Chapitre I : Be strong!

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- Ton réveil sonne dans deux minutes, je crois que le moment est venu de se dire au revoir, dit Eddy avec une mine triste.
- Oui tu as raison. J'étais vraiment contente de te voir, ça m'a fait du bien de parler à la seule personne qui me comprend.
- Ne t'inquiète pas, un autre jour commence.
- Et d'autres ennuis arrivent également.
- Vois les choses plus positivement! Dit-il avec un sourire.

Son sourire est contagieux, je ne peux m'empêcher de lui sourire quand je le vois sourire. C'est comme si le bonheur touchait mes lèvres sans m'atteindre totalement. Je suis un peu triste de quitter Eddy, mais j'ai passé une nuit merveilleuse alors je ne peux pas me morfondre. Nous nous sommes promenés dans une prairie fleurie en parlant de tout et de rien, profitant juste de ce moment à nous que nous offre la nuit. Je le prends dans mes bras, sa main frotte mon dos comme pour m'encourager à affronter cette journée. Je prends un peu de courage grâce à cette accolade et je me réveille. Je pars me préparer comme tous les matins et je pars en cours. J'arrive au lycée toujours un peu en avance pour rentrer au plus vite dans la salle et éviter de tenter mes camarades de classe à me persécuter. Toutes mes journées sont comme ça, il s'agit de ne rien faire pour aggraver la situation. Eviter mes camarades de classe est devenu mon quotidien.

Les cours de la matinée passent, toujours avec les mêmes regards méprisants de la part de mes anciennes "amies". Je me rends au réfectoire afin de manger. Une fois mon plateau repas prit, je cherche une table plutôt tranquille pour déjeuner. En plein élan pour aller vers la table qui me convient je sens quelque chose qui me barre la route, je perds l'équilibre et je me retrouve par terre, allongée sur mon plateau repas. J'entends tout le monde rire, et une voix me dire : " Oups, je n'ai pas fait exprès. Qu'est-ce que je peux être maladroite." avant de rire encore plus. Je ne sais plus quoi faire, tout le monde me regarde. Je me relève difficilement. Mon pull est couvert de sauce tomate. Mes joues sont humidifiées par mes larmes. Je ne devrais pas pleurer... Arrête de pleurer...! Je ne peux pas m'en empêcher, je me sens tellement humiliée. La fille qui m'a parlée me lance un regard de défi, comme pour me dire :" Tu vas faire quoi maintenant?". Cette fille c'est Alex, une fille pour qui j'avais beaucoup d'affection avant. Et aujourd'hui elle me regarde me briser petit à petit en souriant. Est-ce que je le mérite vraiment? Leurs regards me sont insupportables, je cours en direction de la sortie du réfectoire. Je cours, sans savoir vraiment où je vais. Je trouve un endroit plutôt calme, au fond de la cours de récréation il y a un arbre assez grand, je me réfugie derrière. Je pleure et je suis couverte de nourriture, quel schéma magnifique!

- Tu pleures parce que tu ne sais pas manger?

Je lève les yeux vers la personne qui m'a dit ça. Il s'agit d'un homme aux cheveux d'un brun si foncé qu'ils paraissent noirs, on dirait qu'il ne prend pas de temps pour se coiffer le matin bien que ça lui donne un style loin d'être ridicule, ça lui donne des airs de rockeur. Il a les yeux d'un gris très froid. Il doit mesurer un mètre quatre-vingt environ.
Il regarde mon pull d'un air amusé.

- Laisse tomber, je suis juste venu fumer ma clope, tant que tu ne me dénonces pas ça ira pour toi.

Je ne sais pas du tout qui est cette personne nonchalante, je ne l'ai jamais vu dans ce lycée. Il se met accroupi dos à moi et fume sa cigarette en frôlant de ses doigt l'herbe dans laquelle je suis assise. Je me lève et je m'en vais, j'ai assez eu de problèmes aujourd'hui. Je n'ai pas envie qu'en plus on m'accuse de fumer dans la cour, ce qui est interdit. Je passe aux toilettes, j'essaye d'enlever la sauce tomate avec de l'eau. Finalement j'enlève mon pull alors qu'il fait froid. Je suis en t-shirt alors que tout le monde porte des pulls bien chauds, mais je n'ai pas vraiment le choix. La sonnerie retentit, je retourne en classe. J'essaie de me concentrer un maximum, mais j'ai du mal, j'ai beaucoup trop froid. Je tremble. Alex se retourne vers moi et me pointe du doigt, je ne peux pas entendre ce qu'elle me dit à cause de la distance qui nous sépare mais j'imagine bien qu'elle se réjouit de l'inconfort dans lequel je suis. Soudain la porte s'ouvre, c'est le directeur du lycée, et il est avec le garçon de tout à l'heure.

- Bonjour, voici le nouvel élève de la classe, il a été transféré dans ce lycée et participera aux cours avec vous.

Le directeur quitte la salle tandis que le professeur lui demande de se présenter.

- Salut, je m'appelle Archie Anderson.

Il dit ça d'un air tellement détaché, on dirait bien qu'il se fiche complètement d'être dans cette école. Moi je serais heureuse de changer de lycée pour tout recommencer, mais il m'est impossible d'expliquer à ma mère pourquoi je veux changer de lycée, elle s'en mêlerait et ça serait encore pire. En plus je suis sûre qu'elle ne voudrait pas me changer de lycée, donc je serais encore plus persécutée.
Archie se met à la table derrière moi qui est généralement vide. Le cours recommence, certaines filles regardent le nouvel élève en bavant, elles lui font des yeux de biche mais Archie se penche sur sa table pour dormir. Peut-être qu'on va m'oublier avec ce nouvel élève... J'ai parlé trop vite, j'entend à nouveau des critiques sur moi. "Encore un qu'elle va allumer...". Le mot "allumeuse" me tourne dans la tête si bien que je n'arrive plus à écouter ce qui se passe autour de moi. Comment peut-on dire ça, je sais que je ne suis pas comme ça... Ce n'est pas moi ça... "Cette fille me dégoûte vraiment, comment fait-elle pour vivre encore? Elle ne mérite pas la vie.". L'effet de cet phrase est encore pire que sa cruauté. Je sens que tout bouge autour de moi, mes larmes coulent sans que je ne puisse rien faire, j'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi et que je me brise en mille morceaux. Je cours, encore, essayant de fuir cette vie cauchemardesque. Je sais que fuir ne changera rien, mais je ne peux pas faire autrement. En quittant la salle j'entends des filles pouffer de rire. Ne te montre pas faible...

Find me in your dreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant