout pour elle.Car elle venait de comprendre.
Elle comprenait maintenant pourquoi il ne semblait presque jamais s'arrêter de la regarder.
Elle comprenait et elle regrettait de n'avoir pas compris plus tôt.
Car entre ces longs regards,
ils souriaient, ils riaient et ils se partageaient leurs peines.Entre ces longs regards,
ils se sentaient vivants,
ils se sentaient éternels.Et ils avaient besoin de cette éternité.
Mais c'était trop tard,
on les avait vu.